«Je ne vois pas de parité»
Quatre infos à connaître sur le taux de change entre l'euro et le franc suisse

Le franc suisse s'est à nouveau renforcé par rapport à l'euro. Une situation qui s'explique surtout par les différences du niveau d'inflation. Est-ce que la parité entre les deux monnaies sera bientôt rétablie? Deux experts nous répondent.
Publié: 24.08.2023 à 12:30 heures
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Dernière mise à jour: 24.08.2023 à 14:56 heures
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Aline Leutwiler

Vous êtes peut-être parti durant les vacances dans les pays voisins. Si c'est le cas, vous avez pu profiter non seulement du changement de paysage, mais également du franc fort. Mardi, selon le portail financier «Cash», un euro valait 0,9554 franc. Un taux de change qui frôle le point le plus bas de l'année qui était de 0,9538 franc fin juillet.

Alors, pourquoi le franc est-il à nouveau si fort? Thomas Heller, responsable des placements chez Belvédère Asset Management et Beat Schiffhauer, analyste stratégique à la Banque cantonale de Saint-Gall, nous permettent d'y voir plus clair.

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Un franc fort plutôt qu'un euro faible

Le cours actuel s'explique davantage par la force du franc que par la faiblesse de l'euro. «L'euro s'est renforcé par rapport à d'autres monnaies, notamment le dollar américain», explique Thomas Heller. En cause, la récession annoncée dans la zone euro qui n'a finalement pas eu lieu. Au début de l'année, l'euro avait atteint la parité. 

Pourquoi le franc est-il à nouveau si fort? Blick a posé la question à Thomas Heller, responsable des placements chez Belvédère Asset Management.
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Ces derniers mois, c'est au tour du franc de se renforcer à nouveau par rapport à toutes les monnaies du G10. Beat Schiffhauer souligne: «Il y a de nombreux arguments en faveur de la Suisse en tant que pays d'investissement. Les finances publiques saines, l'environnement monétaire stable ainsi qu'une économie robuste.»

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Les différences d'inflation

L'inflation est beaucoup plus faible dans notre pays que dans la zone euro. Selon l'Office fédéral de la statistique, elle se situe en Suisse à 1,6% par rapport à juin de l'année passée, alors qu'elle est de 5,3% dans la zone euro.

L'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir l'inflation à 2% à moyen terme semble bien loin. Pour lutter contre l'inflation élevée, la BCE avait augmenté son taux directeur en juillet dernier. «La Banque centrale européenne évolue sur une corde raide», avertit l'analyste stratégique au Blick. Si elle agit trop fortement contre l'évolution des prix, elle pourrait aggraver la récession.»

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La prochaine hausse du taux directeur aura probablement lieu en automne

Mauvaise surprise, l'inflation se maintient plus longtemps que prévu. Les deux experts s'attendent à ce que la BCE relève une nouvelle fois son taux directeur en septembre. Du côté helvétique, la Banque nationale suisse (BNS) devrait aussi augmenter son taux directeur afin de mettre toutes les chances de son côté dans la lutte contre l'inflation.

Comme la tendance générale de l'inflation est désormais à la baisse, Thomas Heller ne prévoit plus d'interventions majeures des banques centrales. «Aux États-Unis, il n'y aura probablement plus de hausse du taux directeur», dit l'expert. La suite des événements dépendra de l'évolution économique de la zone euro.

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«Je ne vois pas de parité euro-franc»

Le taux de change entre l'euro et le franc devrait se stabiliser à son niveau actuel. Thomas Heller s'attend à un cours d'environ 0,96 franc dans les semaines à venir: «Je ne vois pas de parité euro-franc s'approcher de nous.» Ses projections sont renforcées par la politique de la BNS. Cette dernière vend activement des euros, ce qui affaiblit la monnaie européenne. En revanche, le responsable des placements serait surpris si le cours évoluait dans l'autre sens, c'est-à-dire vers 0,9 franc. 

Beat Schiffhauer rejoint son confrère: «A moyen terme, il y a peu de raisons pour que l'euro s'apprécie par rapport au franc suisse. Pour cela, il faut des signes clairs de reprise économique dans la zone euro.» Les vacances dans les pays voisins devraient donc rester avantageuses pour les Suisses pendant un certain temps encore.

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