Une sergent-major face à l'UDC
«La prière musulmane n'a jamais posé de problème»

La Bernoise Nicole Sejk a été déployée au Kosovo pour la Swisscoy et est sergent-major dans l'armée. Elle trouve que la polémique sur la prière musulmane dans l'armée est hypocrite.
Publié: 07.07.2023 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 07.07.2023 à 10:56 heures
Tobias Ochsenbein

L'image a fait parler d'elle. Des hommes en tenue de camouflage, membres de l'armée suisse, ont prié la semaine dernière en direction de la Mecque. Une première sur le terrain à l'occasion de l'Aïd el-Kébir. C'était la première fois qu'un aumônier de l'armée de confession musulmane déroulait le tapis de prière.

L'UDC n'a pas tardé à faire feu de tout bois sur Twitter: «Et ensuite? Mariages d'enfants, tribunaux de la charia, lapidation?» a publié le parti, tout en nuance. Le commentaire a provoqué un tollé sur la Toile.

En effet, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) et la Société pour les minorités en Suisse (GMS) ont répliqué. Ils ont condamné l'incitation raciste et ont fait remarquer que les soldats peuvent pratiquer leur religion en toute liberté – qu'ils soient chrétiens, musulmans, juifs ou d'une autre religion.

La semaine dernière, l'armée suisse a organisé sa première prière musulmane sur le terrain. Cela a immédiatement fait réagir l'UDC.
Photo: Blick-Leserreporter
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«Une campagne électorale bon marché»

La Bernoise Nicole Sejk condamne également le tweet de l'UDC. «C'est une campagne électorale bon marché. C'est justement le parti qui soutient tant la Constitution qui tente ici de saper la liberté de religion à laquelle ont droit tous les citoyens suisses», dit-elle.

La sergent-major de 33 ans sait de quoi elle parle. En 2019, elle a effectué un engagement de six mois dans la KFOR au Kosovo pour le compte de la Swisscoy, et a ensuite fait son école de recrues auprès de la police militaire à Sion.

Dans les deux endroits, elle a fait son service avec des militaires de différentes confessions. «Cela n'a jamais été un problème, ni au Kosovo ni à Sion. Il y a toujours eu de la place pour tous les camarades pour vivre leur foi», raconte-t-elle.

Des expériences réussies

Durant l'hiver 2021 par exemple, alors qu'elle venait de gagner son grade de sergent-major et que la Suisse entrait dans son deuxième lockdown, elle et sa troupe ont été complètement confinées dans l'enceinte de la caserne jusqu'en mai.

Nicole Sejk explique: «Nous devions toujours accorder du temps privé à nos hommes dans l'ordre du jour. En contrepartie, nous avons également mis à disposition des militaires musulmans une chambre pour la prière. Il n'y a jamais eu de problèmes avec qui que ce soit, car cela n'a pas perturbé le déroulement du service.»

Stabilité et paix – en Suisse aussi

Au contraire, la sergent-major salue vivement le fait que l'armée ait élargi la diversité parmi ses aumôniers militaires. Selon elle, il est important que l'armée encourage une culture dans laquelle les relations sont respectueuses.

Un thème qui lui tient d'autant plus à cœur en tant que politicienne. Nicole Sejk est membre du comité directeur du PLR à Köniz (BE) ainsi que de celui des Jeunes libéraux-radicaux du canton de Berne, et souhaite faire le saut au Conseil national pour le PLR en automne: «Je veux contribuer à la sécurité, à la stabilité et à la paix, non seulement de l'autre côté des frontières, mais aussi en Suisse.»

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