Yacine Nemra après la grève féministe
«Un néonazi a jeté une canette pleine au visage d'une femme»

Le comédien, humoriste et animateur radio Yacine Nemra était présent à l'esplanade de Montbenon, à Lausanne, quand «plusieurs néonazis» ont agressé des gens après la grève féministe de ce vendredi 14 juin. Le trentenaire livre son témoignage à Blick.
Publié: 16.06.2024 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 16.06.2024 à 10:32 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

La vague violette entachée par la peste brune? Le cortège lausannois de la grève féministe de ce vendredi 14 juin est terminé depuis plusieurs heures quand le comédien, humoriste et animateur radio Yacine Nemra poursuit son élan militant à l’esplanade de Montbenon, peu avant minuit. Soudain, «plusieurs néonazis» agressent au moins deux personnes, souffle à Blick ce samedi la voix bien connue des auditrices et auditeurs de Couleur 3.

Le témoignage de celui qui commentera le match de football Écosse-Suisse de mercredi prochain derrière les micros de «Footaises» vient corroborer un message viral sur les réseaux sociaux. Ce dernier mentionne des faits violents commis par des individus d’extrême droite en marge de la mobilisation annuelle. Nos confrères de «20 Minutes», premiers sur l’affaire, citent notamment de «gros pétards» jetés dans la foule.

Yacine Nemra a tout vu. D’abord, posons le décor. «J’étais à la manifestation puis à l’after devant le Palais de Justice de Montbenon, amorce-t-il. C’était extrêmement chill, très familial, les gens dansaient et s’amusaient. D’un coup, je vois que ça s’agite un peu. Je me tourne et je vois quatre ou cinq néonazis.»

Le comédien, humoriste et animateur radio Yacine Nemra raconte avoir couru jusque chez lui pour ramener de la glace et des anti-inflammatoires à l'une des victimes K.-O au sol.
Photo: Keystone/D.R.
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«Un type a bousculé celui qui a fait le salut nazi mais le néonazi en question lui a ensuite cassé la gueule»
Yacine Nemra, comédien et animateur radio
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Ce qui lui permet d’affirmer avec certitude qu’il s’agissait de «néonazis»? «Ils proféraient des insultes racistes et un a même fait un salut nazi», lance l’artiste. Il rebondit: «Un type a bousculé celui qui a fait le salut nazi. Le néonazi en question lui a ensuite cassé la gueule. Ce même gars a droit derrière jeté une canette pleine au visage d’une femme qui était juste devant lui. Elle s’est retrouvée par terre, avec une immense bosse. Elle a voulu se relever mais est immédiatement retombée.»

Les agresseurs frappent et s’enfuient

Plusieurs personnes, dont Yacine Nemra, se pressent alors autour de la victime au sol. «J’ai couru jusque chez moi pour aller chercher de la glace et des anti-inflammatoires. Quand je suis revenu, il y avait déjà des gens qui avaient tout ça. J’ai juste pu donner un Irfen, j’étais complètement inutile.»

Il ironise: «Je n’ai pas pu faire le sauveur blanc-mec-cisgenre ce jour-là.» Et glisse, plus sérieusement: «Heureusement, j’ai eu des nouvelles par une amie commune et celle qui a été agressée va bien, il n’y a pas eu d’urgence.»

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«Ils sont juste venus pour foutre la merde et casser des gueules»
Yacine Nemra, comédien et animateur radio
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Les SS au petit pied — pour paraphraser Simone Veil — n’auraient quant à eux subi aucune violence en retour, appuie le trentenaire, qui jouera son spectacle «Yacine Nemra est faible» au Théâtre Boulimie l’année prochaine. «La foule les a repoussés en se déplaçant dans leur direction et en chantant: 'Tout le monde déteste les fachos'. Le petit groupe a fui direction Saint-François, est monté dans un bus et a disparu. En gros, ils sont juste venus pour foutre la merde et casser des gueules. C’était des agressions complètement gratuites.»

La police a identifié deux victimes

Dans un communiqué envoyé samedi, la police municipale de Lausanne confirme qu’une manifestante de la grève féministe a été blessée au visage, emmenée au CHUV, et qu’une plainte sera déposée. Les forces de l’ordre indiquent par ailleurs qu’une seconde participante à l’action du 14 juin s’est présentée à l’Hôtel de police pour déposer une plainte, décrivant des douleurs au visage ainsi qu’à une jambe.

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Le collectif de la grève féministe a dénoncé cette attaque, également dans une déclaration écrite: «Nous déplorons ces violences, qui sont symptomatiques de la montée d’un fascisme décomplexé en Suisse, comme ailleurs en Europe. Nous lutterons tant qu’il le faudra contre l’extrême droite et sa haine et ne nous laisserons pas intimider. Nos mobilisations continueront.»

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