Elections cantonales genevoises 2023
Les messages cachés derrière l’annonce officielle de Pierre Maudet

Ce mercredi matin, Pierre Maudet a annoncé sa candidature aux élections cantonales genevoises 2023 via le journal «GHI», puis sur son site. Blick s'est prêté au jeu de l'analyse de texte et décortique pour vous les messages qui se cachent derrière sa lettre ouverte.
Publié: 28.09.2022 à 16:54 heures
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Dernière mise à jour: 28.09.2022 à 17:16 heures
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Il commence son texte par un «Voilà», comme une évidence. Comme s'il savait que tout le monde l'attendait. Après avoir officiellement annoncé sa candidature aux élections cantonales genevoises de 2023 via l’hebdomadaire local «GHI», qui l’a relayée sur son site internet peu avant huit heures mercredi matin, Pierre Maudet s'est fendu d'une déclaration personnelle sur son site web.

«Une nouvelle page s'ouvre avec vous», titre celui dont les mésaventures à Abu Dhabi, en 2015, ont donné lieu à un véritable roman épistolaire... qu'on pensait aujourd'hui achevé. En réalité, ce que nous dit Pierre Maudet, c'est qu'il n'a jamais cessé d'y écrire de nouvelles pages, lui, de son côté. Avant de «nous» y inclure à nouveau, nous autres citoyens.

D'apparence formelle et assez usuelle, à la première lecture, le texte du nouveau candidat, qui se présentera sous la bannière de son parti «Libertés et justice sociale», regorge en réalité d'intentions politiques et d'aveux de force. Nous avons tenté de lire entre les lignes pour débusquer les messages (presque) cachés.

Sur son site web, la communication visuelle de Pierre Maudet en dit presque aussi long que son texte.
Photo: Pierre Maudet
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Il dit qu'il a changé

«Evoluer», «apprendre», «appréhender», «comprendre»... C'est en ces termes que Pierre Maudet décrit ses deux années et quelques passées hors politique institutionnelle. Que ce soit dans le cadre de son poste de directeur de la transformation numérique d'une PME active dans la cybersécurité, ou à la tête de sa Fondation PALM, «qui défend et soutient des projets citoyens».

Pendant qu'il œuvrait ainsi dans l'associatif, le nouveau candidat se targue d'avoir perfectionné ses savoirs dans les domaines de l'écologique, du social, du culturel, du scientifique ou encore de l'éducatif.

Côté emploi, la «transition professionnelle n'a pas été facile», admet l'ancien élu PLR dans sa tribune. Mais, grâce à son «agilité», il assure avoir transformé ce défi en une «chance», et ainsi perfectionné ses connaissances en matière d'économie. Autrement dit: il a mis la main à la pâte. Ce qu'il veut nous communiquer, c'est qu'il a «appris» à la dure. Et il entend bien faire passer le message suivant à ses électeurs potentiels: Pierre Maudet est un homme meilleur – il a changé. Le fait d'avoir traversé une période «pas facile» est censé nous indiquer qu'il a en quelque sorte payé son dû. Qu'il est allé à Canossa.

Il se dit meilleur que le Conseil d'Etat

Cette version Maudet «2.0» tient donc à afficher ses compétences à 360 degrés, dans tous les secteurs évoqués plus haut. «Crises sanitaire, environnementale, énergétique, pouvoir d'achat en baisse, questionnement sur l'avenir des retraites et des métiers» – il se dit prêt à se saisir de toutes ces problématiques... qui incombent entre autres au Conseil d'Etat.

Ce n'est un secret pour personne: le nouveau candidat, d'obédience radicale, n'aime pas beaucoup le Gouvernement genevois actuel. Et il le dit presque: «Pour faire face à ces grandes mutations systémiques que nous traversons, seule une vision partagée et des initiatives plus volontaristes permettront de faire avancer Genève».

Si elles le «permettront», c'est que, selon Pierre Maudet, la Genève actuelle stagne et se sclérose. Car si une «vision positive et audacieuse de Genève» existait déjà, pourquoi se proposer de la «construire»? A travers ces quelques mots teintés de positivisme se cache donc une critique acerbe des autorités actuelles.

Il se dit légitime car sollicité

Mais qui est-il pour porter une «vision» d'avenir pour Genève? Nul autre que celui que tous réclament et attendent, à en croire son texte d'annonce.

«C'est donc porté par tous les Genevois et Genevoises rencontrés ces deux dernières années et lors des permanences, que je brigue à nouveau un siège au Conseil d'Etat.» Comprendre: Pierre Maudet est rassembleur. Plus encore: il est l'émanation même du peuple, qui le réclame.

C'est pour cela que, selon sa logique rhétorique, il est l'ultime rassembleur: «Avancer ensemble pour défendre des projets concrets». Et à ceux qui le suivront, il promet une «prospérité partagée qui bénéficie à l'ensemble de la population».

En réalité... il n'est jamais vraiment parti

Une population qu'il prétend ne jamais vraiment avoir délaissée, au final, à défaut d'avoir conservé son siège. Puisque, à travers sa Fondation PALM, née en 2021, il affirme avoir «souhaité continuer» son «engagement pour la Cité».

Quelles que soient ses intentions, une chose est certaine: les gens n'ont pas oublié Maudet. Et pour cause: en réalité, il n'est jamais complètement parti. Il avait juste éteint les lumières, le temps de jeter son rasoir, changer de costume et de décor. «Voilà».

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