Un épidémiologiste explique
Pourquoi les cas de Covid augmentent-ils à nouveau si rapidement?

Après un été marqué par de nombreux assouplissements et une progression de la vaccination, la quatrième vague de Covid sévit en Europe. L'épidémiologiste tessinois Andreas Cerny explique pourquoi la situation se détériore si vite.
Publié: 19.11.2021 à 22:07 heures
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Dernière mise à jour: 20.11.2021 à 17:20 heures
Myrte Müller

Il y a quelques semaines encore, le nombre de contaminations était faible, la majorité de la population est vaccinée contre le coronavirus. Aujourd'hui, la courbe d'infection en Suisse est en forte hausse, et pas seulement chez les personnes non vaccinées. Les hospitalisations sont également préoccupantes. Selon l'expert Andreas Cerny, «le nombre d'hospitalisations dues au Covid est certes encore relativement faible. Mais une augmentation se produit toujours avec un certain décalage. Il faut définitivement s'attendre à une charge importante pour les services de soins intensifs dans les semaines à venir.» L'épidémiologiste nous explique en six points les raisons de la quatrième vague.

La quatrième vague

«La quatrième vague s'est déclarée dans le nord-est de l'Europe, d'abord en Russie et dans les pays baltes. Elle se propage maintenant à toute vitesse vers les autres pays», explique l'épidémiologiste tessinois. La circulation a été précipitée par le variant Delta, qui serait six fois plus contagieux que la souche du Covid qui circulait encore au printemps.

Mauvaise couverture vaccinale chez les jeunes

En Suisse, le virus circule parmi les jeunes adultes, moins vaccinés que leurs aînés et qui sont donc les plus touchés par les infections. «Les personnes infectées par le virus sont plutôt jeunes, actives et mobiles.» Les statistiques lui donnent raison. Ainsi, c'est dans le groupe d'âge de 9 à 19 ans que l'on trouve l'incidence la plus élevée sur 7 jours (3178). Dans ce groupe d'âge, seuls 39% environ sont doublement vaccinés.

En été, le virus circulait relativement peu. L'hiver change la donne.
Photo: Manuel Geisser
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La protection vaccinale diminue après six mois

«Chez les personnes qui ont été vaccinées au début de l'année et au printemps, la protection vaccinale diminue. Elles peuvent donc être infectées et contaminer d'autres personnes», poursuit l'épidémiologiste. Les premières personnes vaccinées sont généralement des seniors, nous rappelle-t-il, chez qui le «risque d'une maladie grave, voire d'une évolution mortelle de la maladie, augmente avec une immunité décroissante.» Les cas Covid malgré une vaccination complète augmenteraient surtout dans les groupes d'âge élevés. «Nous avions déjà des indications à ce sujet dans des études menées en Israël, en Grande-Bretagne et aux États-Unis.»

La saison froide alimente la propagation

«En été, les gens passent la plupart de leur temps à l'extérieur. Le risque de contagion est alors nettement plus faible. Avec la chute des températures, la vie se déroule davantage à l'intérieur et le risque d'infection augmente». Selon l'épidémiologiste, cela aussi était prévisible. On l'avait déjà constaté l'hiver dernier.

Les mesures manquées

«Les autorités sanitaires ne sont pas disposées à renforcer intelligemment les mesures contre le Covid», critique le médecin. «Dans de nombreuses écoles, le port du masque n'est toujours pas obligatoire, alors que c'est là que la plupart des gens sont infectés. Mi-octobre, Swissmedic a donné son feu vert pour la dose de rappel. Au lieu de commencer immédiatement la troisième vaccination, on a perdu beaucoup de temps avec la campagne de vaccination pour les personnes qui refusent de se faire vacciner, assène Andreas Cerny. «Et la stratégie de vaccination est toujours à la traîne: les cantons ont tardé à mettre en place la logistique de vaccination. Nous devons pourtant réagir rapidement», insiste-t-il. Un coup d'œil sur les statistiques le confirme: alors que, par exemple, près d'un demi-million de personnes ont été vaccinées au cours de la deuxième semaine de juin de cette année, elles ne sont plus que 80'000 environ au cours de la deuxième semaine de novembre, «alors que nous avions une avance de trois bonnes semaines sur la vague slovène et de dix jours sur celle d'Allemagne», explique Andreas Cerny.

La minimisation

Le nombre de cas déclarés ne correspond pas à la réalité. En effet, beaucoup se font infectés sans s'en rendre compte ou interprètent mal les symptômes. «Ils les prennent pour une grippe ou pour les rhumes habituels en hiver», explique l'expert. Dans de tels cas, les tests sont rares. Andrea Cerny met en garde: «Cette minimisation augmente le risque de propagation».

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