Des bénéfices records grâce à la BNS
BCV, UBS, Pictet.... Voici les banques suisses qui amassent le plus d'argent

La plupart des banques ont augmenté leurs bénéfices en 2023 grâce à des taux d'intérêt plus élevés, comme le montre une évaluation du journal «Handeslzeitung». Même si on enlève l'UBS, les résultats sont énormes.
Publié: 16.05.2024 à 17:40 heures
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Dernière mise à jour: 17.05.2024 à 10:02 heures
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Michael Heim

A l'exception de la vente forcée de Credit Suisse, l'année dernière a été extrêmement lucrative pour la place bancaire suisse. Les bénéfices ont été plus importants que jamais. C'est ce que montre l'analyse par la «Handelszeitung» des rapports d'activité des principales banques et groupes bancaires, qui représentent environ 90% de l'activité bancaire suisse en termes de bilans.

Il ne faisait aucun doute qu'un record serait établi avec le rachat du Credit Suisse par l'UBS pour seulement 3 milliards de francs. Pourquoi? Parce que ce rachat allait entraîner d'importants bénéfices comptables pour l'acquéreur. Mais même sans les 23 milliards de francs de bénéfices de l'UBS, les autres banques passées au crible par la «Handelszeitung» ont presque atteint les 10 milliards de francs. Et dépassent ainsi de 30 millions de francs de la déjà bonne année 2021.

Les banques cantonales affichent des bénéfices élevés

Après l'UBS, c'est le groupe des banques cantonales qui a réalisé le plus de bénéfices avec 4,3 milliards de francs, suivi en troisième position par les banques Raiffeisen avec 1,4 milliard au total.

Pour Credit Suisse, 2023 a marqué la fin de son histoire. Pour presque toutes les autres banques suisses, l'année dernière a été synonyme de bénéfices plus élevés.
Photo: Keystone

Seule la Banque cantonale de Zurich (ZKB) a réussi à dépasser la barre du milliard avec ses 1,2 milliard de francs. Pictet (577 millions de francs), Safra Sarasin (470 millions) et la Banque Cantonale Vaudoise (469 millions) se sont également hissées en haut du classement. La plupart de ces banques ont réussi à augmenter leurs bénéfices. Dans le top vingt, seules les banques de gestion de fortune Pictet, Julius Baer, Lombard Odier et Vontobel ont subi un recul.

Le plus grand sponsor des banques l'année dernière a été la Banque nationale suisse (BNS) et sa politique de taux d'intérêt. La hausse des taux d'intérêt à partir de l'été a permis à presque toutes les banques de réaliser des gains d'intérêt en forte hausse. La plupart d'entre elles ont d'abord augmenté les taux d'intérêt des crédits et n'ont fait suivre que plus tard les remboursements des soldes créditeurs des clients. Et cette fois, le jeu a affecté leurs marges.

Et les chiffres sont impressionnants. Le groupe des Banques Cantonales a réalisé en 2023 près de 1,6 milliard de francs de revenus nets supplémentaires provenant des opérations d'intérêts, ce qui correspond à une augmentation de 24%. A elle seule, la ZKB a gagné 418 millions de francs supplémentaires grâce aux opérations de bilan. Chez Raiffeisen, le produit des intérêts a augmenté de 20%, soit un demi-milliard de francs.

Recettes records pour de nombreuses banques suisses

Au total, ces banques ont gagné 3,3 milliards de francs (ou 22%) de plus dans les opérations d'intérêts. Ceci en faisant abstraction de l'UBS, pour laquelle il y a apparemment eu d'importants effets spéciaux liés à la reprise de Credit Suisse, qui se sont manifestés au sein du résultat des opérations d'intérêts.

Les banques actives principalement dans le domaine des placements ont également profité du bonus de la BNS. Chez Safra Sarasin, par exemple, le résultat des opérations d'intérêts a augmenté de 44% pour atteindre 460 millions de francs. Swissquote a presque triplé ses recettes d'intérêts pour atteindre 213 millions. Mirabaud a tout de même doublé ses recettes et Vontobel a augmenté son résultat des opérations d'intérêts de 77%.

Seules les petites banques de crédit n'en ont pas profité

Qui n'a pas pu profiter de la hausse des taux d'intérêt? Parmi les rares perdants – cinq banques seulement se distinguent par la baisse de leurs revenus d'intérêts – on trouve les instituts de petit crédit Cembra et Bank-now. Alors que Cembra, cotée en bourse, a enregistré une baisse de 3% de ses revenus d'intérêts, Bank-now, filiale de l'UBS, a même enregistré une baisse de 7%.

La raison est simple: dans le secteur des petits crédits et des cartes de crédit, les taux d'intérêt sont plafonnés par la loi. Et comme ces plafonds n'ont été que tardivement – et légèrement – relevés, les banques de crédit ont dû emprunter de l'argent plus coûteux sur le marché, sans pouvoir exiger en contrepartie des taux d'intérêt plus élevés de leurs clients. Pour les établissements qui vivent des opérations d'intérêt, il s'agit d'une restriction sensible. Le cours de l'action de Cembra a d'ailleurs nettement baissé en 2023 et ne s'est redressé que lorsqu'il est devenu évident que les hausses de taux de la Banque nationale allaient prendre fin.

Safra Sarasin augmente son bénéfice depuis des années

Si l'on regarde les statistiques des bénéfices sur plusieurs années, on constate des schémas intéressants, surtout dans le domaine de la gestion de fortune: alors que les deux leaders Pictet et Julius Baer affichent des bénéfices en baisse pour la deuxième année consécutive, ce sont surtout Safra Sarasin et EFG qui se distinguent.

Avec un bénéfice net de 470 millions de francs, la banque bâloise Safra Sarasin, volontairement tenue à l'écart du public par ses propriétaires, a même dépassé Julius Baer, qui a dû procéder à d'importantes dépréciations en raison de ses crédits Benko douteux. Son bénéfice n'atteignait plus que 453 millions. Contrairement aux affaires volatiles de la Julius Bar, l'évolution du bénéfice de Safra Sarasin semble avoir été tracée à la règle.

Le bénéfice d'EFG International, qui s'est classé l'an dernier au quatrième rang des banques de gestion de fortune, augmente de manière tout aussi constante, bien qu'à un niveau plus bas. EFG semble avoir entre-temps bien digéré le rachat de la banque tessinoise BSI, lancé en 2016. Un détail à ne pas sous-estimer: l'acquisition a été réalisée par le patron d'EFG de l'époque, Joe Straehle, qui voulait déjà acheter la banque tessinoise lorsqu'il était à la tête de Safra Sarasin.

Credit Suisse, GAM et HSBC dans le rouge

Et qui sont les perdants sur la place bancaire? Tout d'abord, et bien sûr, Credit Suisse qui, après une ruée bancaire sans précédent, a dû être sauvé au printemps 2023 par un rachat de l'UBS. A part elle, seules deux établissements importantes se sont distinguées par des pertes en 2023: le gestionnaire d'actifs GAM, qui enregistre des pertes continues depuis 2018, s'est également retrouvé dans le rouge en 2023 avec 82 millions de francs. C'est tout de même nettement moins que les 290 millions de l'année précédente.

La filiale suisse de HSBC affiche une perte importante de 353 millions de francs. Cela s'explique par des coûts extraordinaires et en partie purement comptables suite à une restructuration du groupe, comme le souligne le service de presse. D'un point de vue opérationnel, HSBC aurait enregistré un bénéfice de 29 millions de francs. La mère britannique ne semble pas douter de la valeur de sa filiale suisse, par laquelle sont également comptabilisées les affaires internationales, puisqu'elle a été vendue en interne en février pour pas moins de 1,1 milliard de livres, comme le montre le rapport d'activité du groupe.

Les autres banques qui ont jusqu'à présent publié leur rapport d'activité 2023 sont toutes passées dans les chiffres noirs. C'est la banque en ligne Dukascopy, très volatile depuis des années, qui a enregistré la plus forte baisse de bénéfices (83%). Parmi les banques dont les bénéfices ont baissé, on trouve quelques banques de gestion de fortune de premier plan: Pictet (moins 25%), Lombard Odier (moins 9%), Vontobel (moins 7%) et Mirabaud (moins 2%). Le résultat annuel de la succursale suisse de BNP Paribas n'est pas encore connu.

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