Le MCG contre la vaccination obligatoire
Mauro Poggia contesté par des élus de son parti

La politique de vaccination du ministre de la santé genevoise Mauro Poggia est attaquée par des élus de sa propre formation, le MCG, a appris Blick. Ses prises de positions tranchées crispent à l'intérieur du parti.
Publié: 02.09.2021 à 15:19 heures
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Dernière mise à jour: 02.09.2021 à 17:55 heures

«Une petite marge de la population considère qu’on ne doit pas lui injecter de vaccin, mais est elle prête à recevoir un virus mortel».

«Un.e soignant.e qui doit prendre en charge des patients potentiellement vulnérables et qui refuse de se faire vacciner contre le Covid-19 est une erreur de casting.»

«La solidarité à l’égard des non-vaccinés a ses limites.»

Depuis des semaines, Mauro Poggia, le conseiller d’Etat chargé de la santé publique genevoise, s’érige comme l’un des politiciens les plus virulents sur le sujet du Covid. Plus précisément sur le thème de la vaccination, omniprésent dans la communication de l’élu du Mouvement citoyen genevois (MCG).

Mardi soir encore, un communiqué du gouvernement genevois annonçait une nouvelle campagne de sensibilisation, dont le but — à moitié avoué — est de se moquer des antivax, ceux-là mêmes sur lesquels Mauro Poggia tape sans relâche. Problème: c’est également sur les nerfs de sa députation que le conseiller d’Etat semble taper. Ses propos agacent au plus haut point la grande majorité des élus de son parti. Etonnant? Pas vraiment. Blick a appris que seuls 4 des 11 élus du parti contestataire sont vaccinés.

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Et ce n'est pas tout. La personnalité de Mauro Poggia – dont il faut rappeler qu’il est d’obédience libérale et a brièvement flirté avec les démocrates-chrétiens avant d’épouser le MCG – semble même cristalliser les tensions au sein de son parti. Parmi les élus les plus virulents (du moins ceux qui osent prendre publiquement position), Francisco Valentin exprime une lassitude largement partagée au sein du groupe parlementaire. «Mauro Poggia s’expose beaucoup dans les médias. Il doit rester dans son rôle de ministre. Il pourrait déléguer certaines communications au directeur de la santé du canton», estime celui qui est également le président du MCG. Non vacciné, Francisco Valentin doit se soumettre à un test PCR près d’une fois par semaine pour des raisons professionnelles.

Un parti de contestation

Pour comprendre le divorce politique entre Mauro Poggia et les élus du MCG, il faut revenir aux fondamentaux du parti. Pour mémoire, le Mouvement citoyen genevois a été créé il y a plus de 15 ans par Eric Stauffer. Celui-ci annonçait la couleur dès le début: le MCG serait populiste et anti-frontaliers. Le recrutement n’a pas été de tout repos, raison pour laquelle les membres du parti sont d’horizons très variés. Après quelques années de gloire, le MCG a perdu de sa superbe et a surtout vu le nombre de ses électeurs chuter. Une situation sans doute liée à l’agressivité de son discours «anti-tout», qualifié de «ni de gauche, ni de droite» à l’époque.

Il n’est donc guère étonnant de retrouver une proportion importante d’antivax dans les rangs du MCG. Tous n’ont toutefois pas une approche radicale. Ana Roch, députée MCG, dit ne pas pouvoir recevoir d’injection contre le Covid pour des raisons médicales. Ce qu'elle regrette. L'élue partage tout de même les critiques d’autres députés MCG contactés par Blick concernant l’omniprésence et l’insistance de Mauro Poggia: «Je comprends sa position, beaucoup moins ses réactions très tranchées.»

Etrange silence d'un bruyant ministre

Contacté par Blick, le conseiller d’Etat Mauro Poggia n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Cela alors que, récemment, il s’est longuement exprimé dans les médias sur son rêve de faire passer à la caisse les non-vaccinés. Cette position provocatrice lui avait attiré les foudres du gouvernement à majorité de gauche, en particulier de son collègue écologiste Antonio Hodgers qui, sur Facebook, lui avait envoyé une volée de bois… vert. Ambiance.

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