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Déjà 2100 d'entre eux en Suisse
La Suisse accorde le statut de protection «S» aux réfugiés ukrainiens

La conseillère fédérale en charge du Département fédéral de justice et police (DFJP) s'est exprimée vendredi au sujet des réfugiés ukrainiens, qui déferlent sur l'Europe occidentale via la Pologne et commencent à arriver en nombre en Suisse.
Publié: 11.03.2022 à 14:16 heures
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Dernière mise à jour: 11.03.2022 à 16:18 heures

À l'est, la guerre gronde et la population civile fuit les combats. Certains jusqu'en Suisse. L'arrivée sur le sol helvétique des Ukrainiens fuyant l'invasion russe sera facilitée. Le Conseil fédéral, largement soutenu par les acteurs concernés, a décidé vendredi de leur accorder le statut de protection «S». Certains ressortissants non ukrainiens pourront aussi en bénéficier.

«Plus de 2,5 millions de personnes ont fui la guerre en Ukraine. La plupart se trouvent en Pologne. Nous ne savons pas combien de réfugiés arriveront en Suisse, ni quand. Nous devront être pragmatiques, et nous devrons être flexibles», a indiqué la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter lors d'une conférence de presse vendredi.

«Les réfugiés auront besoin de notre protection»

Plus de 2100 réfugiés ukrainiens se sont déjà annoncés en Suisse. Les capacités d'urgences de la Confédération permettent habituellement de loger 9000 personnes. «Tant que la guerre durera, les réfugiés auront besoin de notre protection», a souligné Karin Keller-Sutter.

«Tant que la guerre durera, les réfugiés auront besoin de notre protection», a indiqué Karin Keller-Sutter.
Photo: keystone-sda.ch

Pour la conseillère fédérale, il ne faut pas s'attendre à ce que les réfugiés retournent rapidement en Ukraine. Elle estime également que Vladimir Poutine profite des vagues de réfugiés pour déstabiliser l'Europe. Selon le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, la guerre en Ukraine pourrait entraîner le déplacement de 15 millions de personnes.

Statut effectif dès samedi

Ce statut de protection spécial, effectif dès samedi, est activé pour la première fois depuis sa création à la suite des guerres de Yougoslavie dans les années 1990. Il permettra aux Ukrainiens d'obtenir un permis «S».

Le droit de séjour est d'un an, mais il peut être prolongé aussi longtemps que les personnes sont exposées à un danger grave. Les réfugiés pourront également faire venir des membres de leur famille. Tous pourront voyager librement. Karin Keller-Sutter en a appelé aux cantons, aux communes et à la société civile à prendre part à cet effort.

«Pour les personnes concernées, il est important de savoir qu'elles disposent de ce statut dès qu'elles posent le pied sur sol suisse», a déclaré Fredy Fässler, président de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police.

Alignement sur la solution européenne

Le mécanisme correspond dans une large mesure à la solution adoptée la semaine dernière par l'UE, précise le Conseil fédéral dans un communiqué. Il a toutefois décidé d'aller plus loin en accordant ce statut spécial également à certains ressortissants d'Etats tiers chassés par la guerre.

Seuls ceux qui ont obtenu un permis de séjour valable en Ukraine avant la guerre et qui n'ont pas de possibilité de rentrer de manière sûre dans leur pays d'origine auront droit à ce statut, qui ne sera pas accordé aux personnes qui ont déjà obtenu un statut de protection dans un autre Etat de l'UE. Les sans-papiers ne sont pas concernés.

Accès immédiat au marché du travail

Emploi, accès à l'école, regroupement familial, cours de langue ou encore soutien psychologique: les cantons s'apprêtent à mettre en place différentes mesures pour accueillir et intégrer les réfugiés fuyant la guerre en Ukraine.

Le statut de protection «S» permet un accès immédiat et complet au marché du travail et à l'école. Fredy Fässler a souligné que l'intégration sur le marché du travail devrait être facilitée autant que possible. «La Suisse doit venir en aide aux réfugiés de manière simple et sans bureaucratie», a-t-il déclaré.

Les enfants doivent pouvoir rapidement aller à l'école. Et les adultes poursuivre une activité lucrative qui correspond à leur niveau de formation. «Nous ne voulons pas les pousser vers des professions à bas salaire ou vers la pauvreté.» La détresse des Ukrainiens est au centre des préoccupations.

Le besoin de mesures d'encouragement à l'apprentissage des langues est en cours d'évaluation. Fredy Fässler a également sensibilisé quant au besoin d'accompagnement psychologique dont auront besoin certains réfugiés.

L'expérience de la crise de 2015

«Nous n'avons encore aucune expérience dans l'accueil de ces réfugiés bénéficiant du statut 'S' mais nous pouvons nous baser sur notre expérience lors de la crise migratoire de 2015», a déclaré vendredi devant les médias à Berne la conseillère d'Etat glaronnaise Marianne Lienhard, vice-présidente de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales. Fredy Fässler s'est également montré confiant à ce sujet.

Karin Keller-Sutter s'est montrée optimiste quant à l'intégration des Ukrainiens, dont les mœurs européennes sont similaires à ceux des Suisses. «Kiev est une grande métropole européenne comme une autre, a-t-elle déclaré. Des cours de langue seront évidemment nécessaires.»

Enregistrement d'abord, puis répartition

À la question d'un journaliste au sujet de la répartition des réfugiés, Christian Schraner Burgener, du secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), a indiqué que l'enregistrement des réfugiés était la priorité du gouvernement, la répartition venant par la suite.

Les cantons reçoivent 1500 francs par réfugié placé de la part de la Confédération, soit 18'000 francs par mois, a précisé Karin Keller-Sutter, qui a également tenu à rendre attentif au fait que des étapes de répartition supplémentaires pourraient avoir lieu avec des États de l'Union européenne dans le futur. La conseillère fédérale a également indiqué que l'Agence européenne de contrôle des frontières, Frontex, allait être renforcée.

«Il va falloir tenir la solidarité actuelle dans le temps», a-t-elle encore averti, soulignant que dans le futur, si la guerre s'éternise, il ne faudrait pas l'oublier.

(ATS/cua)

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