Intiatives pour une redevance moins chère
Jacqueline de Quattro préfère couper dans le budget du sport que de licencier du monde à la RTS

L'initiative pour une redevance à 200 francs sera votée en 2026. Le Conseil fédéral a proposé un contre-projet, mais dans les deux cas, la RTS devra économiser. La députée Jacqueline de Quattro estime que couper dans le sport et le divertissement est un bon début.
Publié: 20.01.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 22.01.2024 à 09:08 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

D'un côté, il y a le morose, la hausse des primes, l'inflation, la grisaille de janvier. De l'autre, les éclats de joie qui rassemblent, Marco Odermatt qui écrase la concurrence à Wengen, le 13 janvier dernier. La Suisse jubile.

Bientôt finis, ces moments de liesse? En tout cas, la conseillère nationale libérale-radicale (PLR) Jacqueline de Quattro émet l'idée de couper dans le budget des sports pour permettre à la Société Suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) de faire des économies. Dans le divertissement et les sports, pour être exact. Au «19h30» de la RTS du 18 janvier, la députée vaudoise s'exprime sur le départ du directeur général des chaînes de service public, Gilles Marchand. Son remplaçant devra «savoir prioriser» s'il faut faire des économies. «Davantage d’information, moins de divertissement et de sport», précise la députée PLR.

Pas de reportages sur le parmesan

Jointe par Blick, Jacqueline de Quattro estime que la RTS devrait «revenir à sa mission de base». Elle imagine une chaîne aux ambitions réduites. «Cela signifie davantage de contenu et d’informations, moins de jeux et de divertissement. Il n’est pas utile que la SSR fasse concurrence aux chaînes privées, à Netflix, Disney etc. Ce n’est pas son rôle.»

Initiative pour une redevance à 200 ou contre-projet: dans les deux cas, la RTS devra faire des économies.
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Cela vaut aussi pour les reportages. Il n'appartiendrait pas à la télévision nationale «de faire des grands reportages en Italie sur la fabrication du parmesan. Il doit être possible de réaliser des économies avant de devoir licencier 900 personnes ou de menacer de supprimer le contenu régional aux cantons frontaliers. Un service public ne peut pas dire aux Romanches ou aux Tessinois qu'on ne peut plus parler d’eux parce que ce n’est pas rentable!»

Moins de budget sport... moins de sport

Au 19h30, les sports font partie des programmes qui pourraient vivre avec un budget réduit, selon Jacqueline de Quattro. Contacté par téléphone, le rédacteur en chef des sports de la RTS Massimo Lorenzi précise d'emblée qu'il ne s'exprime pas sur le plan politique. «Si c'est une décision politique, on s'y pliera», énonce-t-il. Mais sur le plan opérationnel, le chef des sports opère un constat simple. «Si l'on réduit l'enveloppe budgétaire, il faut faire des économies, et donc diffuser moins. C'est mathématique. Comme aller faire ses courses avec 50 francs plutôt que 100: on achète moins.»

Le journaliste rappelle que le sport ne représente que 15% du budget de la SSR. Et que la Suisse est l'un des pays au monde qui diffuse l'offre sportive la plus variée. Une exception qui pourrait changer. «Ce qui est sûr, c'est que le sport fédère. L'exemple du moment, Marco Odermatt, est un sportif qui est aussi vecteur de culture suisse. Le sport est une forme de culture. Populaire et différente, mais au même titre que la danse ou le théâtre, c'est une culture.»

Droits de diffusion, techniciens, caméras

Immanquablement, tout cela a un coût. Massimo Lorenzi explique ainsi que les droits de diffusion sont un premier pôle de dépense important. La RTS n'avait d'ailleurs pas pu se payer la Ligue des champions depuis la saison 2021/2022 – mais elle sera de retour à l'antenne pour 2024/2025.

Cependant, en plus des droits, la production de contenu sportif entre aussi en jeu. «Une fête fédérale de lutte ou un match de football impliquent la présence de beaucoup de caméras, beaucoup de techniciens. Une course comme Crans-Montana, c'est 20 caméras.» Et réduire le nombre de caméras n'est pas une option pour continuer de répondre aux standards.

240 millions à économiser

Jacqueline de Quattro met en perspective les difficultés de la SSR avec celles «d’autres entreprises qui traversent d’importantes difficultés et doivent trouver des solutions. Y compris des petites structures. J'attends la même chose d'une grande maison.»

Ce potentiel besoin d'épargne s'explique par l'initiative «200 francs, ça suffit», sur laquelle le peuple s'exprimera en 2026. Tout est dans le titre de ce projet de l'Union démocratique du centre (UDC): baisser le coût de la redevance Serafe à 200 francs par an, au lieu de 330.

Le conseiller fédéral Albert Rösti, mal pris car ministre chargé de la SSR et membre du comité de l'initiative, a proposé une parade. Le Conseil fédéral rejette l'initiative et propose ainsi d'abaisser cette taxe à 300 francs par an. Gilles Marchand projette ainsi un déficit de 240 millions de francs, et craint le renvoi de 900 collaborateurs sur 7000.

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