La pandémie silencieuse sévit l'Europe
Ce principe actif devrait détruire les germes résistants aux antibios

La résistance aux antibiotiques se propage de plus en plus rapidement. Des scientifiques chinois ont étudié des substances alternatives qui permettraient de surmonter ces difficultés. Un produit s'est révélé particulièrement convaincant.
Publié: 10.04.2024 à 17:46 heures
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Fabienne Maag

Les antibiotiques sont des médicaments qui traitent efficacement les maladies infectieuses d'origine bactérienne. En Suisse, il est beaucoup trop facile de se procurer des antibiotiques, parfois même sans ordonnance.

Les comprimés contre le mal de gorge, que l'on peut facilement acheter en pharmacie, contiennent non seulement des analgésiques, mais aussi des antibiotiques. En raison de l'augmentation de l'apport, des résistances se forment et se multiplient. Après une opération, par exemple, des infections peuvent se développer et les médecins ne peuvent plus les combattre. Dans le pire des cas, l'issue est fatale.

De manière générale, la résistance aux antibiotiques est un problème majeur. Comme l'écrit le portail allemand de la santé, ce type de médicament est prescrit trop souvent et trop rapidement. Et chez les animaux, les antibiotiques sont administrés à titre préventif pour stimuler les performances. Les résistances sont donc programmées.

Les antibiotiques sont prescrits beaucoup trop rapidement et beaucoup trop souvent, ce qui entraîne le développement de plus en plus de résistances chez les hommes et les animaux. (Image symbolique)
Photo: Shutterstock
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Un besoin d'innovation!

Mais l'heure presse. La santé publique est victime de cette pandémie silencieuse qui sévit toujours plus en Europe. Et il faut trouver des alternatives innovantes. L'une d'entre elles pourrait être les lipopeptides fluorés, qui viennent d'être présentés par une équipe de scientifiques chinois.

L'équipe de Yiyun Cheng de l'East China Normal University de Shanghai s'est inspirée des microbes eux-mêmes. Les microbes sont des êtres vivants minuscules, généralement unicellulaires. Ils font partie des lipoprotéines, de petites molécules de protéines avec des chaînes d'acides gras qui repoussent l'eau et les graisses.

Succès contre les bactéries les plus dangereuses

Certaines lipoprotéines sont déjà autorisées comme substances actives. Leurs propriétés hydrophobes et lipophobes les rendent particulièrement aptes à s'accrocher à la membrane bactérienne des envahisseurs nocifs et à les détruire.

Mais pour l'équipe de chercheurs, cela ne suffit pas. Ils veulent renforcer cet effet par ce qu'ils appellent la fluoration. Ils souhaitent remplacer les atomes d'hydrogène dans les chaînes lipidiques par des atomes de fluor. Ceux-ci renforcent l'effet hydrofuge et anti-graisse, ainsi que la liaison à la membrane des envahisseurs nocifs dans notre corps et leur destruction.

Pour tester leur efficacité, l'équipe de chercheurs de Shanghai a utilisé les nouveaux lipopeptides fluorés contre le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM). Il s'agit d'une espèce bactérienne particulièrement dangereuse, qui résiste à presque tous les antibiotiques. Mais pas aux lipopeptides fluorés. Les découvertes de l'équipe de recherche fournissent de nouvelles pistes pour le développement de substances actives contre les infections bactériennes multirésistantes.

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