Le DFAE «regrette»
L'annonce pour un(e) Secrétaire d'État? Truffée de fautes d'orthographe!

L'offre publiée pour dénicher un ou une candidat(e) à la succession de Livia Leu comme Secrétaire d'État comporte plusieurs fautes grossières d'orthographe. Le DFAE, qui regrette un «manque de qualité», aurait bien fait d'utiliser l'aide des Services linguistiques...
Publié: 22.05.2023 à 17:05 heures
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Dernière mise à jour: 23.05.2023 à 07:34 heures
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Rien n'échappe au stabilo rose de Michel Guillaume. Ou presque: le correspondant parlementaire du «Temps» a repéré trois fautes d'orthographe dans l'offre d'emploi publiée en français pour devenir Secrétaire d'État au Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), mais en a oublié une quatrième.

Qu'importe — les mauvaises langues diront que la barque était déjà bien chargée. Jugez plutôt: en succédant à Livia Leu, vous «assurer» la cohérence de la politique extérieure, vous savez conduire le secteur «publique» et vous communiquez de manière «sure», peut-on lire dans l'annonce apparue vendredi sur les plateformes habituelles. Avec l'erreur bonus: un pluriel manquant à «de bonne[s] compétences».

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De telles fautes auraient fait tache sur n'importe quelle offre d'emploi. Mais lorsqu'il s'agit de l'un des postes les plus prestigieux du DFAE, amené à répondre directement à Ignazio Cassis, cela dépasse la maladresse. Même si l'offre d'emploi a retrouvé assez vite des standards dignes de la Confédération, la publication de la version originale par Michel Guillaume a provoqué de nombreuses réactions sur Twitter.

Le Département des Affaires étrangères cherche à remplacer Livia Leu au poste de Secrétaire d'État.
Photo: keystone-sda.ch

«Encore un exemple où ChatGPT aurait fait mieux», ironise un internaute. «Ça montre juste l'intérêt que Berne a pour les Romands», dénonce un autre. Plusieurs se gaussent du fait que l'offre d'emploi porte justement sur un poste de secrétaire....

Une boulette regrettable, mais anecdotique? Pas forcément. Plusieurs politiciens ont réagi à la publication sur Twitter, à commencer par le président du Centre, Gerhard Pfister. «Ups», a commenté le Lucernois, en allemand dans le texte, en republiant le message, tout comme le conseiller national tessinois Lorenzo Quadri (Lega).

«Contrôle qualité insuffisant»

Comment une telle bourde a-t-elle pu se produire? Sollicité par Blick, le DFAE n'est pas très loquace. Son porte-parole se contente de regretter que des fautes de français «se soient glissées» dans le texte de l'offre d'emploi. «Il est évident qu'il n'y a pas eu de contrôle de qualité suffisant», complète-t-il, tout en précisant que le département n'utilise pas de logiciel pour la traduction.

Ce lundi, toutes les autres annonces publiées par la Confédération ne comportaient, à première vue, aucune erreur, en tout cas pas de cet acabit. «Franchement, c'est assez rare qu'il y ait des fautes, en tout cas aussi grossières», confirme un ancien employé du secteur concerné.

Hasard du calendrier, cette annonce truffée de fautes intervient le même mois que le traitement d'une motion visant à autoriser les débats en suisse-allemand sous la Coupole, qui a fait beaucoup jaser de ce côté de la Sarine.

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Peut-on voir dans ce français approximatif un signe d'un certain mépris alémanique? «Je n'ose même pas imaginer la version en italien», réagissait sur Twitter Sean Müller, professeur assistant en sciences politiques à l'Université de Lausanne.

L'ancien employé de la Confédération ne croit pas à cette thèse. «Ce sont plutôt des fautes d'un mauvais francophone plutôt que du français fédéral, relève-t-il. Souvent, ces offres d'emploi sont bricolées à partir d'anciennes annonces, à la va-vite. La seule critique à formuler, c'est que ce n'est pas très sérieux.»

Ça l'est d'autant moins que la Confédération dispose de Services linguistiques centraux, avec une section dédiée pour le français. Cet organe rattaché à la Chancellerie fédérale a précisément pour mission de traduire tous les textes pour le compte de la Confédération, ainsi que de s'assurer de la qualité des traductions du droit fédéral et de la «Feuille fédérale».

Les traducteurs se font plaisir

Contactés par Blick, les Services linguistiques n'ont pas eu vent de l'offre d'emploi, qui aurait pourtant bien profité d'un petit détour entre ces mains expertes avant publication. Fait peu commun, le site internet des Services (S ou s? L'histoire ne le dit pas) linguistiques de la Confédération regorge de clins d'œils et de références au monde compliqué de la traduction. On y trouve même un article sur «Wokisme et traduction» ou notre récent article sur «Comment (bien) traduire une recette de cuisine»! La liste n'est pas exhaustive, tant il y a des perles.

«Un vieux traducteur de la Confédération écrit lui-même les textes qu’il aurait bien voulu pouvoir lire jeune traducteur», écrit avec malice Dominique Truffaut, responsable du Service linguistique et employé depuis... 1994. Non sans autodérision, le site de la Chancellerie réfléchit à l'impact de DeepL, ce système au nom vaguement évocateur des films érotiques des années 70 (sic!) arrivé à la Confédération à la fin 2020, mais propose aussi une liste des «meilleures» erreurs trouvées dans les messages.

Nul doute que cette offre pour l'emploi le plus prestigieux (mais moins envié?) à Berne aura sa place au Panthéon. Quant aux papables pour ce poste qualifié de «kamikaze», ils sont à trouver ici, dans les pronostics de Blick.

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