«Je compte déposer plainte»
Un nouvel élu de gauche vaudois menacé de mort

Le socialiste Samson Yemane est menacé de mort pour son engagement antiraciste. Le conseiller communal lausannois a partagé lundi un courrier étrangement similaire à celui reçu par Mathilde Marendaz la semaine dernière. Réaction du principal intéressé.
Publié: 11.09.2023 à 14:35 heures
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Dernière mise à jour: 12.09.2023 à 11:22 heures
Léo Michoud

Après la députée vaudoise Mathilde Marendaz le 6 septembre, c'est au tour d'un autre élu de gauche vaudois d'être menacé de mort. Sur son compte X (ex-Twitter), le conseiller communal lausannois Samson Yemane a publié un courrier anonyme reçu lundi matin à son bureau de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR).

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Florilège de citations tirées de cette lettre aux relents nauséabonds ayant pour objet «Mort aux réfugiés»:

  • «Toi sale fils de pute de nègre qui te permet de prendre la défense de tous les bougnoules de nègres et autres saloperies qui viennent se réfugier en Suisse....»
  • «Si la police n'arrive pas à les stopper parce que la justice les relâche aussitôt, on va commencer à chasser du nègre et ça va faire mal, très mal.»
  • «Chaque fois qu'un bateau coule en Méditerranée, c'est festin à discrétion pour les poissons, et nous on sable le champagne... Dommage que tu n'étais pas sur un de ces bateaux !!!»

Pour le socialiste, la même personne, ou le même groupe de personnes, pourrait bien se cacher derrière les deux missives. «Cela semble organisé et ciblé, estime Samson Yemane, joint par Blick lundi en fin de matinée. Madame Marendaz et moi avons tous deux des mandats politiques, défendons des valeurs de gauche et sommes actifs sur les questions de diversité.»

Élu au conseil communal de Lausanne depuis 2021, le socialiste a reçu une lettre de menaces aux contours similaires à celle de la députée de gauche radicale Mathilde Marendaz.
Photo: DR

Deux lettres aux contours similaires

La forme et le contenu des deux courriers sont fort semblables. D'abord, des attaques personnelles quant à l'identité de genre ou l'origine des destinataires. Puis, une liste de «bons conseils» les invitant par exemple à «se retourner» dans la rue et à faire preuve de vigilance. Le plus trash: dans les deux cas, une phrase leur promet une «lame de 20cm dans la colonne vertébrale.» Et de poursuivre: «Non, on ne va pas te tuer, sale bougnoule, mais t'handicaper à vie.»

Élu à Lausanne depuis 2021, le trentenaire s'avoue «surpris et en colère» face à la tournure des événements. «J'ai un sentiment d'impuissance, car je ne connais pas la personne ou le groupe derrière ces menaces. Il y a aussi un peu de frayeur, bien que j'aie déjà reçu à trois reprises des lettres de ce genre.» Pour lui, savoir que Mathilde Marendaz vient de recevoir un courrier similaire rend la situation plus menaçante que d'ordinaire. «Ce sont des personnes avec un plan, une stratégie pour nous intimider.»

Attaqué pour ses opinions antiracistes

Le socialiste se dit «touché directement et indirectement par le discours porté à l'égard des réfugiés» dans cette lettre. Érythréen d'origine, issu d'un parcours migratoire forcé, Samson Yemane est employé comme administrateur au sein de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR). Très engagé contre le racisme en Suisse, il exprimait par exemple dans une interview accordée à Blick que «la Suisse doit reconnaître son passé colonialiste».

Le politologue voit dans cette missive une attaque contre sa liberté d'expression et d'opinion. «Dans un État démocratique comme la Suisse, j'estime que c'est mon droit de m'exprimer librement. Il s'avère que pour certains, cette façon de défendre mes positions est problématique.» Choqué par la violences des mots et des actes décrits, il se dit «déprimé» par ces positions «radicales».

Plainte contre X à venir

C'est la première fois qu'il publie une menace sur les réseaux sociaux. Cette exposition est pour lui un geste de «courage» nécessaire: «Il faut le rendre public pour que ce soit entendu par la justice». Mais il ne s'arrête pas là: «Je compte déposer plainte contre X. Il faut que la justice creuse, enquête et sanctionne les personnes qui sont derrière ce texte.»

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