Le personnel de cabine va-t-il passer à l'action?
Voici comment le CEO de Swiss a évité la grève de ses pilotes

Après des mois de négociation, Swiss et ses pilotes ont fini par trouver un terrain d'entente. Le personnel de cabine désire à son tour faire valoir ses droits et ses revendications. Retour sur les dessous d'un accord trouvé in extremis.
Publié: 25.10.2022 à 06:30 heures
Nicola Imfeld

Ce n’est que lundi matin, à 5h30, que Swiss a évité que ses avions ne restent cloués au sol. Grâce, en grande partie, au patron de Swiss, Dieter Vranckx. Le pragmatisme du Belge de 49 ans a été déterminant pour que les parties en conflit se rapprochent durant le week-end, dit-on. L’accord conclu avec le syndicat des pilotes Aeropers est le compromis tant attendu dans le conflit autour d’une nouvelle convention collective de travail (CCT), qui a failli déboucher sur une grève.

C’est un accord qui permet aux deux parties de sauver la face. Les pilotes, qui gagnent jusqu’à 211’000 francs par an vers la fin de leur carrière, ont obtenu une augmentation de salaire, bien qu’elle ne soit pas à la hauteur de leurs attentes initiales. Au lieu d’une augmentation de 10%, ils ont obtenu une compensation de 2% liée au renchérissement et une augmentation de salaire de 2,3%.

Le président du syndicat, Clemens Kopetz, a en outre obtenu pour son personnel plusieurs améliorations concernant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. La plus importante concerne l’horaire de travail. Désormais, les pilotes seront informés de leur plan de vol une semaine plus tôt, soit le 18e jour du mois et non plus le 25e jour. Un succès dans les négociations, après que les deux parties ont marchandé pendant des mois sur des modèles d’horaires de travail différents et complexes.

La menace d'un grounding en raison d'une grève des pilotes a été évitée.
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Ce que pensent les pilotes de l’accord

Pour le reste, le patron de Swiss ne souhaite pas se laisser dicter la planification stratégique par ses pilotes. Les partenariats dits «wet-lease», dans le cadre desquels les vols de Swiss sont effectués par d’autres compagnies aériennes, restent inchangés. Une pratique que la filiale de Lufthansa a étendue sous Dieter Vranckx, dernièrement avec Air Baltic. Aeropers voulait limiter cette pratique, mais a dû céder sur ce point.

L’accord n’est pas encore totalement conclu. Les 1300 pilotes auront le dernier mot après qu’Aeropers et Swiss auront négocié tous les détails. Cela devrait être une formalité. Pour l’instant, les pilotes qui ont accepté de commenter l’accord l’ont qualifié au pire d'«acceptable», au mieux de «très bon». Aeropers souhaite faire passer le vote cette année encore, afin que les modifications puissent entrer en vigueur dès le 1er janvier 2023.

Le personnel de cabine, bénéficiaire collatéral des négociations

Le personnel de cabine pourrait secrètement profiter de cette lutte à couteaux tirés qui a duré des mois entre les pilotes et la filiale de Lufthansa. Le syndicat Kapers est actuellement en négociations avec Swiss. La CCT actuelle est encore valable jusqu’au printemps 2024, mais peut déjà être résiliée en avril 2023.

Le syndicat a désormais pu suivre les étapes de la négociation au deuxième plan. L’accord des pilotes suscite des convoitises, et Swiss ne peut pas se permettre un conflit similaire en aussi peu de temps. Il est bien possible que Kapers et Dieter Vranckx trouvent rapidement une solution en leur faveur à la table des négociations.

Ce qui est clair, c’est que le CEO de Swiss et son entreprise ont évité lundi matin un dommage d’image mondial qu’une grève aurait pu provoquer. En revanche, la conclusion de cet épisode n’est pas aussi positive pour les pilotes. En Suisse, beaucoup n’ont pas compris leurs plaintes. Leur réputation semble durablement entachée.

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