Maillard à propos des votations sur l'AVS
«L'UDC a un problème avec son électorat»

La population ne veut pas d'un démantèlement de l'AVS. Et encore moins... les partisans de l'UDC. Ils s'expriment fortement en faveur d'une 13e rente et contre le relèvement de l'âge de la retraite. Cela ne sera pas facile pour le parti lors de la campagne de votation.
Publié: 27.07.2023 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 27.07.2023 à 08:18 heures
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Pascal Tischhauser

L'initiative AVS de l'Union syndicale suisse (USS), visant à introduire une 13e rente AVS, se présente plutôt bien. En revanche, et sans surprise, l'initiative populaire des jeunes PLR qui prévoit de relever l'âge de la retraite n'a que très peu de succès. Alors que 68% des personnes interrogées dans le cadre du dernier sondage Tamedia sont favorables au versement d'une rente supplémentaire, 67% d'entre eux rejettent l'augmentation de l'âge de la retraite à 66 ans et plus. La votation sur les deux projets aura probablement lieu au printemps 2024.

L'attitude des partisans de l'UDC est frappante: 70% d'entre eux disent non ou plutôt non au report du départ à la retraite d'un an et à un report ultérieur en fonction de l'augmentation de l'espérance de vie. 70% des sympathisants de l'UDC se prononcent par contre en faveur d'une 13e rente AVS.

Rien ne va plus pour l'UDC. En effet, le conseiller national Thomas de Courten déclarait encore à la fin de l'année dernière, lors du débat aux Chambres sur la votation populaire «Pour une meilleure vie à la retraite» – nom officiel du projet de l'USS – que «l'UDC rejetait l'initiative populaire pour une 13e rente AVS.»

Pour le patron de l'USS, Pierre-Yves Maillard, l'UDC a un problème avec son électorat en ce qui concerne l'AVS.
Photo: Keystone
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Selon elle, une telle extension de l'AVS n'est ni durable, ni finançable. Tout comme le Conseil fédéral, son parti ne voit pas de marge de manœuvre financière pour une 13e rente AVS, expliquait le Bâlois.

Le chef de l'UDC est surpris

Dans les journaux de Tamedia, le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi se montre à présent surpris par le fort soutien des électeurs de l'UDC au versement d'une rente supplémentaire. Il concède que le renchérissement laisse des traces, «mais une 13e rente AVS avec des coûts supplémentaires de 5 milliards de francs par an n'est pas la solution», souligne-t-il. Les problèmes de l'AVS dus au départ à la retraite des baby-boomers et à l'augmentation de l'espérance de vie s'en trouveraient encore aggravés. «Nous devons montrer quelles sont les conséquences financières d'un oui à la 13e rente AVS», estime le président du groupe.

Mais au vu de l'inflation, de la hausse des loyers et de l'augmentation des primes d'assurance maladie, il ne devrait pas être facile pour la direction de l'UDC de faire campagne contre la 13e rente si le soutien au projet est même plus important au sein des partisans du parti que dans l'ensemble de la population.

«Sur l'AVS, l'UDC a un problème avec son électorat»

Le président de l'USS et conseiller national PS Pierre-Yves Maillard déclare d'emblée, en évoquant l'attitude de l'UDC: «L'écart entre la direction du parti et son électorat est historiquement élevé en ce qui concerne l'AVS.» Ce fossé entre le groupe parlementaire et ses sympathisants se creuse de plus en plus souvent en matière de prévoyance vieillesse.

«Sur l'AVS, l'UDC a un problème avec son électorat», poursuit le patron des syndicats. La forte approbation de la 13e rente AVS ne l'étonne pas, «car la perte du pouvoir d'achat des retraités s'accentue». Pierre-Yves Maillard fait également référence à la forte hausse des loyers et des primes pour souligner que «s'il n'y a pas de compensation AVS, il manquera un mois entier de rente d'ici fin 2024.»

Et en ce qui concerne l'initiative pour le relèvement de l'âge de la retraite, le socialiste déclare: «Le refus clair du relèvement de l'âge de la retraite des jeunes PLR illustre le fait que la population ne veut pas d'un nouveau démantèlement des rentes, mais d'une rente garantissant le minimum vital, comme l'exige la Constitution.»

Seul le PLR est pour

La position des partisans de l'UDC est d'autant plus frappante en ce qui concerne l'âge de la retraite lorsqu'on observe que seuls les deux partis de gauche, le PS et les Verts, rejettent encore plus fortement l'augmentation, avec respectivement 82% et 77% de non. Le centre et les Verts libéraux rejettent également le projet. Seuls les partisans du PLR approuvent l'initiative de leur propre parti à 57%.

Sur mandat de Tamedia, l'institut Leewas a posé les 10 et 11 juillet 2023 la question dite du dimanche, qui demande pour quel parti la personne voterait s'il y avait des élections législatives dimanche prochain.

Ce résultat était bien plus réjouissant pour l'UDC: par rapport au pourcentage d'électeurs que le parti avait atteints lors des élections de 2019, l'UDC pourrait gagner 2,3 points. En revanche, selon le sondage, les Verts doivent s'attendre à une perte de 2,5 points.

(Adaptation par Lliana Doudot)

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