Vols de voitures de luxe
Kevin a fait d'autres victimes en Suisse romande!

Jeudi, une victime d'un astucieux vol de voiture de luxe témoignait dans Blick. Nouvelles révélations ce lundi: Kevin, le malfrat, a sévi plusieurs fois en quelques semaines. Décryptage d'un modus operandi bien huilé.
Publié: 15.11.2021 à 14:48 heures
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Dernière mise à jour: 15.11.2021 à 15:18 heures
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Amit JuillardJournaliste Blick

Il n’en était pas à son coup d’essai. Kevin* a volé les véhicules de luxe d’au moins deux autres personnes ces dernières semaines, qui auraient aussi porté plainte, révèle Blick. Selon nos informations, il y aurait au moins cinq victimes.

Comme Pierre Burger, dont nous vous racontions la mésaventure en primeur, lorsque les dépossédés ont retrouvé leur voiture, elle avait déjà été revendue à un concessionnaire de la région — entre Collombey-Muraz (VS) et Lausanne — et ne leur appartenait plus. Plusieurs fois, les faits se sont déroulés dans le Chablais.

Le modus operandi de Kevin est bien huilé. Le vingtenaire repère une Porsche ou un Land Rover en vente sur un site internet tel qu’AutoScout24. Il contacte le propriétaire, en se présentant comme un assureur en costard-cravate qui achète à ses heures perdues des automobiles pour les revendre à des clients fortunés.

«Faille» dans le système

Lors de la première rencontre, Kevin, qui n’hésite pas à dégainer un passeport suisse et un permis de conduire établis par les autorités vaudoises, convainc sa victime de lui laisser sa tire pour aller la présenter à un futur acheteur, qui n’existe évidemment pas. Parfois, il accepte même de signer un contrat avec ses victimes, selon deux témoignages. Inutile de le préciser: il ne le respectera pas.

Puis, Kevin repousse les rendez-vous convenus. Objectif: gagner du temps. Durant ces quelques jours, il profite d’une «faille» dans le système. En Suisse, n’importe qui peut se présenter avec le permis de circulation de quelqu’un d’autre au service des automobiles et le faire annuler. Pas besoin d’une procuration ou d’un quelconque justificatif.

«Je vous rembourserai, promis»

Une fois la carte grise barrée, Kevin s’adresse à une assurance. Celle-ci — c’est la procédure normale — lui procure une attestation pour ledit véhicule. Avec ce document, l'indélicat personnage retourne au service des automobiles. Si la bagnole n’est pas déclarée comme volée dans le système informatique de cette administration et si elle n’est pas en leasing, une nouvelle carte grise est émise, toujours selon la pratique usuelle. Au nom de Kevin.

Il revend alors le véhicule à un garagiste à un prix défiant toute concurrence, qui l’achète a priori de bonne foi et en devient donc propriétaire. Fin du tour de passe-passe. La victime se retrouve ainsi «légalement» dépossédée de son bien, d'après un courrier électronique envoyé par la police à l'une des victimes.

Par au moins deux fois, Kevin a envoyé le même SMS à ses victimes.
Photo: DR
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La suite? Kevin empoche sans doute l’argent. Puis, dans plusieurs cas, il envoie un SMS d’excuses à sa victime — toujours le même, au mot près, rédigé dans un français approximatif et sans ponctuation ni majuscules — pour expliquer qu’on l’a forcé à agir de la sorte, qu’il est endetté jusqu’au cou, qu’il remboursera et pour l’encourager à porter plainte contre lui. Tout en promettant d’aller se dénoncer à la justice.

«No comment» valaisan

Dans trois cas, Kevin a sévi dans le Chablais vaudois et valaisan entre fin octobre et début novembre. Peut-être ailleurs dans les derniers mois. Y a-t-il encore d’autres victimes? Depuis combien de temps frappe-t-il? Le jeune homme est-il connu des services de police? S'est-il rendu à la justice comme promis? A-t-il été entendu ou arrêté? Agit-il seul? A-t-on affaire à une bande organisée?

En fin de semaine dernière, Blick a contacté les polices et les ministères publics des cantons de Vaud, Neuchâtel et du Valais. A cette heure, seul le Ministère public valaisan a répondu laconiquement à notre longue liste de questions: «En raison du secret de fonction et du secret de l’instruction, le Ministère public ne peut pas se prononcer sur d’éventuelles enquêtes en cours». Fin de l’épisode 2.

*Prénom et nom connus de la rédaction

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