Un an après les intempéries à La Chaux-de-Fonds
Des habitants traumatisés racontent: «La tempête nous a changés»

Il y a un an, des phénomènes météorologiques se sont conjugués au-dessus du Jura neuchâtelois et ont déclenché une tempête extrême. Elle a provoqué d'énormes dégâts, qui ont pu être, en grande partie, réparés. Mais la tempête a laissé des blessures profondes. Reportage.
Publié: 25.07.2024 à 11:57 heures
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Dernière mise à jour: 25.07.2024 à 12:44 heures
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Gina Krückl

Six minutes et 30 secondes. C'est la durée de la tempête qui a dévasté la région de La Chaux-de-Fonds (NE) l'année dernière. Le vent a balayé le Jura neuchâtelois à une vitesse allant jusqu'à 217 kilomètres par heure, laissant derrière lui une grande destruction. Un homme a été tué par une grue et 50 autres personnes ont été blessées. Sans compter les dégâts matériels qui se chiffrent à plusieurs dizaines de millions de francs.

Selon MétéoSuisse, plusieurs phénomènes naturels ont convergé près de La Chaux-de-Fonds ce jour-là: une tornade sur le côté nord de la ville et au sud une forte rafale descendante, également appelée downburst. Le hameau du Crêt-du-Locle a été le plus touché par les intempéries.

Un an après le drame

Un an exactement après que des arbres ont été déracinés et que des toits entiers de maisons ont été soulevés, le soleil brille et les arbres se balancent doucement au gré de la brise. Il n'y a presque plus de traces de la tempête. Pourtant, les vents violents ont laissé des cicatrices dans la région.

A La Chaux-de-Fonds, le souvenir du drame est encore frais. L'agriculteur Fabrice Matile le confirme: «La tempête nous a changés.»
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«Tout à coup, tout s'est mis à voler!»
Nicole Matthey, habitante de la région
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Les dégâts physiques ne sont plus que subtils. Des troncs d'arbres déracinés traînent encore par endroits, quelques trous sont encore visibles ici et là sur une façade, notamment celle de Nicole Matthey. Chez elle, on trouve encore dans le jardin des dizaines de petits morceaux de verre provenant des grandes fenêtres de l'usine voisine.

Des débris de verre sont encore parsemés dans son jardin.

Rien à voir avec l'état de son jardin il y a un an. A l'époque, elle avait déclaré à Blick: «Tout à coup, tout s'est mis à voler!» De sa fenêtre, elle a vu ses arbres déracinés et des tuiles s'envoler de son toit. Nicole Matthey s'en est néanmoins tirée à bon compte. «Il y a déjà deux ou trois choses que nous devons encore faire. Mais heureusement, nous n'avons pas eu de dégâts aussi importants que certains de nos voisins.»

Restaurant et ferme sans toit

Jirawat Jun-en avait déploré des dégâts nettement plus importants. Le toit de sa maison a été arraché par la tempête. En une seconde, ce propriétaire du restaurant a perdu son commerce et son appartement. Pourtant, Jirawat Jun-en se considère chanceux. «J'ai eu de la chance. Je suis encore en vie!» Depuis quelques mois, le restaurant Siam Orchidée est à nouveau ouvert. Toutefois, des travaux sont encore en cours dans l'appartement de Jirawat Jun-en, précise-t-il. «Cela va probablement durer encore un moment.»

Le toit du logement de Jirawat Jun-en a totalement été emporté.
Photo: keystone-sda.ch

La ferme de Fabrice Matile a, elle aussi, subi les effets de la tempête. «La partie avant du toit de la maison d'habitation était complètement partie.» Les tuiles ont aussi été balayées sur la voiture de Fabrice Matile et à travers les murs de l'étable, où elles ont laissé de gros trous. La famille n'a pas encore réparé une partie du mur de l'étable: «Nous avons décidé d'en faire des portes.»

Mis à part cela, la réparation de l'étable a été achevée le mois dernier. «Comme le toit avait déjà 24 ans, nous avons malheureusement dû payer nous-mêmes une bonne partie de la réparation», explique Fabrice Matile. Il se compte néanmoins parmi les chanceux: «Si la porte n'avait pas été fermée ce jour-là, toute l'étable se serait probablement écroulée.»

Des dégâts encore importants

Comme l'indique le vice-président de la ville, Théo Huguenin-Elie, seule la moitié environ des dégâts aux bâtiments a été réparée. «C'était une année très chargée, et sans l'aide de tant de personnes, nous n'aurions pas pu y arriver. Mais nous en avons encore pour plusieurs années de travail devant nous» – notamment pour remplacer les 1500 arbres tombés.

Un an après, la tragédie continue de préoccuper les habitants. En témoignent les cloches de l'église qui ont sonné ce mercredi à 11h25 – un an jour pour jour après les intempéries – pendant six minutes et 30 secondes en mémoire de la catastrophe.

Un sentiment de malaise

Théo Huguenin-Elie confirme que les intempéries ont changé les gens. «Dès que le vent se lève ou que la pluie tombe plus fort, les gens ont peur désormais.» L'agriculteur Fabrice Matile le confirme. «La tempête nous a changés.»

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«Personnellement, je n'ai pas été aussi gravement traumatisé. Mais quand le service météorologique annonce des vents forts, je suis encore un peu mal à l'aise aujourd'hui»
Fabrice Matile
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Il connaît quelques personnes qui ont commencé une thérapie à cause de cela. «Personnellement, je n'ai pas été aussi gravement traumatisé. Mais quand le service météorologique annonce des vents forts, je suis encore un peu mal à l'aise aujourd'hui.»

Nicole Matthey avoue, elle aussi, avoir d'abord dû se réhabituer aux vents violents qui soufflent dans la région. «Je sais à quel point il est improbable qu'un tel événement se reproduise ici même.» Mais les récentes inondations en Valais et au Tessin la préoccupent. «C'est à ce genre d'incidents que l'on se rend compte des forces de la nature qui nous entourent. Cela inspire beaucoup de respect.»

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