Fuir une charge fiscale élevée
La Suisse devient un paradis fiscal pour les riches Norvégiens

Voilà qui réjouit les percepteurs fiscaux suisses: l'immigration de Norvégiens fortunés dans notre pays ne diminue pas. Comme la charge fiscale de la Norvège ne s'allège pas, de plus en plus de PME arrivent chez nous.
Publié: 14.05.2023 à 18:00 heures
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Dernière mise à jour: 14.05.2023 à 18:06 heures
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Jean-Claude Raemy

Rien que l'année dernière, 36 Norvégiens fortunés se sont installés en Suisse pour échapper à l'immense charge fiscale de leur pays d'origine – parmi eux, Kjell Inge Rokke, le troisième Norvégien le plus riche du pays. Ce chiffre est six fois plus élevé que la moyenne des années précédentes.

Il ne faut pas s'attendre à ce que l'évasion fiscale des Norvégiens fortunés vers la Suisse prenne fin. Le journal financier norvégien «Kapital» a demandé à 200 des principaux entrepreneurs, investisseurs et particuliers fortunés du pays de donner leur avis sur le sujet. Et il a reçu des retours accablants sur la politique fiscale norvégienne. Le tout accompagné d'intentions ouvertement formulées de quitter le pays pour la Suisse dans un avenir proche.

L'administrateur immobilier et multimillionnaire Truls Herman Holm tire la sonnette d'alarme. «Avec le système fiscal que nous avons actuellement en Norvège, les propriétaires d'entreprises sont soumis à un impôt si élevé qu'ils doivent retirer de l'argent des entreprises pour le payer au lieu de le réinvestir dans les entreprises. Nous en sommes arrivés au point où le mieux pour les entreprises est que le propriétaire déménage à l'étranger.»

Lugano est, avec Lucerne, Zoug et Andermatt, une destination privilégiée pour les riches réfugiés fiscaux norvégiens.
Photo: Keystone
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Envie de quitter le pays

La grande majorité des riches Norvégiens interrogés par «Kapital» estiment que les changements apportés au système fiscal l'année dernière ont eu un impact négatif sur les investissements, l'emploi et la croissance des entreprises. Ce qui leur donne le plus mal au ventre, c'est l'impôt élevé sur la fortune, suivi de l'impôt sur les dividendes. A tel point qu'ils sont de plus en plus nombreux à envisager de faire comme ceux qui ont émigré en Suisse jusqu'à présent. «La fuite des capitaux qui a eu lieu jusqu'à présent ne devrait donc être qu'un début – beaucoup d'argent pourrait encore disparaître du pays à l'avenir», conclut «Kapital».

Les super-riches ne sont pas les seuls à souffrir de la charge fiscale élevée. Dans le journal économique «Finansavisen», Marte Kopperstad, directrice de la banque Nordea, observe ce changement. «Aujourd'hui, ce ne sont plus seulement les clients disposant d'une grande fortune qui viennent nous voir pour discuter d'un déménagement en Suisse. Désormais, de nombreux clients avec une fortune comprise entre 50 et 100 millions de couronnes viennent également.» On parle alors de clients avec des fortunes privées d'environ 4,5 à 8,5 millions de francs suisses.

Changement dans l'imposition

Dans le même journal, l'expert fiscal Geir Peter Hole explique que les Norvégiens fortunés ne s'installent pas en Suisse pour gagner plus d'argent, «ils essaient simplement de conserver l'argent qu'ils possèdent». En effet, pour certains taux d'imposition, le montant n'est pas très différent de celui de la Norvège.

Ce qui a déclenché l'évasion fiscale, ce sont les changements soudains dans l'imposition de la fortune et des revenus latents du capital (bénéfices et dividendes). Ces changements sont entrés en vigueur dès qu'ils ont été connus. Et en Norvège, les accords fiscaux individuels sont totalement exclus. La Suisse peut donc s'attendre à ce que d'autres Norvégiens fortunés viennent s'installer dans le pays tant que rien ne changera dans le système fiscal norvégien.

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