Politique énergétique suisse
L'UDC veut construire de nouvelles centrales nucléaires

L'UDC prend radicalement position sur la stratégie énergétique à adopter en Suisse et propose un plan d'actions. À contre-courant des discours actuels, le parti veut lever l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires dans le pays et mise sur le gaz.
Publié: 31.10.2021 à 10:11 heures
Simon Marti

C’est le scénario du pire: dès 2025, la Suisse pourrait être menacée de coupures de courant en hiver si rien ne change dans la politique énergétique du pays. C’est la conclusion d’une étude du Département de l’énergie dirigé par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. L’UDC, qui s’est toujours opposée à la politique de la ministre PS, a sauté sur l’occasion pour réagir et mettre en avant sa proposition de changement transition énergétique.

Cela fait quelque temps déjà que le parti agrarien veut pousser à un revirement de la politique énergétique et environnementale en Suisse. Une préoccupation qui pouvait faire sourire un temps et pouvait peser peu de choses en comparaison des manifestations pour le climat et des victoires électorales toujours plus nombreuses des Verts et des Vert’libéraux.

Depuis, l’UDC a pratiquement réussi à elle seule à faire échouer la loi sur le CO2 dans les urnes, et plus personne n’a envie de sourire face à leur intérêt pour les questions environnementales et énergétiques. Fin novembre, le parti agrarien ambitionne de présenter un document de propositions et de positionnement sur la politique énergétique à adopter en Suisse. Le SonntagsBlick a pu se procurer une première ébauche de ce rapport qui ne demande rien de moins qu’un changement de cap radical par rapport au «raté de la stratégie énergétique fédérale».

L'UDC veut faire construire des centrales nucléaires modernes de dernière génération, différentes de celle de Gösgen.
Photo: Keystone
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L’UDC calcule

En trois points, voici les propositions du plan énergétique de l’UDC: lever l’interdiction de construire des centrales nucléaires de dernière génération en Suisse, construire des centrales à gaz aux frais de l’État, mais développer le photovoltaïque et l’énergie hydraulique.

Sur ce dernier élément – le seul point de convergence entre l’UDC et le PS – le parti n’hésite pas à souligner les limites de l’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables. «Madame Sommaruga fait le jeu des magnats de l’électricité lorsqu’elle répand leur mantra selon lequel les centrales photovoltaïques en Suisse peuvent simplement être agrandies à volonté», dénonce Christian Imark, conseiller national du parti conservateur. Il dénonce le fait que cette posture a trop longtemps façonné la politique énergétique du pays. «Cette réflexion nous a conduits là où nous sommes aujourd’hui: l’électricité devient rare en Suisse, et cela représente un risque!».

Le Soleurois ne semble pas s’émouvoir du fait que les électeurs ont délibérément tourné le dos à l’énergie nucléaire il y a seulement quatre ans lorsqu’ils ont accepté la Stratégie énergétique 2050: «Le peuple a accepté une interdiction de cette technologie sur la base de fausses hypothèses. Aujourd’hui, beaucoup en décideraient autrement», se convainc Christian Imark. Le conseiller national, qui a déjà milité avec succès contre la loi sur le CO2, s’attend à un nouveau vote «avec une probabilité proche de la certitude»: «Si le Parlement parvient à modifier la loi, le référendum suivra. Mais nous avons montré que nous pouvions gagner», conjecture le Soleurois.

Son parti soutient l’abandon progressif des combustibles fossiles. Toutefois, la sécurité de l’approvisionnement doit primer et être garantie quoi qu’il arrive.

L’UDC estime que la stratégie énergétique de la Confédération nécessiterait à moyen terme le remplacement de 40 à 50 térawattheures d’électricité par an. Or, la Suisse a consommé un total de 55,7 térawattheures en 2020. Pour Christian Imark, cet énorme fossé ne pourra pas être comblé sans l’énergie nucléaire ou le recours à des centrales électriques à gaz.

La gauche continue de défendre la stratégie énergétique

Le député UDC attaque une nouvelle fois la gauche: il l’invite à expliquer à la population «pourquoi, avec la stratégie énergétique si propre, on a maintenant besoin de centrales à gaz, alors qu’on continue à demander à Monsieur et Madame Tout-le-monde de payer pour les émissions de CO2».

De leur côté, les partis attaqués s’en tiennent à leur stratégie énergétique. Le conseiller national PS Roger Nordmann reconnaît que la pénurie d’électricité représente un vrai défi. «Mais la stratégie énergétique peut être réalisée de manière durable et le photovoltaïque en est la clé. Mais cela sera possible à une condition seulement: nous devons commencer maintenant!», avance le conseiller national.

Roger Nordmann balaie d’ailleurs l’idée de construire de nouvelles centrales nucléaires: même si le peuple annulait l’interdiction votée il y a quatre, il faudrait des décennies pour trouver les fonds et les sites nécessaires pour les construire. «Aucune personne connaissant le secteur de l’énergie ne compte encore sur l’énergie nucléaire», conclut le représentant du PS.

Adaptation: Louise Maksimovic

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