En tête du programme du parti!
Nouvelle salve des Jeunes UDC face à la «dérive woke»

Les Jeunes UDC font de la lutte contre une prétendue «dérive woke» leur grand cheval de bataille. Le thème est tout en haut du programme de la formation, ce qui provoque certains débats parmi la relève du premier parti du pays.
Publié: 16.02.2023 à 13:03 heures
Dominique Schlund

Les têtes au choco (toujours appelées «Mohrenkopf» outre-Sarine), les glaces Winnetou ou les costumes de Carnaval: des concepts jusqu'ici anodins font polémique face aux accusations d'appropriation culturelle ou de racisme. Une «dérive» qui agace les Jeunes UDC: la lutte contre le «wokisme» figure en tête du programme du parti.

«Le thème est profond et a une portée énorme, justifie le président de la relève UDC, David Trachsel. Il ne s'agit pas seulement de l'écriture inclusive, il en va de notre vie commune: cette idéologie est une mise sous tutelle de la liberté d'expression, et même de la censure.»

Interrogé par Blick, le Bâlois de 28 ans persiste et signe: le «wokisme» n'est autre qu'une «idéologie socialiste». Le but serait de remplacer la société bourgeoise chrétienne par un ordre socialiste, sous couvert de lutte contre la discrimination et d'exigences de justice sociale. Cette définition figure aussi sur le site stopwoke.ch, lancé récemment par les Jeunes UDC.

L'annulation d'un concert de reggae pour des accusations d'appropriation culturelle ne passe toujours pas auprès des Jeunes UDC.
Photo: Instagram/lauwarm_music

Avec des avocats et des... coiffeurs

Même les cheveux décolorés en blond sont considérés comme une appropriation culturelle par certains, comme une professeure américaine. «Nous estimons qu'il est de notre devoir de mettre un terme à cette tendance et à faire comprendre à la population à quel point le 'wokisme' est dangereux», déclare David Trachsel à Blick.

C'est ce qui explique la récente opération des Jeunes UDC visant à offrir des visites gratuites chez le coiffeur aux personnes voulant se teindre en blond. Les jeunes pousses du premier parti du pays assurent également une aide juridique aux étudiants dérangés par les «règles de genre» dans les universités. D'autres mesures sont prévues, promet le chef de file.

En cas de besoin, les Jeunes UDC n'hésiteront pas à actionner la justice, comme ils l'ont fait récemment contre une brasserie du quartier de la Lorraine, à Berne. L'établissement avait annulé l'été dernier un concert de reggae en raison d'accusations d'appropriation culturelle, puisque les musiciens étaient Blancs.

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Un vote de défiance

Le «wokisme» obnubile tellement les Jeunes UDC qu'il s'est frayé un chemin jusqu'au sommet du programme du parti: c'est la priorité numéro 1, et cela ne plaît pas à tout le monde. «Il y aurait pourtant des sujets tellement plus importants», ont confié certains membres de la formation au portail alémanique de «20 Minuten».

Vraiment? Ces voix discordantes n'ont pas vraiment fait le poids lors de l'assemblée des délégués du parti, le week-end dernier. Les Jeunes UDC y ont plébiscité la décision de lancer cette campagne contre la «folie du wokisme», par 49 voix contre 9 et 4 abstentions.

Mais tout n'est pas aussi uniforme: les présidents des sections cantonales des Jeunes UDC ont initié un vote de défiance contre David Trachsel. Le Bâlois a senti le vent du boulet: ce n'est que de justesse, par 8 voix contre 7, qu'il a été maintenu à son poste. «Sans ses alliés au sein de la direction du parti, il ne serait plus à la tête des Jeunes UDC», glisse un membre du comité directeur.

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