«Ma détention fut un calvaire»
Un accusé du procès Raiffeisen parle de sa détention provisoire

Le 25 janvier débutera un des plus grands procès économiques de l'histoire suisse. L'un des principaux accusés du procès Raiffeisen parle pour la première fois ouvertement de son séjour en détention provisoire.
Publié: 02.01.2022 à 14:30 heures
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Dernière mise à jour: 02.01.2022 à 15:36 heures

Beat Stocker, 61 ans, a travaillé pendant de longues années aux côtés de Pierin Vincenz, 65 ans, le patron de Raiffeisen de l’époque. Ce dernier était toujours sous le feu des projecteurs, tandis que Beat Stocker, ex-patron de la société de cartes de crédit Aduno, agissait dans l'ombre. «Avant, lors d’apparitions communes, les photographes demandaient si l’homme à côté de Pierin Vincenz pouvait sortir du cadre», se souvient-il.

Les choses semblent avoir changé. Quelques semaines avant que le plus grand procès de droit pénal économique de la décennie ne s’ouvre au Tribunal de district de Zurich, le 25 janvier prochain, l’ancien conseiller en stratégie a décidé de donner pour la première fois son point de vue sur les événements de l’époque dans les pages de la «NZZ am Sonntag». Il s'est ouvert sur son rôle d'entrepreneur, mais aussi au sujet de sa détention provisoire.

«Agi dans l’intérêt de l’employeur»

L’accusation reproche à Pierin Vincenz et Beat Stocker d’avoir perçu des indemnités irrégulières basées sur des notes de frais illégitimes. Ils auraient profité de leurs rôles de cadres supérieurs au sein du groupe bancaire Raiffeisen et de la société de cartes de crédit Aduno pour empocher des millions.

Beat Stocker, co-accusé dans le procès Raiffeisen.
Photo: ZVG
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Beat Stocker se défend avec véhémence contre les accusations du Ministère public de Zurich. «J’avais le droit d’adopter des positions privées en tant qu'entrepreneur indépendant», proteste Beat Stocker dans la «NZZ am Sonntag». Il argumente même qu'il aurait «toujours agi dans l’intérêt de [son] employeur».

Aujourd’hui, Beat Stocker fait son autocritique. A l’époque, il n’avait pas discuté de ses engagements privés avec le conseil d’administration. Il se souvient bien du mois février 2018: «J’étais encore très confiant lorsque la police cantonale a sonné chez moi à 6 heures ce matin-là. C’est mon avocat qui m’a expliqué la gravité de la situation. Au poste de police, on m’a menotté pour la première fois et j’ai passé la nuit derrière les barreaux avec un homme qui était visiblement sous l’effet de drogues», poursuit Beat Stocker.

«Ça n’allait vraiment pas bien se passer»

Selon lui, le temps passé en prison en tant que multimillionnaire a été un calvaire. A son arrivée à la prison de Pfäffikon, dans le canton de Zurich, on lui a remis une pile de draps et un linge. «Au-dessus, il y avait un préservatif rose. Et puis, on m’a dit: 'Vous pourriez prendre une douche, Monsieur Stocker'. J’ai compris que ça n’allait vraiment pas bien se passer.»

Le procès contre Beat Stocker et six autres accusés débutera le 25 janvier. Les deux accusés principaux, Pierin Vincenz et Beat Stocker, risquent des peines de prison de plusieurs années. Toutes les personnes impliquées bénéficient de la présomption d’innocence.

(Adaptation par Lauriane Pipoz)

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