Selon un conseiller national
«La réserve hydroélectrique doit devenir obligatoire en Suisse»

La réserve hydroélectrique d'urgence pour cet hiver coûte 300 millions de francs. Le conseiller national socialiste Bruno Storni veut contraindre les exploitants à mettre en place, à l'avenir, une réserve préventive durable et bon marché.
Publié: 25.12.2022 à 07:30 heures
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Danny Schlumpf

La crise énergétique n’a pas disparu, mais la Suisse s’est préparée à l’hiver. Notamment avec une réserve de force hydraulique ordonnée par le Conseil fédéral en septembre dernier: la Confédération a garanti 400 gigawattheures d’électricité par le biais d’un appel d’offres. Les exploitants de centrales à accumulation doivent retenir cette quantité – au cas où l’énergie viendrait à manquer en février ou en mars.

Mais les fournisseurs ne le font pas gratuitement. L’exercice se chiffre à 300 millions de francs – payés par les consommateurs. L’argent est versé à des entreprises appartenant aux cantons et aux communes.

Une mesure d’urgence coûteuse… et irritante

Pour le conseiller national socialiste tessinois Bruno Storni, c’est une source d’irritation: «Nous payons pour de l’électricité qui nous appartient. Et de surcroît à un prix exorbitant». En effet, la réserve hivernale coûte près de 74 centimes par kilowattheure – pour un coût de revient de six centimes par kilowattheure.

Le conseiller national PS Bruno Storni s'irrite de la réserve d'énergie hydraulique d'urgence de 300 millions de francs pour cet hiver.
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Même le Conseil fédéral s’en est inquiété: au lieu des 500 gigawattheures de réserve prévus, il s’est contenté de 400. La Commission de l’électricité Elcom le formule ainsi: «En raison de la structure des offres, une quantité de réserve plus élevée aurait entraîné une augmentation disproportionnée des coûts totaux et donc de la charge financière des consommateurs d’électricité».

Bruno Storni veut mettre un terme à l’avenir à de telles actions d’urgence coûteuses. Le politicien a déposé une motion à la fin de la session d’hiver, par laquelle il veut obliger les exploitants de centrales à accumulation à conserver une réserve de force hydraulique – contre paiement du prix de revient (c'est-à-dire la somme des coûts supportés pour la production et la distribution d’un bien ou d’un service) et d’une majoration habituelle des bénéfices. «Cela augmenterait massivement la sécurité d’approvisionnement», explique-t-il. «Et cela coûterait nettement moins cher aux consommatrices et consommateurs».

Des dividendes grâce à des prix élevés

Jusqu’en 2009, les centrales électriques devaient garantir la fourniture d’électricité dans de nombreux cantons. Mais avec la libéralisation, cette obligation a disparu. Depuis, les fournisseurs d’énergie vendent leur électricité à leur guise sur le marché libre. Cela fait le bonheur des cantons et des communes, qui empochent chaque année de confortables dividendes.

«Il est inadmissible que les consommateurs doivent payer pour cette politique, alors qu’une situation de pénurie menace», déclare Bruno Storni. Celui-ci veut revenir sur le passe-droit de 2009 – mais, cette fois, au niveau fédéral, par le biais d’une adaptation de la loi sur l’approvisionnement du pays.

Celle-ci compte déjà les sources d’énergie parmi les biens vitaux et le stockage de l’énergie parmi les services vitaux. Dans la réalité, cette disposition ne s’applique toutefois qu’au pétrole. «C’est pourquoi nous devons maintenant inscrire explicitement dans la loi sur l’approvisionnement du pays l’obligation de disposer d’une réserve d’énergie hydraulique», explique Bruno Storni.

Reste à savoir si le ministre de l’Économie Guy Parmelin ou le nouveau ministre de l’Énergie Albert Rösti réagiront à cette intervention. Mais l’idée devrait susciter l’intérêt des deux conseillers fédéraux UDC: pour leur parti, la sécurité de l’approvisionnement est une priorité absolue.

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