Des «pseudo-innovations» trop chères
Le coût des médicaments atteint des niveaux jamais enregistrés en Suisse

Selon un récent rapport, le prix des médicaments contre le cancer ou le diabète explose et pèse sur l'assurance de base. Certains y voient l'ombre de l'industrie pharmaceutique, accusée de provoquer cette flambée avec des «pseudo-innovations» trop chères.
Publié: 04.12.2023 à 18:34 heures
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Sarah Frattaroli

En 2022, l'assurance de base a lâché 8,5 milliards de francs pour que les Suisses puissent avoir des médicaments. C'était 4,4% de plus que l'année précédente et un record historique, d'après nouveau rapport sur les médicaments de l'assureur Helsana.

Au cours des dix dernières années, les coûts des médicaments ont augmenté de... 50%! Selon Helsana, un franc de prime sur quatre sert aujourd'hui à payer des médicaments. Au vu de l'augmentation constante des primes d'assurance-maladie, le sujet est d'autant plus piquant.

Les anti-cancer remportent la palme des médicaments les plus couteux

La palme revient aux médicaments contre le cancer: ces derniers pèsent près 30% du coût total des médicaments pris en charge. Et ce, même s'ils représentent à peine 2% des médicaments achetés.

Les coûts des médicaments en Suisse atteignent un niveau record.
Photo: Keystone
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D'autres traitements, comme ceux contre la migraine, l'hyper-activité chez les adultes ou le diabète ont également largement alourdi le sac de l'assurance de base: «Les traitements contre le diabète ont entraîné à eux seuls une augmentation des coûts de 50 millions de francs», se lamente Helsana.

Selon le rapport, seuls les traitements contre le VIH ont épargné l'assurance de base. Ainsi, les thérapies antirétrovirales coûtent aujourd'hui 14'300 francs par patient séropositif. Il y a cinq ans, le même traitement coûtait 4000 francs de plus.

La branche pharmaceutique s'en lave les mains

Dans leur rapport, les assureurs mitraillent les industriels de la pharma: «Les nouveaux médicaments sont souvent chers et pas toujours meilleurs que les précédents», critique Manuel Elmiger, auteur du rapport pour Helsana. «Le public doit pouvoir compter sur des prix juste pour leurs médicaments. Même pas quand il s'agit de pseudo-innovations.»

Pas de quoi ébranler les certitudes des industriels, qui rappellent à l'envie qu'ils ne fixent pas les prix eux-mêmes: «L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) contrôle chaque année les prix d'un tiers de tous les médicaments couverts par l'assurance de base. Il les compare même aux prix fixés à l'étranger.»

Lors du dernier contrôle, l'OFSP a annoncé début novembre avoir baissé les prix de 350 médicaments de 10% en moyenne, afin de récupérer 120 millions de francs. Mais on ne sait toujours pas si cet objectif sera atteint...

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