Une étude le démontre
Les mesures contre la violence des hooligans n'auraient que peu d'effet

Introduit en 2012, le concordat sur le hooliganisme devait permettre d'endiguer la violence dans les stades de football. Mais l'objectif a été largement manqué, comme le montre une nouvelle enquête. Elle révèle aussi pourquoi.
Publié: 19.10.2023 à 10:20 heures
|
Dernière mise à jour: 19.10.2023 à 10:24 heures
Robin Bäni

Des hooligans qui allument des fumigènes et se bagarrent. L'image n'est pas rare lors des matches de Super League en Suisse. Pour empêcher cela, un concordat sur le hooliganisme est en vigueur depuis 2012. Celui-ci contient des mesures que les autorités peuvent prendre et qui devraient endiguer la violence. Mais une étude de l'Université de Berne montre aujourd'hui que le nombre de matchs de football avec des événements violents est, en fait, resté relativement stable.

Autrement dit, le concordat sur le hooliganisme n'a pratiquement pas d'effet. Pour évaluer la situation, les chercheurs ont interrogé une centaine d'experts, dont des supporters, des représentants des clubs, des politiciens, des policiers et des procureurs. Près de la moitié d'entre eux (43% pour être précis) estiment que la situation ne s'est pas améliorée.

Les personnes interrogées considèrent l'interdiction des drapeaux, des banderoles et de l'alcool ainsi que l'obligation de s'asseoir dans les stades comme particulièrement inefficaces. Ils jugent les interdictions de périmètre nationales un peu plus efficaces. Celles-ci interdisent de se trouver dans une zone prédéfinie lors de manifestations sportives. Toutefois, ces interdictions sont difficiles à contrôler, car les personnes sanctionnées ne sont généralement pas reconnues.

La taux de violence lors des matches de football reste relativement stable – malgré les mesures prises.
Photo: foto-net / Teamfoto
1/5

Pas d'interdiction pendant trois ans – malgré les infractions

C'est pourquoi tous les groupes interrogés se sont prononcés en faveur de plus d'obligations de se présenter à la police. Si un supporter est visé par cette procédure, il doit se présenter à des heures précises à un poste de police. Cette démarche vise à le dissuader de commettre des actes de violence. Toutefois, cette mesure n'est guère efficace. En effet, les postes de police se trouvent souvent à proximité immédiate des stades.

De plus, il faut en moyenne beaucoup de temps pour qu'une telle mesure soit prise. Pour l'interdiction de périmètre, il s'agit en moyenne de 168 jours, pour l'obligation de se présenter à la police de 203 jours. Un supporter s'en est même tiré sans dommage pendant plus de trois ans, jusqu'à ce que les autorités lui imposent une interdiction de périmètre après 1165 jours. Le rapport explique que cette longue durée est due à une identification complexe, mais aussi par le fait que la police ne mette pas la priorité sur ces questions.

Le rapport critique également le manque d'homogénéité selon les stades. En effet, les autorités prendraient des mesures différentes selon le lieu où se déroule le match. Et ce, bien que le concordat sur le hooliganisme aurait dû conduire à une approche standardisée. Il s'agit d'une inégalité de droit, écrivent les chercheurs, qui recommandent des clarifications juridiques.

Violence dans les trains et les gares

Comme le concordat sur le hooliganisme se concentre sur la violence dans les stades, les événements se sont déplacés à l'extérieur. Désormais, les affrontements – donc des violences physiques – se produisent dans les trains et les gares, notamment sur le chemin des matches de football. Les dégâts matériels et les jets d'objets en font également partie.

Cela démontre une chose: La violence n'a pas diminué, mais s'est déplacée. Certes, les autorités ont été renforcées par le concordat sur le hooliganisme, peut-on lire dans le rapport. Mais en même temps, les relations avec les supporters se sont détériorées. Ces derniers critiquent entre autres le mélange des faits, par exemple en désignant l'utilisation de fumigènes comme faisant partie d'un comportement violent.

C'est pourquoi les chercheurs ont fait une proposition inhabituelle: ne plus considérer les objets pyrotechniques comme des actes de violence. Cela pourrait apaiser quelque peu la situation tendue entre les autorités et les hooligans. Mais finalement, la plupart des personnes interrogées demandent une surveillance accrue. Ceci par le biais d'une identification obligatoire lors de l'achat de billets et de caméras dans les stades. Cela pourrait aider lors des matches. Il subsisterait alors le nouveau défi principal des clubs de foot: la violence hors des stades.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la