Une année catastrophique pour les producteurs
6'900 tonnes d'abricots valaisans détruits!

La météo accusée en 2021 entraîne une diminution importante des récoltes suisses. Certains agriculteurs sont confrontés à une véritable année catastrophe, notamment pour la culture d'abricots en Valais. Blick fait le point.
Publié: 25.06.2021 à 14:03 heures
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Dernière mise à jour: 25.06.2021 à 14:08 heures
Beat Michel

Le début de l'année a été particulièrement rude pour les agriculteurs suisses. Un froid glacial au printemps suivi de pluies torrentielles et de longues périodes sèches, et enfin des grêlons de la taille de balles de golf.

«L'année a été particulièrement difficile», confirme Beatrice Rüttimann de l'association faîtière Fruit-Union Suisse. «Nous avons eu une quinzaine de nuits de gel. Même si les producteurs ont pris des mesures, il y a de grosses pertes.»

Les cerises ont été particulièrement touchées, explique Rüttimann. «Dans une bonne année, nous récoltons plus de 3000 tonnes. En 2021, seules 1700 tonnes sont attendues. «Les fleurs de cerisier ne supportent pas le gel, les cerises mûres ne supportent pas les fortes pluies et la grêle est toujours dévastatrice.»

Les bougies antigel sont parfois utilisées pour sauver les récoltes d'abricots, comme ici à Saxon (VS), en 2019.
Photo: Keystone

Les abricots valaisans fortement touchés

Les producteurs de fraises cultivées en plein air doivent également faire face à des dégâts importants: la Suisse en produit habituellement 7500 tonnes. «Nous espérons que nous pourrons atteindre ce montant moyen cette année. La grêle et les fortes pluies de ces derniers jours ont détruit des champs entiers de récolte», explique Beatrice Rüttimann.

Les pertes sont encore plus graves pour les producteurs d'abricots. «On se souviendra de 2021 comme d'une année catastrophique», a déclaré Olivier Borgeat, secrétaire général de l'Interprofession des fruits et légumes du Valais, sur la radio Rhône FM. Il affirme que 85% de la récolte sera perdue à cause du gel. Au lieu de 8200 tonnes, les agriculteurs ne peuvent récolter que 1300 tonnes d'abricots.

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Une première analyse estimait que la perte des abricots pourrait atteindre 70%. Les dommages sont finalement plus importants que prévus: «Nous nous attendons à ce que seuls 15% environ de la quantité habituelle d'abricots puissent être récoltés», abonde ainsi Georg Bregy, de l'office valaisan de l'agriculture, à la radio SRF.

Sachant que 96% de la production nationale d'abricots provient du canton le plus ensoleillé, la Suisse va devoir recourir à des importations plus importantes pour répondre à la demande, note Olivier Borgeat. Par ailleurs, «il ne reste quasi rien pour la distillerie», ajoute le secrétaire général de l'IFELV. La perte pour le Luizet, star de l'abricotine, est estimée à 99%.

18 millions de dommages par la grêle

L'assureur Suisse Grêle s'attend déjà à une année de dommages très coûteuse. Dans les régions de Vaud, Fribourg, Neuchâtel, Jura, Berne, Lucerne, Zoug et Zurich, plus de 2500 sinistres sont attendus, pour un dommage estimé à environ 18 millions de francs.

La plupart des producteurs ne sont pourtant pas assurés, indique Beatrice Rüttimann. «Les producteurs de fruits sont aussi des entrepreneurs. Ils assument généralement la totalité du risque.» Plutôt que de s'assurer, ils investissent souvent plutôt dans des mesures de protection. «Des filets ou des films à mailles serrées protègent contre la grêle, les fortes pluies et les parasites. Contre le gel, les méthodes utilisées sont plutôt l'arrosage avec de l'eau ou le placement de bougies antigel.

Les patates viendront de l'étranger

Le temps perturbe également la récolte des pommes de terre cette année. En raison du printemps froid, les variétés précoces de pommes de terre sont prêtes avec deux ou trois semaines de retard.

L'Office fédéral de l'agriculture a donc augmenté le quota d'importation de 5000 tonnes en juillet. Ruedi Fischer, président de l'Union Suisse des producteurs de pommes de terre, estime que jusqu'à présent, seuls quelques hectares ont été perdus à cause de la grêle. «La pluie de ces derniers jours a été la bienvenue. Sinon, nous aurions dû irriguer», dit-il. La situation pourrait néanmoins devenir critique en raison du temps chaud et humide, ajoute-t-il. «Il y a un risque que tout pourrisse.»

(mcb/ATS)

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