Une véritable mine d'or
Migros et Coop revendent les données de leurs clients en toute légalité

Migros et Coop vendent à des entreprises partenaires les données collectées par le biais de leurs cartes de fidélité. Les experts émettent des doutes quant au respect de l'anonymat.
Publié: 01.10.2023 à 22:36 heures
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Jean-Claude Raemy

Depuis des années déjà, Migros et Coop se sont constituées un énorme trésor grâce aux données collectées par le biais de leurs cartes de fidélité, Cumulus et Supercard respectivement. Coop a réuni toutes ces données sur une plateforme interne et centralisée. Migros poursuit le même objectif.

Ces données récoltées permettent d'analyser avec précision le comportement de consommation de la clientèle et d'optimiser ainsi son propre commerce à bien des égards. Avec l'accord des utilisateurs de la carte, bien entendu.

Des données pour les fournisseurs

Mais de nombreux utilisateurs de cartes ne savent probablement pas que leurs données sont également revendues par Migros et Coop. Comme le rapporte la «NZZ am Sonntag», les deux marques vendent des paquets de données à des producteurs suisses et internationaux d'articles de marque, donc à leurs fournisseurs. Ceux-ci peuvent ainsi adapter leur publicité à des groupes cibles spécifiques.

Les données collectées au moyen de la Supercard et de Cumulus sur le comportement d'achat des consommateurs sont activement vendues par Coop et Migros.
Photo: Keystone
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La monétisation des données clients n'a rien de nouveau: les grandes entreprises de technologie ont perfectionné ce procédé depuis longtemps. Toutefois, leurs données se basent sur le comportement de recherche en ligne, alors que les grands détaillants peuvent documenter le comportement d'achat réel. Nous ne savons pas exactement combien ces données leur rapportent. Mais cela doit représenter une somme importante.

L'anonymisation est-elle garantie?

Les données ne sont vendues que sous forme anonyme, assurent les entreprises. Le fait que ces données soient transmises est en outre mentionné dans les conditions générales. Cela suffit selon la loi suisse. Celui qui ne les lit pas ne peut s'en prendre qu'à lui-même.

Lucien Jucker, expert en protection des données auprès de la Protection suisse des consommateurs, émet néanmoins des doutes sur le fait que l'anonymat soit effectivement garanti. Selon lui, des études montrent qu'il est possible de tirer des conclusions sur les personnes si l'on enrichit les données anonymes avec d'autres informations, par exemple à partir d'autres bases de données ou des cookies. Une «protection» existe tout au plus en renonçant à la carte Cumulus ou Supercard. Mais cela entraîne aussi la perte de nombreux avantages pour les clients.

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