Prison genevoise en cause
Un détenu poursuit la Suisse en justice car il n'a pas pu manger végane

La Suisse doit s'expliquer devant la Cour européenne des droits de l'homme. La raison: un détenu helvétique s'est plaint de ne pas avoir reçu une véritable alimentation végane en prison, les gardiens n'ayant ainsi pas respecté son régime alimentaire.
Publié: 31.10.2022 à 15:11 heures
Chiara Luraschi

Un détenu n'aurait pas reçu une alimentation végane adéquate dans une prison suisse. L'activiste a donc porté plainte contre la Suisse devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) à Strasbourg. Un patient en psychiatrie s'est joint à cette plainte contre le pays, comme le rapporte le «Guardian».

La Suisse a été invitée par la Cour européenne des droits de l'homme à répondre à ces accusations. Dans leurs plaintes, les deux hommes véganes indiquent ne pas avoir reçu de repas conformes à leur régime alimentaire lors de leurs séjours respectif en prison et en hôpital psychiatrique.

Refus répétés de servir des repas véganes

En 2018, le militant suisse des droits des animaux, alors âgé de 28 ans, a passé onze mois en détention provisoire à la prison de Champ-Dollon, dans le canton de Genève, pour avoir jeté des pierres sur plusieurs boucheries genevoises. Malgré des demandes répétées, la direction de la prison avait refusé de lui servir des repas véganes.

Un détenu et activiste genevois poursuit la Suisse en justice.
Photo: Pexels
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Peu après son incarcération, l'homme s'était déjà plaint qu'il n'y aurait pas de véritables plats végétaliens pour lui et qu'il ne pourrait se nourrir que des accompagnements, comme le riz, les salades et les pains à burger. Il a refusé de suivre un traitement à base de vitamine B12 et un médecin lui a ensuite diagnostiqué une constipation, des hémorroïdes et une carence en fer.

Le Tribunal fédéral n'est pas entré en matière sur son recours en juin 2020. Le deuxième activiste, s'est joint en 2022 à la première plainte déposée en 2020. Les deux requêtes ont été acceptées par la CEDH à Strasbourg fin septembre 2022.

Le véganisme pourrait être défini comme une croyance éthique

Il s'agit maintenant d'examiner si la prison de Genève a violé le «droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion». La Suisse dispose de trois à quatre mois pour répondre aux questions de la CEDH. Il sera ensuite déterminé si le droit à une alimentation végétalienne doit être ancré dans les prisons et les hôpitaux.

Pour des raisons religieuses, le droit à une alimentation végétalienne dans les prisons est déjà couvert par la loi dans certains pays européens. Mais si la CEDH décide d'étendre ce droit, le véganisme pourrait être défini comme un système de croyance éthique.

(Adaptation par Lliana Doudot)

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