Drogues et sexe
Les Suisses participent de plus en plus à des soirées chemsex

Les soirées chemsex, qui allient drogues dures et relations sexuelles, sont en augmentation en Suisse. Les médecins sont inquiets: les participants oublient souvent de se protéger et risquent de développer des dépendances.
Publié: 30.08.2022 à 12:30 heures
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Dernière mise à jour: 30.08.2022 à 12:32 heures
Céline Trachsel

L'ivresse totale: crystal meth, amphétamines, GHB, kétamine ou coke sont les ingrédients indispensables des soirées dites «chemsex». Les substances sont consommées pour augmenter le plaisir, réduire la honte ou s'adonner à des pratiques qui seraient douloureuses sans drogue. Et ces soirées sont de plus en plus populaires ces dernières années, rapporte le «20 Minuten». Les experts ne parviennent pas expliquer pourquoi exactement. Leur hypothèse est que les applications de rencontre et les réseaux sociaux sont en partie responsables de cet intérêt exponentiel: les rencontres sont plus faciles à organiser.

De plus en plus de patients

Ce qui est sûr, c'est que les soirées chemsex inquiètent. «La tendance est à la hausse. Nous traitons de plus en plus de patients», s'alarme Claudia Bernardini, spécialiste au centre de médecine de l'addiction Arud à Zurich à «20 Minuten».

Le problème? Sous l'influence des substances, les participants oublient de mettre des préservatifs, ou pire encore, de prendre PreP, un médicament qui aide à protéger contre la transmission du VIH. En outre, le risque de développer une nouvelle dépendance est élevé.

Les soirées chemsex se déroulent généralement dans un cadre privé.
Photo: Shutterstock

«Les substances abaissent le seuil d'inhibition»

Les soirées chemsex ne sont pas une nouveauté. La tendance vient de Londres et de Berlin. En Suisse, de telles rencontres sont organisées dans des appartements et des locaux privés. Pour Claudia Bernardini, il s'agit d'un «phénomène underground». Il n'existe donc pas de chiffres précis.

L'infectiologue s'occupe elle-même de patients qui ont participé à des soirées chemsex. Il s'agit en grande partie d'hommes âgés de 20 à 50 ans, issus de toutes les couches sociales. Elle détaille: «Certains ont honte de leur orientation sexuelle ou de leur corps, ou ont des difficultés avec la solitude et n'osent pas vivre leurs désirs sexuels. Les substances leur permettent d'abaisser ces inhibitions.»

Afin de permettre un échange entre spécialistes, le centre de médecine de l'addiction Arud et le Checkpoint Zurich organisent en septembre le premier congrès sur le chemsex en Suisse. Il s'agit d'informer sur le sujet et de lutter contre les stéréotypes et la discrimination.

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