Cybersexisme en pleine guerre
«Ukrainian girl», le terme qui a la cote sur les sites porno

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, les mots clés comme «Ukrainian porn» ou «Ukrainian girls» sont très recherchés sur Google et sur divers sites pornographiques. Le compte Instagram StopFisha dénonce.
Publié: 03.03.2022 à 16:15 heures
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Dernière mise à jour: 03.03.2022 à 17:08 heures
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Cela fait maintenant près d’une semaine que le monde se demande si on ne va pas entrer dans une troisième guerre mondiale. L’invasion russe en Ukraine a obligé le peuple à prendre la fuite ou se cacher. Et comme si cela n’était pas suffisant, les Ukrainiennes font désormais l’objet de fantasmes sordides sur la Toile.

Recherches louches

«Ukraine», «Ukrainian» ou encore «Ukrainian girls» font partie des termes les plus recherchés sur diverses plateformes de films X comme le géant américain PornHub. Une tendance pour le moins glauque qui a été récemment dénoncée par l’association féministe StopFisha sur Instagram.

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Mais ce n’est pas tout. Google Trend enregistre une multiplication de mots-clé qui font froid dans le dos: «Ukrainian porn», «War Porn» ou «Refugee porn», pour n’en citer que quelques-uns, se sont installés dans les top tendances des recherches depuis que la guerre a commencé.

Pas seulement sur les sites porno: Google Trend enregistre une multiplication de mots-clé qui font froid dans le dos: «Ukrainian porn», «War Porn» ou «Refugee porn», pour n’en citer que quelques-uns, se sont installés dans les top tendances des recherches depuis que la guerre a commencé.
Photo: shutterstock

Mais alors, pourquoi la détresse des Ukrainiennes suscite-elle l'excitation? Dans son livre «Le Viol» publié en 1976, la journaliste américaine Susan Brownmiller arguait déjà que le porno était fortement lié aux violences sexuelles, permettant ainsi de maintenir les femmes dans un état de soumission perpétuel: «Le mépris des femmes est au cœur de la pornographie contemporaine.» Selon l'autrice, l'industrie pornographique mainstream serait un moyen de minimiser voir de justifier des violences sexistes et misogynes. Un constat qui semble encore au goût du jour.

Soldats russes sur Tinder

En parallèle à l’invasion en Ukraine, des soldats russes se sont également essayés à des opérations séduction sur l’application de rencontre Tinder. Contactée par le média britannique «The Sun», Dasha Synelnikova, une Ukrainienne de 33 ans, a raconté avoir été pour le moins stupéfaite lorsqu’elle a constaté le nombre profil d’hommes armés et en uniforme présents sur l’app.

La trentenaire confie avoir été choquée de voir à quel point ces soldats se montraient détachés, alors même que la terreur régnait sur son pays.

Avant la guerre, le Covid

Ce n’est pas la première fois qu’une actualité violente est utilisée à des fins érotiques. Alors que le Covid-19 débarquait en Occident début 2020, plusieurs sites pornographiques ont fait leur beurre sur la pandémie. Ainsi, la mention «coronavirus» a connu son heure de gloire sur les plateformes X.

Côté contenu, la tendance était aux vidéos amateurs montrant des jeunes femmes d’origine asiatique portant un masque, une combinaison Hazmat ou simplement une tenue d’infirmière.

Pour Éric Falardeau, écrivain et réalisateur canadien, l'attrait érotique qu'a suscité la pandémie n'est pas si surprenant que cela: «Une des forces du porno, c’est justement de réagir à l’actualité, explique l'expert au quotidien québécois «Le Devoir». Mais c’est aussi le problème: comme on doit produire beaucoup de contenu pour alimenter la machine, on ne réfléchit pas toujours à la façon de penser la sexualité, de la représenter.»

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