Une médecin du travail le demande
Les travailleurs suisses devront-ils bientôt faire obligatoirement la sieste?

Les vagues de chaleur sont dangereuses pour les travailleurs de certains secteurs. Or ce phénomène devient de plus en plus la norme. Une sieste comme dans les pays du sud pourrait atténuer les risques, estime une médecin du travail.
Publié: 13.07.2023 à 08:33 heures
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Dernière mise à jour: 13.07.2023 à 15:36 heures
Martin Schmidt

En temps normal, le travail dans le secteur du bâtiment est déjà extrêmement pénible. C'est dire qu'en période de canicule, la chaleur tropicale met les ouvriers et ouvrières du bâtiment à rude épreuve.

Ce sont probablement les ouvriers actifs sur nos routes qui en souffrent le plus. À partir de 30 degrés, les risques pour la santé et le danger d'accident augmentent considérablement. C'est la raison pour laquelle la médecin du travail de la Suva, la plus grande assurance-accidents de Suisse, suggère l'idée d'un modèle inspiré des pays du sud.

«Personnellement, je pense que nous avons beaucoup à apprendre des pays méditerranéens. Dans une perspective de médecine du travail, nous ne pouvons pas éviter de réfléchir à la sieste», affirme Christine Marty dans une interview accordée au «Tages-Anzeiger».

Des températures de plus de 30 degrés sont un risque lors d'un travail physique.
Photo: Keystone
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Concrètement, les employés commenceraient un peu plus tôt le matin, feraient une longue pause — la sieste en question — à midi et reprendraient le travail en fin d'après-midi. Grâce à ce rythme, les ouvriers ne travailleraient donc pas en début d'après-midi, le moment précis où la chaleur est la plus forte et l'exposition aux UV la plus élevée.

Plus d'accidents les jours de canicule

Le syndicat Unia a par ailleurs exigé lundi que les entreprises de construction cessent le travail dès lors que les températures atteignent 35 degrés. En Suisse, il n'y a pas de congé canicule lorsque le thermomètre affiche une certaine température.

Certaines entreprises de construction appliquent tout de même déjà des horaires de travail proches de la sieste les jours de canicule. Selon Christine Marty, il serait judicieux de réfléchir à l'avenir à un tel modèle sur l'ensemble du territoire. Mais pour y parvenir, le monde politique doit être interpellé et doit se prononcer.

La situation est urgente: le nombre annuel de jours de canicule a triplé en Suisse depuis les années 1960.

Les employeurs ont une responsabilité

Quels sont les risques concrets? Certains travailleurs s'effondrent sous l'effet de l'énorme chaleur. Mais la baisse de la concentration ou la détérioration du sommeil font également grimper le nombre d'accidents les jours de canicule. La situation est particulièrement brutale pour les travailleurs de la construction routière. L'asphalte utilisé atteint une température d'environ 160 degrés. Combiné à des températures de plus de 30 degrés, la route se transforme en fournaise.

Dans de tels cas, la responsabilité des employeurs est engagée. Ils doivent prendre des mesures appropriées. Par exemple, autoriser des pauses plus fréquentes et mettre à disposition des espaces ombragés.

A partir de 32 degrés, la charge de travail doit être réduite

Il existe toute une série de recommandations pour les travaux dans le bâtiment, émises par la Société suisse des entrepreneurs, des syndicats et de la Confédération. Les travailleurs sont appelés à se protéger avec des vêtements amples, des couvre-chefs et de la crème solaire.

La Confédération conseille, pour les travaux moyennement physiques à partir de 25 degrés, d'éviter les heures supplémentaires et d'effectuer les travaux particulièrement pénibles tôt le matin. À partir de 32 degrés, il convient de réduire la charge de travail, d'adapter les horaires et de faire des pauses supplémentaires. À partir de 36 degrés, la Confédération parle d'un «risque important pour la santé» et recommande de faire évaluer la situation sur place par un spécialiste reconnu.

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