Intervention au Parlement
L'UDC veut activer la clause d'urgence en matière d'asile

L'affaire de Windisch (AG), où des locataires avaient été poussés vers la sortie au profit de réfugiés, ne serait qu'un début selon l'UDC. Mardi, le parti commencera un combat au Parlement contre le droit d'asile actuel.
Publié: 05.03.2023 à 11:08 heures
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Dernière mise à jour: 05.03.2023 à 12:00 heures
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Danny Schlumpf et Peter Aeschlimann

L'UDC passe à la vitesse supérieure. Mardi, le parti déposera un paquet complet d'interventions dans les deux chambres du Parlement. C'est ce qu'a annoncé le chef du groupe parlementaire Thomas Aeschi à Blick.

Le parti demande ni plus ni moins que la suppression de la procédure d'asile en Suisse! L'UDC veut envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile dont la demande est en cours de traitement. Une forme de sous-traitance de l'asile semblable et controversée avait été débattue au Royaume-Uni l'année dernière. Le parti exige en outre une zone de transit fermée le long de la frontière suisse. Les personnes déboutées devraient, quant à elles, être immédiatement expulsées.

Et ce n'est pas tout: Thomas Aeschi souhaite l'activation de la clause d'urgence en matière d'asile. Celle-ci permet, en cas de situation exceptionnelle, d'introduire des mesures extraordinaires – dont font notamment partie les contrôles systématiques aux frontières. «La Suisse doit activer cette clause d'urgence maintenant, assène-t-il. Sinon, cela deviendra incontrôlable.» Le conseiller national veut débattre des propositions de l'UDC lors de la session d'été encore. «Avec l'afflux massif d'immigrés clandestins et de migrants en quête d'asile, la situation est explosive!»

L'UDC fait pression sur la politique d'asile.
Photo: Keystone
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Rien de nouveau dans ces revendications

En 2015 déjà, l'UDC avait demandé l'activation de la clause d'urgence. À l'époque, la crise des réfugiés venait de prendre de l'ampleur. Mais la proposition n'a pas abouti. Le pourrait-elle aujourd'hui?

Au centre de la tempête, de banales maisons du canton d'Argovie: façades sales, toits à pignons, volets bruns. L'UDC en a fait le symbole de tout ce qui ne va pas actuellement en matière de politique d'asile suisse. Lundi dernier, on a appris que 49 locataires de trois immeubles de la commune de Windisch avaient été sommés de partir. Des requérants d'asile mineurs doivent emménager dès que possible dans leurs appartements.

Pour l'UDC, ce cas est un affront – et une pente glissante: «Résilier le bail de Suisses pour y loger des demandeurs d'asile est la pire décision que l'on puisse prendre», a déclaré à Blick Marco Chiesa. Son collègue de parti et conseiller d'État Jean-Pierre Gallati, responsable du dossier des réfugiés dans le canton d'Argovie, a-t-il fait office de pion?

Depuis, Jean-Pierre Gallati s'est excusé auprès des locataires pour cette procédure insensible. Dans les faits, le propriétaire planifiait depuis longtemps la démolition des immeubles. La demande du canton pour utiliser temporairement son bâtiment comme logement pour requérants lui convenait.

Pénurie de logement plutôt que crise de l'asile

L'UDC s'est-elle fourvoyée dans le cas de Windisch? L'expert immobilier du Credit Suisse Fredy Hasenmaile estime en tout cas qu'il est plutôt question d'une pénurie de logements plutôt que de crise de l'asile. «Les réfugiés ne sont pas la cause du manque d'habitations.» Selon le spécialiste, ceux qui argumentent autrement mettent la charrue avant les bœufs: «Le vrai problème, ce sont les mauvaises conditions cadres pour la construction de logements.»

Face à ces nouveaux faits, le chef de l'UDC Chiesa ne s'est toutefois pas rétracté. Au contraire: «Le scandale, c'est que des locataires suisses sont mis à la rue pour faire de la place aux migrants et que le canton d'Argovie y contribue.» Selon lui, le terme d'«utilisation intermédiaire» ne sert qu'à enjoliver la situation.

La commune de Windisch n'est malheureusement «que le début», poursuit le conseiller aux États. Le fait qu'un nouvel investisseur privé veuille démolir pour reconstruire le bien immobilier en question n'est pas le sujet. «Ce sont des décisions privées qui peuvent malheureusement être difficiles pour les locataires.»

Les demandes d'asile augmentent

Depuis le début de l'année, les cantons se sont vus attribuer par la Confédération, en tout et pour tout, environ 800 demandeurs d'asile et de protection à héberger par semaine. Pour 2023, le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) prévoit, dans le scénario le plus probable, 27'000 demandeurs d'asile, mais il est possible que ce chiffre atteigne 40'000.

Selon le canton de Genève, le plus gros problème est la pénurie de logements. Un constat confirmé par l'administration argovienne qui estime que «les objets appropriés sont rares». Même son de cloche à Bâle-Ville, où un ensemble de modules d'habitation de 140 places est actuellement en train de sortir de terre: «Plusieurs constructions protégées sont en outre prêtes à être utilisées en cas de pénurie aiguë d'hébergements.»

Des modules pouvant accueillir jusqu'à 230 personnes seront construits prochainement à Zoug. Plusieurs cantons hébergent les demandeurs d'asile dans des hôtels. Saint-Gall fait savoir que «les structures d'hébergement des demandeurs d'asile sont, à ce jour, très sollicitées».

Hébergement dans un bunker

Le canton d'Argovie a déjà mis en service une installation de bunkers à Muri, il en ouvrira une autre lundi à Birmenstorf. Aarau et Lenzbourg devraient suivre prochainement. Le canton constate que «nous devons par ailleurs nous pencher sur la question de savoir ce qui se passera lorsque ces hébergements d'urgence seront aussi pleins et que de nouveaux hébergements réguliers ne seront pas disponibles à temps». Pour sa part, le canton de Bâle-Campagne déclare que «la situation restera tendue dans les mois à venir».

Au Secrétariat d'État aux migrations, c'est l'alerte rouge. La Confédération s'attend à une augmentation significative du nombre de demandeurs d'asile dans les mois à venir – et prévoit dans certains scénarios la construction de villages de tentes.

La ministre de l'Asile Elisabeth Baume-Schneider doit donc faire face à un défi de taille. L'UDC Thomas Aeschi l'a déjà directement prise pour cible mardi. Il se dit «gravement déçu et choqué» par sa «politique anti-suisse», a-t-il écrit sur Twitter. Cette attaque ne devrait pas être la dernière contre la conseillère fédérale socialiste.

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