Le climat toxique qui règne depuis des mois au sein du Tribunal pénal (TP) tessinois a atteint un nouveau paroxysme avec la publication d'une photo à caractère sexuel envoyée par le président du tribunal, Mauro Ermani, à une secrétaire. Cette révélation a suscité l'indignation dans le canton et les appels à la démission du magistrat se multiplient, rapporte «Le Temps».
Le Conseil de la magistrature a été saisi à plusieurs reprises par les différents juges du TP. Siro Quadri et Francesca Verda Chiocchetti ont d'abord signalé une affaire de mobbing présumé à l'encontre de la secrétaire. Mauro Ermani, le vice-président Marco Villa et Amos Pagnamenta ont riposté en saisissant eux aussi l'instance.
Pénis géants
Le mois dernier, Siro Quadri et Francesca Verda Chiocchetti ont déposé une plainte pénale pour diffamation auprès du Ministère public tessinois. Parmi les documents transmis figure la fameuse photo montrant une femme assise entre deux sculptures de pénis, avec la légende «Ufficio penale» («bureau des poursuites pénales») un jeu de mot avec «pene», qui veut dire peine, mais aussi pénis.
Un comportement jugé inadmissible de la part du président du tribunal. L'avocate Maria Galliani avait initialement été chargée par le Conseil d'État de faire la lumière sur la situation, mais sa nomination a été critiquée en raison de potentiels conflits d'intérêts. Le dossier pénal a finalement été confié au procureur en chef adjoint des Grisons, Franco Passini.
L'histoire «va mal se terminer»
Pour Norman Gobbi, directeur du Département tessinois des institutions, «cette histoire va mal se terminer», cite «Le Temps». Il estime que le fonctionnement même du TP est menacé et que l'image des institutions judiciaires cantonales en sortira ternie.
Le parti de gauche Mouvement pour le socialisme (MPS) demandera au Parlement d'activer la Haute Surveillance lors de sa session du 16 septembre, dénonçant les comportements «honteusement sexistes» et «inacceptables» du juge Ermani.