Le nouveau premier citoyen de Suisse
Voici l'homme qui pourra couper la parole aux politiciens à Berne

Le premier citoyen de Suisse a de nombreux droits... dont celui de couper la parole à n'importe quel élu. Mais quels sont les devoirs du socialiste Eric Nussbaumer, le nouveau sonneur de cloche pour l'année à venir?
Publié: 04.12.2023 à 19:55 heures
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Dernière mise à jour: 04.12.2023 à 19:57 heures
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Robin Bäni

Une cloche discrète symbolise le pouvoir du «premier citoyen du pays». Pas une cloche de vache, bien sûr: une cloche officielle! Le président du Conseil national s'en sert lorsqu'un orateur parle sans point ni virgule, lorsque le bavardage au Palais fédéral déborde ou lorsqu'une session commence. 

Lundi, la première session de la nouvelle législature s'est ouverte lundi à Berne sous la Coupole fédérale. Et c'est un nouveau maestro qui agite le grelot.

Un socialiste est le nouveau premier citoyen du pays

Le conseiller national socialiste Eric Nussbaumer est le nouveau premier citoyen du pays pour une durée d'un an. La Chambre haute l'a élu président du Conseil national par 180 voix sur 192. Le Bâlois se retrouve ainsi à la tête de l'Assemblée fédérale. Le titre de «premier citoyen du pays» suggère pouvoir et influence, mais il reste symbolique. 

Le conseiller national socialiste Eric Nussbaumer sera le nouveau premier citoyen de Suisse à partir de 2024.
Photo: Keystone
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Toujours est-il que la sonnette permet désormais à Eric Nussbaumer de donner le rythme de la vie politique à Berne. Il sera de son ressort de décider l'ordre de traitement des sujets, de diriger les séances et les débats et de représenter le Parlement à l'extérieur. Sa collègue de parti Eva Herzog fera de même à l'avenir en tant que présidente du Conseil des États. Certes, la Bâloise ne peut pas jouir du statut de «première citoyenne du pays», mais en tant que présidente du Conseil, elle égale le nouveau sonneur.

Couper la parole aux politiciens? Il en a le droit!

C'est surtout sur les sujets controversés que les deux socialistes auront le plus d'influence. Si autant de parlementaires votent pour ou contre une intervention, les présidents du conseil prennent la décision finale. Ils se basent en principe sur la décision de la commission précédente. Toutefois, cette situation reste rare.

En dehors de leurs tâches de chef d'orchestre, les présidents ne votent pas et se tiennent à l'écart du cirque politique. Ils peuvent déposer des interventions et participer aux débats, mais ne le font généralement pas.

En revanche, les sonneurs de cloches surveillent les parlementaires et veillent à l'ordre sous la coupole. Ils vérifient si les interventions ont été déposées correctement, effectuent un contrôle de présence et peuvent imposer des mesures disciplinaires, notamment lorsqu'un député enfreint les règles d'ordre et de procédure. En cas de récidive, ils peuvent retirer la parole aux politiciens, les bannir d'une séance ou, dans les cas graves, les exclure des commissions pour une durée pouvant aller jusqu'à six mois.

«La chaise est construite de manière inconfortable»

Mais en fin de compte, le «premier citoyen de Suisse» n'est pas un juge, mais un délégué de classe. Il préside une chambre parlementaire dont il fait lui-même partie et veille à ce que le chaos ne s'installe pas – et ce, pendant une année. Ensuite, c'est le vice-président qui prend la relève, pour que les partis se succèdent à tour de rôle.

«Le menuisier a délibérément construit le siège du premier citoyen du pays de manière inconfortable», explique Ruedi Lustenberger, menuisier de formation, qui a lui-même présidé le Conseil national de 2013 à 2014. «Ainsi, personne n'a envie de s'asseoir plus d'un an sur ce siège.» 

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