Coup de gueule de Sergei Aschwanden
«Avec les taxes de séjour, Comparis compare des pommes et des poires!»

Les taxes de séjour en Suisse continuent d'augmenter de manière chaotique, selon un rapport annuel publié par Comparis. Vraiment? Sergei Aschwanden, directeur de la destination touristique vaudoise Bex-Villars-Gryon-Les Diablerets, remet l'église au milieu du village.
Publié: 28.07.2022 à 16:02 heures
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Dernière mise à jour: 28.07.2022 à 19:26 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Au bout du fil ce jeudi, Sergei Aschwanden veut mettre les points sur les i. Ce qui taraude le directeur de la destination touristique Bex-Villars-Gryon-Les Diablerets? Un rapport annuel de Comparis, dont nous nous sommes fait l'écho il y a quelques jours.

Voici ce que le document révélait: il n’y a pas que les nuitées à l’hôtel et les repas au restaurant qui rendent les vacances dans notre pays onéreuses. Dans certaines parties de la Suisse, ce sont les communes elles-mêmes qui alourdissent la facture avec des taxes touristiques parfois exorbitantes.

Et il y a de grandes disparités selon le lieu choisi par les visiteuses et visiteurs pour passer la nuit, démontre Comparis qui prend en compte les 80 communes comptabilisant le plus grand nombre de nuitées. Un échantillon qui correspond à environ 85% du marché total suisse.

Sergei Aschwanden, directeur de la destination touristique Bex-Villars-Gryon-Les Diablerets, n'a pas vraiment apprécié le rapport de Comparis sur les taxes de séjour en Suisse.
Photo: Keystone

Des différences énormes en Suisse

Faisons un grand écart. À Montreux (VD) et Saas-Fee (VS), la taxe de séjour est de 7 francs. Huit fois plus qu’à Zoug, qui facture 90 centimes. Chez l’ancienne gloire du judo, elle est de 3,30 francs pour un adulte en hiver et de 5,80 francs en été.

«Je veux bien être comparé à Zoug, mais cela n’a pas d’intérêt, recadre Sergei Aschwanden. Si on voulait présenter une image qui a du sens, il faudrait distinguer le tourisme de plaine et de montagne, les saisons et prendre en compte les différences d’imposition et d’offres sur les sites. En l’état, Comparis compare des pommes et des poires.»

Toujours d’après celui qui est aussi député libéral-radical au Grand Conseil vaudois, la comparaison «un peu légère» de Comparis pourrait même nuire aux communes touristiques. «On reproche déjà à la Suisse sa cherté, amorce-t-il. En donnant le sentiment erroné aux visiteuses et visiteurs que certaines collectivités manquent de transparence et agissent avec malhonnêteté, on risque le malentendu.»

Les taxes de séjour, un modèle dépassé?

Car Leo Hug, expert en taxes chez Comparis, pointait du doigt une pratique bien particulière: le fait qu’une carte d’hôte obligatoire est souvent intégrée dans la taxe de séjour. Sur le papier, les clientes et clients bénéficient ainsi d’un accès à prix réduit aux remontées mécaniques ou aux musées. Mais il y a un hic: «Avec l’obligation de payer la taxe de séjour avec la carte d’hôte, les personnes qui ne font par exemple que transiter paient pour des offres dont elles ne peuvent pas profiter», regrettait l’expert.

«Il faut bien proposer des offres attractives aux hôtes, voire gratuites, tout en trouvant un moyen de payer les prestataires, rétorque Sergei Aschwanden. C’est important, notamment dans l’objectif de développer le tourisme quatre-saisons. Il faut un panel d’activités conséquent pour que les gens restent sur place et profitent. Sinon, ils dorment et repartent dans la foulée.»

Reste que ce système de taxes de séjour est sur le déclin, assure Comparis. À l’heure d’Airbnb, notamment, n’est-il pas carrément anachronique? «Est-ce le meilleur des systèmes? C’est en tout cas le plus approprié, argumente le directeur de Bex-Villars-Gryon-Les Diablerets. Il existe depuis longtemps, mais il s’adapte. Nous restons attentifs à l’évolution du marché et nous nous posons les bonnes questions.»

Par exemple? «Ce système évoluera encore, bien sûr. On pourrait imaginer une taxe minimale dont le coût augmenterait en fonction des activités faites par les hôtes. À un moment, on devra y travailler. C’est certain.»

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