Projet pilote exigé par un PLR
La Suisse va-t-elle expulser des Érythréens vers un pays tiers?

Parce que le gouvernement érythréen n'accepte pas le retour forcé de ses citoyens, le conseiller aux États libéral-radical Damian Müller a déposé une motion pour que la Suisse puisse expulser les Érythréens vers un pays tiers.
Publié: 18.03.2023 à 19:25 heures
|
Dernière mise à jour: 19.03.2023 à 09:17 heures
Tobias Ochsenbein

Si l'on en croit le conseiller aux États lucernois Damian Müller, membre du PLR, la Suisse enverra les demandeurs d'asile d'Érythrée qui ont été refusés en Suisse dans un pays tiers. Il a déposé une motion mercredi. Dans celle-ci, le libéral-radical demande au Conseil fédéral de lancer un projet pilote. Huit autres conseillers aux États ont cosigné la motion. Il s'agit d'une alliance bourgeoise entre le PLR, l'UDC et le centre.

Pour mettre en place le projet pilote, le Conseil fédéral doit rapidement identifier un pays tiers prêt à accueillir des ressortissants érythréens refusés par la Suisse. Le pays en question devrait être dédommagé financièrement. «Il ne s'agit pas de délocaliser la procédure d'asile suisse à l'étranger», explique Damian Müller.

L'Érythrée n'accepte pas les renvois forcés

La raison de la motion surprenante de Damian Müller est la suivante: les autorités érythréennes n'acceptent pas le retour forcé de leurs ressortissants. Seul un retour volontaire est possible, explique le Secrétariat d'État aux migrations (SEM). Selon les dernières statistiques sur l'asile de fin février, 336 ressortissants érythréens tenus de quitter le pays vivent actuellement en Suisse.

Le Conseil fédéral serait en train de réfléchir à lancer un projet pilote qui permettrait d'envoyer les demandeurs d'asile d'Erythrée refusés en Suisse dans un pays tiers. Par exemple au Rwanda.
Photo: Keystone
1/5

«Des requérants d'asile refusés qui vivent en Suisse aux frais de l'aide sociale», dénonce le conseiller aux États lucernois. Cette situation est intenable, selon lui. «Cela devrait permettre de lutter contre les abus en matière d'asile», explique Damian Müller à Blick.

Il poursuit: «Premièrement, ces ressortissants érythréens n'ont pas besoin de la protection de la Suisse. Et deuxièmement, ils occupent des places d'hébergement au lieu d'autres réfugiés qui ont, eux, un besoin urgent de protection.»

Rapatriement comme «solution de dernier recours»

Le rapatriement dans un pays tiers doit être compris comme une «solution de dernier recours», poursuit la motion. Le retour volontaire est préféré à un rapatriement forcé dans un pays tiers.

Le Conseil fédéral peut décider librement avec quel pays tiers il souhaite lancer le projet pilote demandé. Le Rwanda aurait toutefois déjà manifesté son intérêt pour ce type d'accueil. Damian Müller se réfère ici à un reportage de la SRF dans l'émission «10vor10».

Le Rwanda, plaque tournante des réfugiés

Ce pays africain accueille depuis de nombreuses années des personnes réfugiées. L'été dernier, par exemple, le gouvernement britannique avait annoncé que des migrants entrés illégalement dans le pays seraient transportés par avion au Rwanda. Le gouvernement rwandais y mènerait ensuite la procédure d'asile. Les deux gouvernements ont conclu un accord à cet effet.

L'année dernière, la Cour européenne des droits de l'homme a toutefois stoppé un premier vol de migrants vers le Rwanda. Un tribunal britannique a par la suite jugé le projet légal. Les groupes de défense des droits de l'homme estiment pourtant que le plan du gouvernement britannique est illégal, irréalisable et inhumain.

Le Rwanda a déjà conclu un accord similaire avec Israël en 2013. En outre, le Danemark serait également intéressé par le même projet. Le Parlement a adopté en 2021 une loi en ce sens, qui permettrait d'envoyer des demandeurs d'asile dans des pays situés en dehors de l'Europe.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la