Des centaines d'emplois supprimés
Voici pourquoi les entreprises suisses réduisent massivement leurs effectifs

Au cours des dernières semaines, de nombreuses entreprises suisses ont annoncé d'importantes suppressions d'emplois. A quoi est dû ce licenciement massif et généralisé? Quels sont les secteurs particulièrement touchés par ce phénomène? Décryptage.
Publié: 26.10.2023 à 16:25 heures
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Martin Schmidt

Depuis des semaines, des entreprises des quatre coins de la Suisse font les gros titres avec des suppressions d'emplois à grande échelle. Entre les mois de septembre et octobre, les choses se sont enchaînées pour toutes ces entreprises.

Dernièrement, le fabricant de machines textiles Rieter a annoncé jusqu'à 900 suppressions d'emplois. Le fabricant de masques Flawa à Saint-Gall a aussi pris congé de 49 de ses 67 employés en août. Il y a quelques jours de cela, La Poste annonçait sa restructuration. Le fabricant de confitures Hero va aussi supprimer 50 postes sur 200 à son siège principal. Sans parler des médias qui licencient de plus en plus d'employés

Mais pas de panique: il reste de l'espoir. Selon les derniers chiffres du Swiss Job Market Index, le nombre d'offres d'emploi publiées au cours des 12 derniers mois a augmenté de 7%, toutes professions confondues. L'indice est publié par l'agence de recrutement Adecco en collaboration avec l'Université de Zurich. Le nombre d'annonces a notamment augmenté de manière très importante dans le secteur de la construction.

Le fabricant de machines textiles Rieter souffre d'une baisse massive de commandes.
Photo: Keystone
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Pas de schéma type

Parmi ces nombreux licenciements collectifs, il ne semble pas y avoir de logique claire. Des entreprises de secteurs très différents sont concernées. Et les raisons des suppressions de postes varient fortement d'un cas à l'autre.

Dans le cas du pionnier du vélo électrique Flyer, les responsables ont évalué la croissance future du marché de manière beaucoup trop favorable, alors que les ventes avaient nettement chuté au cours des deux dernières années. Il est donc nécessaire de corriger le tir aujourd'hui.

Dans un tout autre registre, un gros imprévu a été fatal à l'entreprise Flawa: du jour au lendemain, une grosse commande représentant plus de la moitié du chiffre d'affaires a été perdue. L'entreprise a décidé de supprimer la majeure partie de son personnel pour prendre du recul sur cette situation.

La situation économique met les entreprises à rude épreuve

La situation économique a aussi sa part de responsabilité dans cette épidémie de licenciements. Dormakaba, l'un des trois plus grands fabricants de clés au monde, a de son côté partiellement délocalisé des postes à Sofia, en Bulgarie. La raison de cet exil? Le marché suisse est de plus en plus coûteux pour les entreprises industrielles. «Le franc fort et la faible conjoncture dans des pays clients importants comme l'Allemagne mettent l'industrie à rude épreuve. Je pars donc du principe que l'industrie va perdre du terrain», déclarait le mois dernier Roger Reist, le responsable Treasury & Markets et Clientèle commerciale, à Blick.

Le fabricant de cosmétiques Estée Lauder, qui veut «optimiser» son usine de Lachen, dans le canton de Schwyz, souffre également des coûts de production élevés. Le fabricant de machines textiles Rieter souffre quant à lui d'une baisse des entrées de commandes.

Le groupe Galderma, connu pour ses crème solaires Daylong, justifie sa réduction de personnel par le contexte économique difficile, fait d'inflation, de difficultés d'approvisionnement, d'instabilité géopolitique et de forte hausse des taux d'intérêt. L'entreprise prévoit toutefois son entrée en bourse, qui pourrait bien être la plus grande de Suisse de ce millénaire. Il est donc probable qu'on l'accuse plutôt de vouloir encore gonfler ses chiffres pour les investisseurs.

Une croissance largement inférieure à la moyenne

La caisse maladie bâloise Sympany a enregistré une perte de 61,5 millions de francs au cours de l'année dernière. Elle doit désormais tirer la sonnette d'alarme d'urgence. Le groupe hospitalier saint-gallois est, lui aussi, contraint de prendre d'importantes mesures d'économie en raison de sa situation financière difficile.

Le contexte économique reste généralement tendu. Le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) part du principe que l'économie suisse connaîtra une croissance nettement inférieure à la moyenne en 2023 et 2024. Il est donc probable que d'autres entreprises réduisent leur effectif dans les mois à venir. Mais comme précédemment énoncé, il reste de l'espoir: de nombreuses entreprises créent aussi des nouveaux emplois.

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