Dans les hôpitaux, les EMS et les cabinets médicaux
Le dépistage obligatoire pour les professionnels de la santé fait débat

Le conseiller fédéral Alain Berset recommande «d'urgence» le dépistage obligatoire pour le personnel de santé. Les cantons responsables s'en défendent. Mais d'autres avis se font entendre.
Publié: 29.07.2021 à 15:57 heures
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Dernière mise à jour: 29.07.2021 à 16:35 heures
Daniel Ballmer, Daniella Gorbunova (adaptation)

En France, le président Emmanuel Macron passe aux choses sérieuses. Chez notre voisin, le personnel soignant des hôpitaux et des maisons de retraite devra à l'avenir être vacciné contre le Covid. Le Parlement a approuvé cette mesure lundi soir, en l'atténuant légèrement au final. Ceux qui n'auront pas été vaccinés à la mi-septembre ne pourront pas être renvoyés. Cependant, une menace de suspension de salaire pourra être appliquée.

Personne en Suisse ne veut aller aussi loin. Mais le ministre de la Santé, Alain Berset, désire responsabiliser le personnel de santé. Il recommande «d'urgence» aux cantons de rendre obligatoires les tests Covid réguliers pour le personnel non vacciné et non guéri.

Même Blocher y est favorable

En effet, le personnel des hôpitaux, des maisons de retraite et des établissements de soins est en contact étroit avec des personnes particulièrement exposées. Mais le taux de vaccination n'y est pas plus élevé que dans le reste de la population.

Les cantons préfèrent persuader plutôt qu'obliger.
Photo: AFP

Le doyen de l'UDC, Christoph Blocher, plaide également pour des règles plus strictes. «Dans tous les cas, une protection doit être présente, que ce soit par la vaccination, les tests ou l'immunité», proclame-t-il. «Il est important d'être strict sur ce point. Ce n'est pas différent de la grippe — là aussi, les soignants doivent faire attention à ne pas mettre les personnes âgées en danger.»

La persuasion plutôt que la pression

Cependant, les cantons sont réticents à rendre le dépistage pour le personnel de santé obligatoire. La Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS) est probablement consciente qu'un test obligatoire se heurterait à la résistance de nombreux employés. Par conséquent, ils préfèrent utiliser la persuasion plutôt que la pression.

«L'objectif est incontestable: la protection contre les infections doit être optimale dans le secteur de la santé», affirme le président de la CDS, Lukas Engelberger, à Blick. Les vaccins sont évidemment le meilleur moyen d'assurer cette protection. Des tests sont également possibles. «Nous sommes déjà relativement avancés au sein du système de santé», déclare le directeur de la santé bâlois. Dans cette frange de la population, le taux de vaccination contre le Covid est par exemple beaucoup plus élevé que celui contre la grippe.

Les employeurs sont-ils responsables?

Mais le taux de vaccination devrait être encore plus élevé. Les cantons, cependant, ne veulent pas faire pression sur ce point. Ils veulent plutôt convaincre les travailleurs de la santé des avantages de la vaccination, «en soulignant que l'analyse des risques et des avantages est clairement en faveur de la vaccination», martèle Lukas Engelberger.

Il souhaite également que les employés non vaccinés et non immunisés soient régulièrement testés afin de minimiser le risque d'infection. Pour cela, le personnel doit avoir accès à des tests de routine, également et surtout dans les maisons de retraite, où l'on s'occupe de personnes âgées et donc particulièrement vulnérables.

C'est là que le président de la CDS voit un levier sur lequel tirer: «Nous voyons une obligation pour l'employeur de proposer des tests réguliers.»

Le Jura met ouvertement la pression sur le personnel

Des méthodes plus drastiques sont également appliquées dans nos contrées. Dans le canton du Jura, par exemple, des pressions sont exercées sur le personnel hospitalier. Les personnes non vaccinées, qui doivent être mises en quarantaine après avoir été en contact avec des patients atteints du Covid, ne recevront que 80% de leur salaire pendant cette période à partir de septembre. La direction de l'hôpital souhaite ainsi augmenter encore le taux de vaccination, qui est actuellement de 50%, rapporte la RTS.

L'Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) n'est pas du tout d'accord avec cette «pression contre-productive». «Nous sommes fortement en faveur de la vaccination. En revanche, nous insistons toujours sur l'aspect volontaire», commente Pierre-André Wagner, responsable des services juridiques de l'ASI.

L'association des hôpitaux ouverte aux tests obligatoires

L'association hospitalière H+ adopte une autre position: elle ne s'opposera pas aux tests obligatoires. Toutefois, cela impliquerait des coûts plus élevés, qui ne seraient pas couverts par les tarifs actuels, souligne-t-il.

Le financement de ces «tâches supplémentaires» doit donc être clarifié au préalable. Cela vaut également pour le cas où les visiteurs des hôpitaux et des cliniques devraient à l'avenir faire contrôler leur certificat Covid ou effectuer des tests antigènes.

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