Trouble du déficit de l'attention
Quatre femmes témoignent de leur difficulté à être diagnostiquées

Pendant des années, ces quatre femmes ont lutté contre elles-mêmes jusqu'à ce qu'on leur diagnostique un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité. Elles nous expliquent pourquoi cela a été un soulagement et comment elles se portent aujourd'hui.
Publié: 14.08.2022 à 06:01 heures
Dana LIechti

Sereina Schneider, une Bernoise de 31 ans

«Je dois parfois m’y prendre à quatre reprises pour me préparer une tasse de thé. En allant à la cuisine, je me dis: je pourrais encore ranger quelque chose ici ou faire quelque chose là-bas. Puis je m’assois à nouveau sur le canapé et je me dis: attends, mais, je voulais faire quoi déjà? J’ai longtemps lutté contre moi-même. J’ai certes terminé un apprentissage de peintre, mais je n’ai jamais pu arriver au bout de ce que je voulais. Il y a trois ans, tout m’a échappé… Je ne maîtrisais plus mon appartement, mes finances et mes rendez-vous. Après une dépression nerveuse, on m’a diagnostiqué un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Maintenant, je sais que je ne suis pas simplement paresseuse. Cet été, je commencerai des études d’enseignante mais je ne le ferai pas sans Ritaline. Grâce à ce médicament, je pourrai enfin comprendre des textes, fixer des priorités. Je suis plus calme, plus concentrée et plus claire – probablement comme une personne sans TDAH. Mais malgré tout, je ne suis pas souvent prise au sérieux. On me dit que le TDAH est un phénomène de mode ou une excuse pour des choses que je n’ai pas réussies à faire. Cela me met en colère.»

Qu'est-ce que le TDAH?

Le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité est une maladie chronique caractérisée par des troubles de l'attention (difficulté à se concentrer), une hyperactivité (difficulté à s'organiser ou rester en place) et une impulsivité (difficulté à contrôler les fortes émotions et réactions).

Le TDAH apparaît souvent à l'enfance et peut se poursuivre à l'âge adulte. Il peut aussi être caractérisé par une faible estime de soi, de la dépression, des relations difficiles et des difficultés à l'école ou au travail.

Les traitements incluent la prise de médicaments, principalement la Ritaline et la psychothérapie.

Besoin d'aide?

Centre spécialisé pour le TDAH en Suisse romande

Centre TDAH aux Hôpitaux Universitaires de Genève

Le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité est une maladie chronique caractérisée par des troubles de l'attention (difficulté à se concentrer), une hyperactivité (difficulté à s'organiser ou rester en place) et une impulsivité (difficulté à contrôler les fortes émotions et réactions).

Le TDAH apparaît souvent à l'enfance et peut se poursuivre à l'âge adulte. Il peut aussi être caractérisé par une faible estime de soi, de la dépression, des relations difficiles et des difficultés à l'école ou au travail.

Les traitements incluent la prise de médicaments, principalement la Ritaline et la psychothérapie.

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Clarissa Müsken, une Zurichoise de 48 ans

«Je vais souvent au-delà de mes limites. Mais même quand je suis en plein chaos intérieur, on ne le sent pas à l’extérieur, car je compense tellement. Mais quand tout devient trop lourd et que je déborde émotionnellement, tout le monde est totalement surpris. Lorsque ma fille a été diagnostiquée avec un TDAH, je me suis penchée sur le sujet. Je me suis immédiatement reconnue. J’ai reçu le diagnostic au milieu de la trentaine. Au début, j’étais soulagée. Mais dans beaucoup de situations, les gens manquent toujours de compréhension. Je trouve également difficile que les personnes concernées soient souvent qualifiées de «à risque de dépendance». Beaucoup d'entre-elles se retrouvent seules, ne savent pas ce qui leur arrive et ne reçoivent pas le soutien adéquat. Elles ont recours à l’automédication pour se détendre et se réguler. Au début, j’ai suivi une thérapie et essayé des médicaments, mais j’ai remarqué que pour moi, la méditation, le yoga, une alimentation équilibrée et un travail intérieur fonctionnaient mieux pour gérer le TDAH au quotidien.»

Regula Baumann-Burkhard, une Argovienne de 54 ans

«J’ai toujours eu des dépressions. Je voulais tout faire à la perfection et devais, en plus du travail, organiser la vie avec enfants, le chien etc. Cela me demandait énormément d’énergie. Lorsque je suis retombée en dépression à l’âge de 40 ans, je me suis adressée à un psychiatre en urgence. Celui-ci m’a diagnostiqué un TDA (sans hyperactivité), et la Ritaline a été pour moi comme une révélation. J’avais l’impression de vivre pour la première fois depuis 30 ans. Tout était moins chaotique, je pouvais penser calmement à plusieurs choses en même temps, me concentrer. Dans ma vie professionnelle, je suis assistante en soin et santé communautaire. Avant, j’avais par exemple besoin d’au moins une heure pour préparer les médicaments du service – et dans le silence le plus total. Maintenant, avec la Ritaline, je prends seulement 20 minutes pour terminer ma tâche, et même si quelqu’un parle à côté. Sans Ritaline, je ne peux pas écrire de liste de courses et l’emporter avec moi. Il est aussi impossible de lire un livre sans être distrait par des bruits ou des pensées sur ce que je pourrais faire d’autre. Par contre, je n’ai jamais été hyperactive. À l’école, j’étais plutôt la fille rêveuse qui regardait par la fenêtre.»

Sereina Schneider a reçu son diagnostic il y a trois ans.
Photo: Nathalie Taiana
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Melanie Goc, une Zurichoise de 41 ans

«Déjà enfant, à l’école, j’avais souvent l’impression de ne pas être à la hauteur. Plus tard, je n’ai jamais réussi à garder mes emplois très longtemps. Comme j’essayais de pratiquer de nombreux loisirs, on disait que j’étais paresseuse et que j’abandonnais trop vite. Je n’ai jamais pu me déconnecter. Mon cerveau est constamment en activité et je ne peux pas le contrôler. Mais personne ne le voit. Un jour, j’en ai eu assez. J’étais fatiguée non-stop. La dépression et le doute constant de soi m’accompagnaient en permanence. Ce n’est que lorsque j’ai changé de psychiatre que j’ai soupçonné un TDAH. J’avais alors 35 ans. Le diagnostic a été une bénédiction pour moi. Si je l’avais eu plus tôt, j’aurais évité bien des souffrances. Aujourd’hui, je sais que je ne me trompe pas, mais qu’il s’agit d’un problème neurologique souvent sous-estimé. Maintenant j’arrive à davantage apprécier ce côté bouillonnant, créatif et chaotique. Dans certaines situations, je prends tout de même des médicaments. Ils m’aident à me concentrer. Pour la première fois, j’ai un emploi stable. Et je suis enfin reconnu pour ce que je fais.»

(Adaptation par Mathilde Jaccard)

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