La Suisse fait partie de l'Agence spatiale européenne
Poser un pied européen sur la lune, un enjeu trés géopolitique

La conférence ministérielle de l'Agence spatiale européenne vient de s'achever à Paris par la sélection des cinq astronautes et des douze réservistes qui s'envoleront dans l'espace dans la prochaine décennie. Un Suisse en fait partie. Objectif: la Lune.
Publié: 23.11.2022 à 22:13 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

L’un d’entre eux sera le premier Européen à poser le pied sur la Lune. Sur sa combinaison, cet astronaute portera deux drapeaux: celui de son pays et celui de l’Union européenne, dont l’Agence spatiale européenne (ESA) est une émanation. Qui sera le successeur de l’Américain Neil Armstrong, premier homme à fouler le sol lunaire le 21 juillet 1969?

Peut-être le Suisse Marco Sieber. Ou bien le belge Raphaël Liégeois. Ou la Française Sophie Adenot. A moins que ce privilège ne revienne à l’Espagnol Pablo Alvarez Fernandez ou à la Britannique Rosemary Coogan. Deux femmes. Trois hommes. Avec pour objectif d’occuper l’une des trois places obtenues par l’ESA sur les futurs vols lunaires de la mission américaine Artemis destinée à transformer la Lune en base arrière d’une future conquête de la planète Mars.

Le sprint spatial est lancé

La Lune. Les Chinois en rêvent aussi. Sous le nom de Chang’e, leur programme d’expédition lunaire prévoit des missions habitées en 2025-2030, soit d’ici la fin de cette décennie. Autant dire que le sprint est lancé. Et que les Européens, à la recherche de symboles forts mais aussi d’une place dans ce futur champ de bataille qu’est l’espace, doivent redoubler d’efforts. C’est sur ce sujet qu’ont cogité, pendant deux jours, les ministres chargés de l’espace réunis à Paris, siège de l’Agence spatiale européenne.

Le Suisse Marco Sieber fait partie des cinq astronautes qui porteront les couleurs de l'Europe dans l'espace. A 33 ans, il a effectué son gymnase à Berthoud (BE), avant d'obtenir un doctorat en médecine de l'Université de Berne. Parachutiste dans l'armée, il possède une licence de pilote privé.
Photo: Screenshot ESA

Leur volonté a été confirmée par un chiffre: une hausse de plus de 15% de son budget qui atteindra 17 milliards d’euros pour les trois prochaines années. A titre de comparaison, le programme Artemis de la NASA, l’agence spatiale américaine avec laquelle collabore l’ESA, affiche un budget de 93 milliards de dollars. La première fusée Artemis, SLS, s’est finalement envolée mercredi 16 novembre depuis la Floride en direction de la Lune, après plusieurs reports de son décollage. Son module Orion s’est ensuite détaché comme prévu et il se dirige aujourd’hui vers le satellite de la Terre. Il doit s’en approcher à une centaine de kilomètres.

La future station orbitale Gateway

Le choix des cinq astronautes européens, tous présentés à la presse à Paris en compagnie des douze réservistes qui les accompagneront dans leur préparation, est plus que symbolique. Il confirme la volonté de l’ESA d’être un acteur à part entière de la reconquête spatiale, en plus de la production d’équipements utilisés dans les missions, comme les modules lunaires. L’ESA est aussi associée à la construction de la future station Gateway, qui permettra d’explorer durablement les alentours et la surface de la Lune, d’effectuer de la recherche spatiale et de démontrer les technologies et les processus indispensables à une future mission vers Mars.

Dans ce module, un sous-module baptisé «Esprit» (pour European System Providing Refueling, Infrastructure and Telecommunications) comprendra un espace de travail pour les astronautes, à la manière d’un module de l’actuelle Station spatiale internationale. Il comprendra également, selon la présentation de l’ESA, «un observatoire à 360° avec une vue à couper le souffle sur la Lune et sur les véhicules spatiaux qui viendront s’amarrer à l’avant-poste lunaire».

La Suisse, partenaire fondateur de l’ESA

22'589 candidatures pour devenir astronautes avaient été reçues par l’Agence spatiale européenne, dont la Suisse est l’un des 22 États membres. La contribution financière de la Confédération s’élève à environ 190 millions de francs annuels, et des fonds supplémentaires helvétiques seront alloués, conformément au mémorandum de coopération signé le 17 mai 2022, en vue de la création conjointe d’un centre d’excellence afin d’anticiper les besoins futurs en matière de technologies spatiales: le European Space Deep-Tech Innovation Centre (ESDI).

Sophie Adenot, la Française retenue pour succéder à l’actuel astronaute Thomas Pesquet – toujours en service – est une ingénieure diplômée de SupAero, à Toulouse, pilote d’hélicoptère militaire. Comme ses collègues, son rêve est de profiter du premier siège vers la Lune sur les vols Artemis 4 et 5. A priori avant 2030.

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