Face au mutisme gouvernemental
Roger Nordmann en remet une couche sur le «cirque de l'UDC»

Que pense le Conseil fédéral des déclarations d'Ueli Maurer sur la crise du Covid? Alors que Guy Parmelin a botté en touche lundi lors de l'heure des questions, le chef de la fraction socialiste Roger Nordmann veut demander des comptes.
Publié: 29.09.2021 à 08:55 heures
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Dernière mise à jour: 29.09.2021 à 09:02 heures
Gianna Blum

Dans les pas perdus du Palais fédéral, Roger Nordmann gesticule dans tous les sens. Le chef du groupe socialiste à Berne en a marre, comme son parti: «Ça suffit maintenant avec ce cirque de l'UDC!», clame-t-il à qui veut l'entendre.

Dans le viseur de la gauche: le conseiller fédéral Ueli Maurer en particulier. Avec la crise du Covid, le septuagénaire de l'UDC s'est permis quelques largesses. Les dernières ont fait le tour du pays, entre le fameux t-shirt des Freiheitstrychler et les déclarations sulfureuses dans une grange de l'arrière-pays zurichois. Le Conseil fédéral a raté sa copie sanitaire, a-t-il estimé en substance.

Guy Parmelin se mure dans le silence

Est-ce un bris de collégialité? Les positions d'Ueli Maurer tranchent en tout cas avec celles de son collègue de parti et de gouvernement Guy Parmelin, qui avait notamment estimé dans notre interview du 1er août qu'il fallait faire payer les tests Covid — à contre-courant de l'UDC.

Pour le PS, le comportement d'Ueli Maurer est une claire rupture de collégialité. Le parti à la rose espérait régler ses comptes lundi, lors de l'heure des questions. Il avait préparé neuf «missiles» pour mettre l'UDC face à ses contradictions.

Il n'en a rien été: Guy Parmelin a laissé les socialistes sur leur faim. «Pas de commentaire», s'est contenté de déclarer le président de la Confédération. Selon le Vaudois, les discussions internes au Conseil fédéral doivent rester au Conseil fédéral. Le collège gouvernemental ne prend donc pas position sur des déclarations de l'un de ses membres.

Le débat n'est pas terminé

Du point de vue de Roger Nordmann, Guy Parmelin aurait pu au moins profiter de cette occasion pour appeler à la vaccination. Comme «Landesvater» (père de la nation) à l'occasion de sa présidence, le Vaudois aurait dû faire preuve de clarté plutôt que de couvrir un de ses collègues.

Le chef de la fraction socialiste ne veut pas en rester là — pour lui, l'épisode Maurer n'est pas clos avec le mutisme gouvernemental. Roger Nordmann veut profiter des traditionnels entretiens de Wattenwyl (rencontres informelles entre les chefs de partis et les conseillers fédéraux, quatre fois par an).

Le prochain «meeting» dans la maison de von Wattenwyl, dans la vieille-ville de Berne, est prévue pour le 12 novembre. Sans les caméras et les micros, il est probable que les protagonistes soient plus loquaces.

L'exemple du Danemark

Il ne s'agit pas de régler des comptes mais de prendre de la hauteur de vue, assure Roger Nordmann. «Le Danemark a réussi, avec une communication claire et transparente de ses leaders politiques, à atteindre un taux de vaccination de 77% de la population. Ce qui a permis de desserrer l'étreinte des mesures par la suite», note le président du groupe socialiste.

La Suisse devrait viser un tel résultat, selon le Vaudois. «Dans une crise historique, le Conseil fédéral doit monter au créneau. Sinon la pandémie ne prendra jamais fin», déplore Roger Nordmann. Avec ses déclarations, Ueli Maurer sape le travail du gouvernement. «Le collège doit faire front. Et cela concerne aussi Ueli Maurer, même s'il a envie de faire cavalier seul.»

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