Attaques d'orques et baleines
«Abysses», la série qui a anticipé les attaques d’orques

Voilà plusieurs semaines que les médias relaient des attaques d’orques contre des bateaux. Un phénomène sur lequel les scientifiques ne s’accordent pas mais qu’une série écolo-catastrophe, «Abysses», a parfaitement anticipé.
Publié: 29.06.2023 à 20:57 heures
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Margaux BaralonJournaliste Blick

Des orques qui s’approchent des bâteaux, les encerclent puis… les percutent. Les images sont récurrentes depuis plusieurs semaines. Le 22 mai dernier, alors qu’il se trouvait au large du cap Trafalgar, dans l’océan Atlantique au sud de l’Espagne, le skipper français Sébastien Destremau a passé 55 minutes «sous les coups de boutoir» des cétacés noir et blanc.

Le 30 mai, un trimaran au large du Portugal a perdu son safran, détruit par des orques, et dû être remorqué jusqu’au rivage. Même chose un mois plus tard, le 22 juin, durant une course à voile par étapes dans la même zone: les mammifères ont frappé coques et safrans. Et les orques agressives ont même semblé étendre leur territoire, puisque l’attaque d’un yacht a été signalée le 19 juin près de la Norvège.

S’agit-il d’un jeu ou d’un comportement désespéré, voire traumatique, provoqué par l’envahissement du territoire des animaux marins qui ne parviennent plus à se nourrir et sont régulièrement victimes de collisions avec les bateaux? Les scientifiques ne s’accordent pas. Mais le sujet, propice à toutes les spéculations, semble avoir été anticipé… par une série.

Coproduction internationale entre la France, l'Italie et l'Allemagne, la série «Abysses» imagine un monde dans lequel le monde marin se rebiffe. Prémonitoire?
Photo: Play Suisse

Homards infectés et baleines vengeresses

Disponible sur PlaySuisse, «Abysses» n’est pas un remake du film «The Abyss» de James Cameron, mais l’adaptation d’un best-seller allemand, «Der Schwarm», publié en 2004 par Frank Schätzing. L’histoire se déroule dans plusieurs endroits du monde: la côte canadienne près de Vancouver, une ville côtière du sud de la France, un laboratoire en Allemagne, mais aussi au Japon et en Norvège.

Partout, des événements étranges se produisent. Un homard pêché pour le compte d’un grand restaurant infecte toutes les personnes qui le touchent, puis le réseau d’eau potable d’une ville entière. Un bateau coule sans raison. Des villages sud-africains sont envahis par les crabes. Et, donc, les mammifères marins se rebellent. Des baleines se jettent sur les bateaux de touristes venus les observer et les orques attaquent directement les passagers tombés à l’eau.

Un groupe disparate de scientifiques tente alors de comprendre l’origine du problème. Les animaux sont-ils devenus fous? Un organisme aurait-il réussi à prendre le contrôle de leurs mouvements? La nature est-elle en train de se venger et l’histoire biblique des plaies d’Égypte se répète-t-elle?

Des «Dents de la mer» écolo

Large coproduction internationale entre la France, l’Italie et l’Allemagne, «Abysses» est supervisée par Frank Doelger, l’un des artisans de «Game of Thrones». Et elle a le grand mérite de très bien employer les moyens qui lui sont donnés: les épisodes réservent de grands moments de tension façon «Dents de la mer» et de belles séquences au large, avec des effets spéciaux à la hauteur.

Les personnages sont très nombreux et l’écriture suffisamment habile pour bien situer chacun d’entre eux dès le début, ce qui est ensuite indispensable pour s’investir dans leurs (més)aventures. La coproduction internationale induit parfois quelques bizarreries (l’actrice Cécile de France, dans la blouse d’une scientifique française, parle quasiment toujours anglais, y compris à ses enfants) mais les huit épisodes s’engloutissent sans ennui.

Il ressort de l’ensemble un lourd sentiment d’urgence. Et sans surprise, il n’y aura sûrement pas là de quoi calmer l’éco-anxiété des personnes sensibles à la catastrophe écologique en cours. Mais «Abysses» est aussi une série poétique et émouvante, particulièrement dans ses derniers épisodes. Le thriller apocalyptique se mue alors en ode minimaliste à la transmission et la communication qui, sans atteindre sa fulgurance, rappelle grandement l’autre «Abyss» de James Cameron.

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