Scandale dans le monde la mode zurichois
Le patron d'une agence aurait abusé sexuellement de 16 mannequins

Près de 16 victimes, dont de nombreux mineurs: mercredi, le patron zurichois d'une agence de mannequins devra répondre de ses actes devant le tribunal. La liste des crimes présumés présente dans l'acte d'accusation est accablante.
Publié: 22.09.2021 à 13:03 heures
|
Dernière mise à jour: 22.09.2021 à 16:34 heures
Michel Imhof et Michael Sahli (texte), Alexandre Cudré (adaptation)

Ils étaient jeunes et voulaient percer dans la mode. Il leur promettait de grandes et belles carrières. Pour ensuite leur faire des avances — ou pire. Les accusations portées contre James N.*, patron d’une agence de mode de Zurich, sont graves.

Révélée en juin 2020, l’affaire est désormais portée devant le Tribunal de district de Zurich. Elle implique 16 victimes présumées.

Les actes perpétrés sont décrits dans les quatorze pages de l’acte d’accusation. Des méthodes souvent systématiques pour abuser de jeunes hommes rêvant d’une carrière de mannequin, dont la plupart n'étaient pas majeurs au moment des faits. Le plus jeune d’entre eux était âgé de 15 ans.

Mercredi, James N.* devra répondre devant le Tribunal de district de Zurich.
Photo: Claudio Meier
1/6

Le shooting photo se termine en agression sexuelle

L’homme de 34 ans se serait livré à des attouchements lors de séances photo. Il aurait ensuite fait pression sur les jeunes hommes pour pratiquer des actes sexuels non consentis. L’acte d’accusation cite un exemple: alors qu’il prend des photos d’un jeune mannequin, il lui baisse soudainement le pantalon. Devant le refus du jeune homme, il devient brutal et déchire le vêtement. «Tu dois être prêt à tout si tu veux devenir mannequin!», lui assène-t-il.

«Je me suis réveillé et il était en train de me pénétrer»

Ce n’est pourtant que le sommet de l’iceberg. Des cas bien plus graves sont listés dans l’acte d’accusation. M.H., par exemple, déclare avoir été abusé par le patron de l’agence, alors qu’il était âgé de 17 ans. James N. lui avait promis un photo shooting en soirée. En lieu et place de celle-ci, le photographe l'accueille avec de l’alcool fort.

Les deux hommes boivent. M.H. finit ivre et n’a pas envie de reprendre le chemin de la maison seul dans la nuit. «Un de ses amis m’a proposé de m’héberger, dit-il. James dormait dans la même pièce, dans un autre lit. Soudain, je me suis réveillé au milieu de la nuit et il était en train de me pénétrer. J’étais sous le choc. Tout ce que j’ai pu faire, c’est lui demander d’utiliser au moins un préservatif.»

Il est aujourd’hui âgé de 27 ans et les souvenirs de cette nuit le hantent toujours. L’année dernière, alors que les accusations ont été révélées, il a failli sombrer dans la dépression. «J’ai suivi une thérapie, raconte-t-il. J’avais refoulé tout ça pendant beaucoup trop longtemps.»

Le jeune homme ne veut pas faire face à l’auteur des faits présumés, au tribunal. Il espère que la justice sera rendue. «J’espère que James N. fera face aux conséquences de ses actes.»

Trois ans de prison demandées

Un autre acte d’accusation décrit une pénétration anale forcée présumée de James N. sur un aspirant photographe de mode, qui avait pourtant répété son refus à plusieurs reprises. Un acte qui serait considéré comme un viol dans le cas de la pénétration vaginale sur une femme, selon la législation en vigueur, et qui sera désigné comme une contrainte sexuelle par le tribunal mercredi.

Les accusations portées contre le patron de l’agence n’en finissent pas: agression sexuelle, lésions corporelles simples, abus sur personne en situation de détresse, acte d'ordre sexuel sur un mineur, désagréments causés par la confrontation à un acte d’ordre sexuel sur un mineur acte d’ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance. Il est également soupçonné d’avoir utilisé de la «drogue du violeur» pour arriver à ses fins.

L’accusation veut voir James N. derrière les barreaux pour trois ans, dont deux avec sursis. L’année dernière, l’avocat de la défense avait évoqué une «campagne de diffamation» médiatique contre son client. Comme l’écrit le «Tages-Anzeiger», il demande l’acquittement partiel.

*prénom d’emprunt

**noms connus de la rédaction

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la