Il dénonce «une industrie climaticide»
Un pilote de Swiss démissionne pour sauver la planète!

Ce pilote de Swiss redescend sur terre par conscience écologique, a-t-il annoncé via LinkedIn la semaine dernière. Dans un long post, l'homme explique pourquoi il quitte le milieu, et propose une solution (radicale) pour limiter l'empreinte carbone de l'aviation.
Publié: 11.05.2024 à 07:10 heures
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Qui a dit que tout le monde s'en fiche de l'écologie, dans les milieux de l'aviation? Pas ce pilote de ligne de Swiss — qui a attiré l'attention du média français BFM TV le 6 mai dernier — en tout cas.

Ou plutôt ex-pilote, puisque le romand en question a justement annoncé sur LinkedIn il y a environ une semaine qu'il «quitte le monde captivant de l’aéronautique», car il a «pris conscience de l’ampleur de la catastrophe climatique et de l’effondrement du vivant». De quoi créer un petit phénomène médiatique.

D'autant plus que le post en question a attiré l'attention de quelque 12'000 utilisateurs, sur le réseau social. Dans sa tirade, l'homme s'explique, annonce avoir déjà entamé sa reconversion dans le domaine du droit, et esquisse même quelques idées — plutôt drastiques, mais pas nouvelles — pour diminuer l'impact du monde de l'aviation sur le réchauffement climatique.

Après des années passées en l'air, ce pilote de ligne Swiss Air redescend sur terre pour des raisons écologiques. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock
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«Je ne suis pas naïf»

Le pilote en reconversion commence par s'expliquer: «Je ne souhaite plus être partie prenante d'une industrie contribuant de manière significative au problème (ndlr: du réchauffement climatique).» Et le principal intéressé de nuancer: «Je ne prétends pas agir de la sorte pour lutter directement contre la catastrophe climatique. Je ne suis pas naïf, je serai remplacé.»

Il invoque avant tout la dissonance cognitive induite par son quotidien dans le cockpit: «Mon départ, bien que n'ayant qu'un impact négligeable sur le problème, me permettra d’être plus en accord avec moi-même, avec les politiques que je défends et avec les alertes des scientifiques.» De quoi le faire redescendre sur terre.

Appelle-t-il ses confrères et consœurs à en faire de même, pour sauver la planète? Pas exactement. L'écolo se défend de vouloir faire la leçon à ses pairs: «Je suis également conscient d'appartenir à la catégorie des privilégiés qui peuvent se permettre (...) [de] suivre une formation en parallèle. Loin de moi l’idée de pointer du doigt qui que ce soit travaillant dans une industrie climaticide.»

«Une minorité globe-trotteuse»

Dans le petit roman qu'est cette publication, l'ancien conducteur des airs détaille sa weltanschauung: «C’est notre système économique basé sur la surconsommation (dont les trajets en avion font partie), sur la croissance infinie et sur la maximisation des profits qui doit être repensé entièrement.»

Il en a conscience, il n'y a pas de retour en arrière car «nous aurons toujours besoin de l’aviation, mais la réduction des vols doit être massive», avance-il. Avant de contrer l'argument comme quoi, sans l'aviation telle que nous la connaissons aujourd'hui, les sociétés de par le monde se replieraient (à nouveau) sur elles-mêmes.

L'ex-pilote écrit: «Certes, la possibilité de se déplacer aisément à l’échelle mondiale a parfois permis à une minorité globe-trotteuse de s’ouvrir au monde et d’apprendre à connaître d’autres cultures, mais je pense qu’il est faux de prétendre que le déplacement à l’autre bout du monde en avion équivaut forcément au voyage.»

Une limite de 4 vols par vie?

Et l'homme d'esquisser des idées pour (tenter de) sauver la planète. Pour lui, il est nécessaire de collectivement «interroger notre relation au voyage».

Il invoque le chercheur et conférencier Jean-Marc Jancovici, dont il dit rejoindre la thèse «volontairement provocatrice» mais «lucide». À savoir: «Ne vaut-il pas mieux réellement voyager quatre fois dans sa vie plutôt que de se déplacer chaque année?», sous entendant que oui. L'idée de l'académicien et ingénieur est de fait de limiter à quatre le nombre de vols long-courriers qu'une personne pourrait prendre au cours de sa vie.

Quant aux nouvelles technologies, qui pourraient rendre l'aviation plus écologique-friendly? Le pilote en reconversion n'y croit pas. Carburants dits propres, hydrogène... ces innovations «ne seront pas prêtes à large échelle avant que l’on n’atteigne les points de non-retour en matière de réchauffement», d'après lui. Et, en plus, elles nécessitent «une quantité astronomique d’énergie pour leur production».

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