Tomi Tomek, l'amie romande des minets
«Imposer un couvre-feu à mes 97 chats? Je deviendrais folle»

Des députés vaudois ont déposé auprès du Grand Conseil un postulat pour limiter l'impact des chats sur la biodiversité. Pour Tomi Tomek, présidente d'un refuge pour chats, cela ne sert à rien et les pistes avancées sont irréalisables. Interview.
Publié: 19.09.2024 à 16:50 heures
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Dernière mise à jour: 19.09.2024 à 17:25 heures
Solène Monney
Pour Tomi Tomek, présidente du refuge SOS Chats Noiraigue, les félins ne sont pas une menace pour la biodiversité.
Photo: Julie de Tribolet

Imposer un couvre-feu aux chats? Hors de question pour Tomi Tomek, présidente et fondatrice du refuge SOS Chats Noiraigue. Pour la proche de Brigitte Bardot, le postulat déposé mardi 17 septembre auprès du Grand Conseil vaudois ne s'attèle pas au vrai problème.

Mathilde Marendaz (Ensemble à Gauche) et Sébastien Humbert (Vert'libéral) souhaitent mettre en place des mesures pour lutter contre les chats qui menacent la biodiversité. Les pistes proposées par les députés vaudois font bien rire l'amie romande des félins. Interview. 

Tomi Tomek, comment feriez-vous si vous deviez imposer un couvre-feu à tous vos chats?
Je deviendrai folle (rire). Actuellement, à SOS Chats Noiraigue, on a 97 chats, ce n'est pas possible. On en a beaucoup qui ont besoin d'aller dehors, comme les humains d'ailleurs. Ils ont un instinct naturel de chasse, c'est un problème si on doit les enfermer.

Mais vous êtes d'accord de dire que les minous sont des horreurs pour la biodiversité?
Je ne suis pas d'accord. Il s'agit d'une vieille supposition que les chats mangent les oiseaux. Ils chassent ce qui est au sol, ils ne grimpent pas aux arbres. À Walldorf en Allemagne, ils ont confiné des chats et rien ne prouve qu'ils menacent la biodiversité. Ce qui la fout en l'air, c'est plutôt l'agriculture intensive et les pesticides.

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«On essaie de discuter au maximum, mais dans les zones rurales, c'est parfois difficile. Les gens veulent nous casser la gueule»
Tomi Tomek, président de SOS Chats Noiraigue
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Des députés vaudois veulent mettre en place des mesures. Jusqu'où seriez-vous prête à aller pour limiter les dégâts?
Je suis pour agir autrement. Par exemple, dans le Val-de-Travers, on discute avec les bucherons pour qu'ils regardent en amont s'il y a des nids dans les arbres qu'ils abattent. Il y a aussi des paysans qui ne savent même pas combien de chats ils ont. Avec notre fondation, on a mis en place une campagne de stérilisation et de castration. On essaie de discuter au maximum, mais dans les zones rurales, c'est parfois difficile. Les gens veulent nous casser la gueule. 

Couvre-feu, limitation du nombre de chats par foyers, clochettes au cou: est-ce que ce ne sont pas des propositions de citadins déconnectés de la réalité?
Mathilde Marendaz et Sébastien Humbert devraient plutôt s'engager à construire des habitats pour les oiseaux et planter des haies. Ces deux-là pensent aussi que les chats chient trop dans la nature. Au Creux-du-Van, on a dû installer un appareil qui filtre les matières fécales, non pas à cause des chats, mais des touristes. Il faut plutôt chercher du côté des humains. 

Mais le vrai problème, c'est peut-être que tout le monde adopte des chats à la pelle, non?
Oui, c'est la faute aux réseaux sociaux et à Internet où l'on trouve surtout des photos de jolis chats, ce qui pousse les habitants à en acheter. Ensuite, ils deviennent adultes, les propriétaires n'en veulent plus et les lâchent dans la nature. Les refuges sont pleins. Chaque jour, on reçoit un ou deux appels pour récupérer des chats. Pour responsabiliser les gens, les chats devraient être pucés. C'est là que les députés devraient lutter. De cette manière, on pourrait retrouver propriétaires qui les ont abandonnés.

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