Ambiance électrique
Les membres du Conseil d'administration de Credit Suisse sont sur la sellette

La dernière assemblée générale de Credit Suisse promet d'être historique et scrutée de toutes parts. Pour certains membres du Conseil d'administration de la banque, elle pourrait toutefois se transformer en parcours du combattant.
Publié: 04.04.2023 à 06:54 heures
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Dernière mise à jour: 04.04.2023 à 11:01 heures
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Jean-Claude Raemy et Christian Kolbe

Ce mardi matin à 10h30 commencera la cérémonie d'«adieu» de Credit Suisse (CS). Il s'agira probablement de la dernière assemblée générale avant que la grande banque suisse ne soit absorbée par sa rivale historique: l'UBS.

L'ambiance au Hallenstadion promet d'être électrique. Car les actionnaires sont loin d'être satisfaits de la manière dont «leur» banque a été liquidée. On peut supposer que de nombreux petits actionnaires profiteront de cette occasion pour exprimer leur colère. On ne sait pas si les gros actionnaires prévoient de faire de même.

Qui va rester, qui va sauter?

Toujours est-il que le fonds de pension public norvégien («Oljefondet») – le plus grand fonds souverain du monde possède actuellement encore 1,49% des actions de CS – a émis une recommandation de vote claire: il a indiqué quels membres du conseil d'administration doivent être réélus et lesquels ne doivent pas l'être.

Les actionnaires du Credit Suisse s'apprêtent à vivre une dernière assemblée générale houleuse. Le fonds souverain norvégien ne recommande pas la réélection des membres suivants du conseil d'administration.
Photo: Keystone
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Pour la réélection au conseil d'administration (CA), les représentants de l'Oljefondet ne veulent pas réélire les personnes suivantes: Axel Lehmann, Iris Bohnet, Christian Gellerstad, Shan Li, Seraina Macia, Richard Meddings et Ana Pessoa. La réélection des personnes suivantes est toutefois acceptée: Mirko Bianchi, Clare Brady, Keyu Jin, Blythe Masters et Amanda Norton. Lors de la réélection au comité de rémunération, Iris Bohnet, Christian Gellerstad et Shan Li sont, par analogie, refusés, tandis qu'Amanda Norton est approuvée.

Contactés par Blick, les Norvégiens ont refusé de justifier leurs recommandations. Mais une chose est sûre: comme CS continuera d'exister pendant quelques semaines ou mois après l'AG, la banque a encore besoin d'un organe de surveillance.

Toutefois, dans un cas extrême, un seul membre réélu suffirait à satisfaire à la loi, explique Peter V. Kunz, spécialiste du droit des actions: «Je pourrais très bien m'imaginer que l'un ou l'autre a déjà démissionné en son for intérieur et ne serait donc pas si mécontent d'être révoqué.» Démissionner de soi-même serait en revanche un mauvais signe qui pourrait ressembler à un aveu de culpabilité, analyse le spécialiste.

Les organisations suisses clémentes avec Axel Lehmann

Du côté de la fondation d'investissement Ethos, la recommandation de vote est légèrement différente. Axel Lehmann est recommandé pour la réélection, tout comme Mirko Bianchi, Clare Brady et Amanda Norton. Tous les autres sont rejetés. Amanda Norton continue d'être tolérée au sein du comité de rémunération.

Chez Actares, une organisation d'actionnaires individuels, la recommandation de vote est exactement la même en ce qui concerne les personnes. Nicolas Goetschmann, du groupe de travail Banques d'Actares, la justifie comme suit: «Nous recommandons de révoquer tous les membres qui sont présents au CA depuis plus de deux ans.»

Les deux organisations avaient déjà émis au préalable de vives critiques sur ce qui s'était passé à CS avant et pendant son sauvetage d'urgence. Les sociétés internationales de conseil en vote Glass Lewis et ISS (Institutional Shareholder Services) ont également émis des critiques. ISS, qui représente environ 20% des actionnaires de CS, insiste sur la réélection de tous les membres du CA afin de ne pas compromettre l'intégration de CS.

Ordre du jour raccourci

Contrairement à l'ordre du jour initial, le vote ne portera pas sur une «récompense de transformation» pour les membres de la direction. Celle-ci n'a plus lieu d'être puisqu'une transformation n'est plus du tout effectuée – du moins pas comme prévu initialement.

Il n'y aura pas non plus de vote sur la soi-disant décharge du conseil d'administration, CS ayant de lui-même supprimé ce point de l'ordre du jour: «C'est un signe que le conseil d'administration assume ses responsabilités, même s'il n'a pas grand-chose à craindre sur le plan juridique», explique Peter V. Kunz. En effet, les actions en responsabilité sont très coûteuses et donc rares en Suisse.

En revanche, le vote porte sur le versement d'un dividende, bien que celui-ci ait été interdit par le Conseil fédéral. Cela s'explique par le fait que les actionnaires doivent statutairement voter sur ce que l'on appelle «l'affectation du bénéfice». Il n'y aura pas de dividende, mais un vote – inutile – à ce sujet.

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