Les retraités renoncent aux prestations complémentaires
Un quart de million de Suisses ne veut pas d'aide de l'État

Ils ont droit à des prestations complémentaires, mais ne les réclament pas. Près d'un quart de million de retraités sont concernés. Le processus de demande doit être simplifié, estime Pro Senectute Suisse.
Publié: 07.02.2024 à 08:02 heures

Depuis janvier, des dizaines de milliers de retraités reçoivent moins de prestations complémentaires (PC). Certains n'en reçoivent même plus. Des nouvelles règles en vigueur depuis le début de l'année en sont la cause. Certaines personnes n'arrivent même pas à se payer un billet de tram ou un café.

Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle les personnes âgées vivent dans la pauvreté: certaines personnes concernées ne réclament même pas les PC auxquelles elles ont droit.

15,7% des plus de 65 ans ne touchent pas de PC

Lorsque les rentes et les revenus ne suffisent pas à couvrir les coûts minimaux de la vie d'une personne, la loi prévoit un droit légal aux PC. Mais une étude de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) estime qu'environ 15,7% des personnes de plus de 65 ans vivant encore chez elles ne touchent pas de PC, bien qu'elles y aient droit. On parle ici d'environ 230'000 personnes.

Plus de 15% des personnes de plus de 65 ans ne bénéficient pas de prestations complémentaires alors qu'elles y auraient droit.
Photo: Keystone
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Les personnes âgées en situation précaire ont un risque beaucoup plus élevé de s'isoler et de tomber malades. Et elles sont bien plus insatisfaites de leurs conditions de vie. Quelques centaines de francs de PC feraient pourtant une grande différence pour la majorité des concernés. Alors, pourquoi décider de ne pas les percevoir?

Le non-recours aux PC concerne surtout les femmes, les personnes qui n'ont pas la nationalité suisse, les veufs ainsi que les personnes qui n'ont pas suivi de scolarité supérieure. Le phénomène est particulièrement répandu dans les communes rurales.

Stigmatisation et information insuffisante du public

Peter Burri Follath, responsable de la communication chez Pro Senectute Suisse, a une explication pour ces chiffres alarmants: «De nombreuses personnes concernées ne savent même pas qu'elles auraient droit à des PC. Ou alors la procédure est trop complexe pour elles.» La stigmatisation sociale conduit en outre les personnes concernées à considérer l'aide comme un signe de dépendance ou d'échec: elles ont alors honte de demander des PC.

Le représentant de Pro Senectute Suisse affirme que davantage d'explications et d'informations sont nécessaires concernant les personnes qui peut bénéficier de PC, comment elles peuvent le faire et quand. Pour l'expert en communication, ces mesures doivent être discutées publiquement pour permettre une meilleure prise en charge. «Le processus de demande doit être simplifié. Actuellement, il est conçu de manière trop dissuasive et la navigation est difficile.»

Pour de nombreuses personnes, le processus de demande aux PC est à un mur infranchissable. Vous n'êtes pas seul(e). Peut-être y avez-vous droit. Calculez-le ici.

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