Un parking pour un restoroute qui traîne
Sur l'A9 en Valais, on prévoit le parking avant l'aire de repos

Une aire d'autoroute doit être construite près de Rarogne (VS). Mais la procédure n'est pas conforme à la loi, selon deux associations environnementales, qui menacent de saisir la justice. Décidément, rien ne semble simple dans la construction de l'A9 en Valais...
Publié: 02.05.2023 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 02.05.2023 à 07:58 heures
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Martin Meul

L'humeur d'Eva-Maria Kläy ne correspond pas du tout à l'ambiance idyllique qui règne au bord du Baggersee Steineja, près de Rarogne (VS). La directrice de Pro Natura Haut-Valais déclare à Blick: «Ce qui se passe autour de ce lac est d'un embarras sans précédent.»

Mme Kläy fait référence aux plans de l'unique aire de repos autoroutière du Haut-Valais, qui doit être ouverte dans le cadre de l'A9, connue sous le surnom peu flatteur d'«autoroute de la panne». L'aire de repos doit être construite au milieu du champ entre Viège et Rarogne, directement au bord de ce lac de dragage.

Deux procédures d'approbation des plans sont en cours pour ce projet: l'une pour l'aire de repos – dont la responsabilité incombe au canton du Valais – et l'autre pour les aires de parking, d'attente et de stationnement des camions, dont la responsabilité incombe au Département fédéral de l'environnement et des transports (Detec).

Sonja Oesch (à gauche) et Eva-Maria Kläy estiment que les plans de l'aire de repos prévue près de Rarogne (VS) sont complètement surdimensionnés.
Photo: Zamir Loshi
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Le plan directeur a été oublié

Mais comme souvent lors de la construction d'une autoroute en Valais, il y a des problèmes, même pour des choses prétendument aussi simples qu'une aire de repos. Ainsi, les autorités cantonales valaisannes, mais aussi le Detec, ont oublié d'adapter leurs plans directeurs. Le projet n'a donc pas de base en matière d'aménagement du territoire – et ce n'est pas une petite omission, car l'aire de repos touche aussi une zone agricole.

L'absence de plan directeur a été remarquée l'année dernière par l'Office fédéral du développement territorial (ARE). Il en a résulté une suspension temporaire des travaux de planification, le Detec et les autorités valaisannes étant chargés de faire leur travail.

Depuis, les choses n'avancent que du côté la Confédération. Il y a quelques semaines, après l'adaptation des plans directeurs nationaux, le Detec a enfin pu poursuivre la planification des places de stationnement. Du côté du Canton du Valais, en revanche, les choses traînent. À tel point que la Confédération ne voulait apparemment plus attendre.

C'est ainsi que l'on en arrive à cette situation: le parking et les places de stationnement pour les camions sont sur le point d'être construits– alors qu'il n'existe toujours pas de base en matière d'aménagement du territoire pour l'aire de repos elle-même. «Or, c'est précisément ce qu'il faut pour que les choses puissent avancer», souligne Sonja Oesch, de la section valaisanne de l'Association Transports et Environnement (ATE).

Le lac de dragage devrait être comblé

L'ATE et Pro Natura font partie des grands opposants au projet d'aire de repos à Rarogne. D'une part, ils estiment que l'aire de repos autoroutière est totalement surdimensionnée. Selon eux, 300 places de parking et de stationnement ne sont tout simplement pas nécessaires dans le Haut-Valais.

D'autre part, les écologistes sont convaincus que le site est mal choisi. «Le lac de Steineja devrait être en grande partie comblé pour l'aire de repos», explique Eva-Maria Kläy, de Pro Natura. C'est irresponsable à l'heure du changement climatique. Les plans d'eau aideraient à réguler la température: «Il faut donc protéger les quelques plans d'eau du Haut-Valais». C'est pour ces deux raisons que les associations ont fait opposition au projet. Leur objectif est clair: pas d'aire de repos près du Baggersee!

Pour Mme Kläy, le fait que la Confédération poursuive malgré tout les travaux de planification des aires de stationnement est le signe que «les mésaventures autoroutières valaisannes ont maintenant atteint Berne». La Confédération ne peut pas simplement continuer alors que seule la moitié des incohérences a été corrigée, déclare également Sonja Oesch, de l'ATE.

Le projet sera-t-il porté devant les tribunaux?

Pro Natura et l'ATE exigent au contraire que les travaux de planification ne se poursuivent que lorsque le plan directeur cantonal aura lui aussi été adapté. «Toute autre solution serait antidémocratique», déclare Mme Kläy, qui envisage de porter l'affaire devant le Tribunal administratif fédéral si «Berne ne revient pas à la raison» et attend le plan directeur valaisan. Contacté par Blick, le Detec n'a pas souhaité s'exprimer sur cette affaire, renvoyant à la procédure en cours.

Le risque que tout cela finisse devant un tribunal est donc grand. Et l'imbroglio autour de l'aire de repos de Steineja ajoute un nouveau chapitre aux déboires de l'autoroute A9, qui occupera les autorités pendant des années encore.

Pas d'influence sur la poursuite de la construction de l'A9

Il y a tout de même au moins une bonne nouvelle à annoncer. Ainsi, les querelles autour de l'aire de repos autoroutière n'auront pas d'impact sur l'achèvement du tronçon d'autoroute lui-même. C'est en tout cas ce que pense Martin Hutter, chef du Service de construction des routes nationales du canton du Valais. Il promet que le tronçon sera ouvert à temps. En 2025, au plus tard en 2026, il devrait être prêt. À condition qu'il n'y ait pas d'autres couacs sur la fameuse «autoroute de la panne».

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