Les Force aériennes veulent s'entraîner
Fermer l'autoroute A1 pour que les avions y atterrissent? L'armée y pense

Les Forces aériennes suisses veulent à nouveau pouvoir utiliser les autoroutes comme pistes d'atterrissage temporaires. Un premier exercice devrait avoir lieu dès cet été. Pour cela, l'A1 devrait être partiellement fermée entre Berne et Lausanne.
Publié: 10.01.2024 à 11:49 heures
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Dernière mise à jour: 10.01.2024 à 11:50 heures
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Daniel Ballmer et Sermîn Faki

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les perspectives militaires ont évolué. L'armée suisse veut redevenir capable de défendre le pays le plus rapidement possible en cas d'attaque. Le chef de l'armée de l'air Peter Merz avait suscité la surprise au printemps dernier, en expliquant que l'armée prévoyait de faire décoller et atterrir «à nouveau ici et là» des avions de combat sur les autoroutes.

L'armée a-t-elle vraiment l'intention de fermer des tronçons entiers d'autoroute à des fins d'entraînement? Le Département de la défense (DDPS) soufflait alors le chaud et le froid. D'un côté, il évoquait des planifications éventuelles pour utiliser les autoroutes dans des interventions de défense. D'un autre, il assurait «qu'aucun exercice des Forces aériennes n'aurait lieu dans un avenir proche sur des tronçons d'autoroute.»

L'autoroute A1 doit être fermée à Payerne

Sauf que les recherches de Blick montrent qu'une fermeture de l'autoroute A1 entre Berne et Lausanne, juste à côté de l'aérodrome militaire de Payerne (VD), est déjà prévue pour le milieu de l'année. Le Conseil fédéral se penchera sur ce dossier en janvier. Selon la loi sur la circulation routière, une décision du gouvernement est nécessaire pour une fermeture complète, décision qui est actuellement en préparation au sein de l'administration.

Les avions de combat devraient bientôt à nouveau décoller et atterrir sur les autoroutes suisses, comme ce Tiger en 1985 sur l'autoroute près de Mels (SG).
Photo: VBS/DDPS
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L'idée que les avions de combat puissent décoller et atterrir sur les autoroutes n'est pas nouvelle. Dès la fin des années 1950, en pleine guerre froide, le réseau des routes nationales a été planifié en conséquence. Les scénarios de menace considéraient les pistes d'atterrissage des aéroports comme un point sensible à l'époque. En cas de destruction de celles-ci, les jets n'auraient pu ni décoller ni atterrir et auraient été de facto hors service. 

L'OFROU craint un «véritable chaos routier»

Plusieurs tronçons d'autoroute ont été construits de manière à pouvoir servir de piste d'atterrissage d'urgence. Sur des tronçons d'environ deux kilomètres, ils ont été conçus en ligne droite et équipés de glissières de sécurité centrales faciles à enlever, sans que de la végétation séparent les deux voies. De telles pistes se trouvaient près de Münsingen (BE), Oensingen (SO), Alpnach (OW), Lodrino (TI), Sion (VS) et Flums (SG).

En 1970, un premier exercice a eu lieu sur le tronçon de l'A1 Oensingen-Härkingen. Les pilotes avaient alors pu se poser sur le trançon. «La fermeture complète de l'A1 pendant presque toute la journée, nécessaire pour l'exercice, aurait probablement entraîné aujourd'hui un véritable chaos routier», commente l'Office fédéral des routes (OFROU) sur son site Internet.

Lors de la construction de l'A1 Berne-Lausanne à la fin des années 1990, le tronçon parallèle à l'aérodrome de Payerne a également été construit comme piste d'atterrissage d'urgence. Ainsi, le hangar principal est aujourd'hui encore directement relié à l'autoroute. Les plans prévoyaient que le tronçon puisse être reconverti en l'espace de huit heures.

Concept abandonné?

Aucun exercice n'a en revanche eu lieu à cet endroit. Le dernier en date a été effectué au Tessin en 1991. Après cela, le concept des pistes sur l'autoroute a été abandonné dans le cadre de la réforme de l'armée en 1995. 

Actuellement, l'armée est à la recherche, dans tout le pays, de sites qui pourraient à nouveau être transformés en aérodromes militaires temporaires dans un bref délai. Les localités concernées ne sont pas révélées — et le plan ne serait d'ailleurs activé qu'en cas de défense. L'armée doit d'abord remettre en place des procédures et les apprivoiser. Pour cela, il est prévu de mettre en place des aérodromes mobiles qui transformeraient une autoroute en piste pour les exploiter et les surveiller. 

Le chef des Forces aériennes Peter Merz a toutefois promis: «Nous n'installerons pas de tours de contrôle le long de l'autoroute.» Il y a bien des radars, mais ça, c'est autre chose. 


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