«En aucun cas des menaces»
Le chef du gouvernement genevois aurait menacé des élus lors d'un débat houleux

A Genève, Antonio Hodgers est accusé dans une lettre du Centre au Bureau du Grand Conseil d'avoir intimidé deux élus du parti s'ils ne changeaient pas d'avis en marge des débats sur la nouvelle loi climat. Le ministre nie: il parlait des conséquences du vote.
Publié: 04.10.2023 à 18:03 heures
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Dernière mise à jour: 07.11.2023 à 12:11 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Les débats sur la nouvelle loi sur l'énergie, qui auraient pu se clore au Parlement le 21 septembre dernier, se sont-ils envenimés au point d'en arriver aux menaces? C'est ce dont est accusé le président du gouvernement du bout du lac, le Vert Antonio Hodgers, par le parti du Centre. Selon des informations révélées par la RTS, le ministre du Territoire (qui chapeaute notamment l'Environnement et l'Aménagement) est accusé par deux élus, Patricia Bidaux et François Erard, tous deux centristes et respectivement présidente et directeur d'AgriGenève, d'avoir usé de son statut de chef de l'agriculture pour les intimider. Le Centre a écrit un courrier en ce sens au Bureau du Grand Conseil, dénonçant les propos du président du Conseil d'État.

En amont du vote des députés, Antonio Hodgers aurait menacé les deux élus de rétorsion s'ils ne changeaient pas d'avis. Le chef de groupe du Centre a écrit officiellement au Bureau du Grand Conseil genevois, plus haute instance parlementaire.

Rencontre et recadrage

La lettre dénonce le comportement du ministre et réclame une rencontre entre les chefs de groupe parlementaires, la présidence du Conseil d'État (Hodgers et la vice-présidente, la PLR Nathalie Fontanet), et le Bureau. Le but? Un recadrage. Cette dernière instance a tenu à souligner au micro de la RTS que «toute menace faite à une ou un député.e, qui viserait à changer son vote autrement que par des arguments liés au sujet en question, est inacceptable».

Les deux députés qui estiment avoir été intimidés, Patricia Bidaux et François Erard, sont respectivement présidente et directeur d'AgriGenève, l'association faîtière de l'agriculture genevoise.
Photo: DR

«En aucun cas des menaces»

Le Département du territoire affirme que son chef conteste «l'appréciation faite par le parti» centriste, rapporte la RTS, et précise qu'il «s’agissait de propos tenus dans le cadre d’échanges interpersonnels sur les conséquences politiques du vote, qui ne peuvent en aucun cas s’apparenter à des menaces». Antonio Hodgers aurait eu connaissance du courrier adressé à la présidence du Grand Conseil et pris rendez-vous avec les députés qui l'incriminent. Ces derniers n'auraient pas répondu.

«Quoi qu’il en soit, le Bureau du Grand Conseil n’a aucune compétence de remise à l’ordre d’un conseiller d’État en vertu de la séparation des pouvoirs», conclut la porte-parole du département, Pauline de Salis.

Travail «balayé»

Les débats sur la nouvelle loi sur l'énergie sont houleux et n'en finissent plus de faire parler à Genève. La loi, votée en 2010 par la population genevoise, a fait l'objet de deux ans de travail de la Commission parlementaire, un travail qui a été «balayé» par la majorité de droite au Parlement, le 21 septembre dernier, estime Antonio Hodgers. Invité au 19h30 de la RTS une semaine après la session parlementaire, le conseiller d'État a parlé d’une «gabegie» et d’un «dysfonctionnement». Selon lui, la droite privilégie les propriétaires, qui, selon le texte initial, devrait prendre en charge la mise aux normes écologistes de leurs bâtiments en échange d'incitations fiscales. Au point de modifier intégralement le texte. La critique inverse - protéger les locataires - est formulée dans l'autre camp.

Le Conseil d'État a utilisé une particularité genevoise, en accord avec la Constitution, et bloque l'entrée en vigueur de la loi pendant six mois, ou le temps de «rendre des observations». Un processus jugé anti-démocratique par certains députés.

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