Consommatrices inquiètes
Pénurie de serviettes hygiéniques à la Migros?

Les 5 et 7 janvier, Blick a constaté que les rayons «protections menstruelles» de deux magasins Migros lausannois étaient quasi vides. Va-t-on au devant d'une pénurie? Non, rassure le grand distributeur, qui invoque notamment des retards momentanés dans les livraisons.
Publié: 09.01.2023 à 17:30 heures
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Dernière mise à jour: 09.01.2023 à 17:50 heures
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Amit JuillardJournaliste Blick

Atmosphère désolée au rayon «serviettes hygiéniques» de la Migros de Métropole Centre, au cœur de Lausanne. Ce 5 janvier, les étagères sont bien dégarnies. De petites étiquettes orange répètent que cette protection périodique est «momentanément indisponible», que celle-ci aussi, comme celle-là. D'autres sont bien en vente, mais des consommatrices s’inquiètent.

Plusieurs marques sont touchées, dont Molfina (produit Migros), Always (Procter & Gamble) et M-Budget. Même constat aux Bergières, non loin du Palais de Beaulieu. Pire, d’autres sections y sont tristement vides… Les sérums physiologiques de Nivea (du groupe allemand Beiersdorf) et de Milette (marque Migros) — liquide notamment utilisé pour désinfecter les yeux, le nez et les oreilles des bébés — ont aussi disparu «momentanément». Idem pour les lingettes nettoyantes de Pampers (Procter & Gamble) et de Milette.

Assiste-t-on à une pénurie de ces biens de première nécessité? Non, rassure d’emblée Tristan Cerf, porte-parole du grand distributeur.

Migros a interdit à Blick de publier des photos de ses étalages dégarnis (ici, une image d'illustration datant de 2018).
Photo: KEYSTONE/Melanie Duchene

Alors, que se passe-t-il? «Des retards momentanés dans l’approvisionnement des marchandises ont malheureusement entraîné des restrictions temporaires dans la disponibilité des produits durant la période des fêtes, explique-t-il dans son courrier électronique. En raison de la forte demande d’articles d’hygiène féminine, les rayons ont pu malheureusement se vider plus rapidement, ne permettant pas aux commandes de suivre la cadence. Nous avons travaillé d’arrache-pied à une solution et l’approvisionnement s’est entre-temps normalisé.» Une amélioration est prévue «dans un avenir proche».

«Forte demande de la période des fêtes»

La situation n’est donc pas aussi dramatique qu’elle aurait pu paraître. «L’indisponibilité en magasin ne signifie, Dieu merci, pas encore de pénurie au niveau des matières premières et de l’article en question.» Quid des sérums physiologiques et des lingettes nettoyantes? De ce côté-là, «aucun problème de livraison n’est à signaler, souligne Tristan Cerf. Il doit s’agir ici d’un effet de rayon vide passager dû à la forte demande de la période des fêtes et à la difficulté du ou des magasins concernés de remplir les rayons à temps, notamment à cause des courtes semaines limitant les possibilités de livraison.»

Il poursuit: «Du côté national, tout est au vert, appuie le communicant. Rien à voir donc avec les exemples américains ou autre que vous mentionnez dans vos questions.» Également contactée, Coop signale que ces différents articles «sont en principe disponibles».

En 2022, les États-Unis ont fait face à un shortage de tampons durant des mois, comme le rapportait notamment l’AFP. En cause: un volume d’achat plus élevé dû à la peur du manque face aux rayons parsemés et des matières premières — comme le coton ou le plastique — très demandées. Sans oublier: des usines à la peine en raison d’une pénurie de personnel, imputable en partie à la crise du Covid.

Coût des règles: 4000 francs

Des photos de ces allées exsangues avaient fait le tour de la planète. Vous ne verrez pas celles prises par Blick dans les succursales visitées. Migros nous interdit formellement de les publier. «Merci pour vos photos, amorce Tristan Cerf. J’imagine que vous nous les envoyez pour information seulement. Vous comprendrez que nous ne pouvons naturellement pas autoriser la publication de photographies effectuées en magasin, en domaine privé, sans autorisation préalable. […] Il est important de ne pas créer d’inutiles craintes de pénuries là où il n’y en a pas et dans ce cas, la photo d’un rayon vide le suggérant constituerait une fausse information.»

Les protections périodiques ont souvent fait la une ces dernières années, en particulier à cause de leur coût. Selon une enquête de la RTS, une personne réglée dépenserait plus de 4000 francs sur toute une vie en utilisant des serviettes hygiéniques. En Suisse romande, plusieurs projets pilotes testent actuellement la mise à disposition gratuite de ces produits, par exemple dans les écoles et les universités. Au niveau fédéral, le Parlement planche sur un abaissement du taux de la TVA de 7,7% à 2,5% pour ces articles. Malgré l’inflation, leurs prix semblent relativement stables ces derniers mois.

La lutte contre la «précarité menstruelle» prend de l’ampleur

Mais la lutte contre la «précarité menstruelle» prend de l’ampleur dans le monde. En Écosse, toutes les femmes menstruées peuvent se procurer des protège-slips sans bourse délier depuis août 2022. Une première. En Nouvelle-Zélande, au Kenya ou en France, une offre similaire est destinée aux étudiantes.

En moyenne, une vingtaine de tampons ou de serviettes hygiéniques est utilisée par cycle. Que faire dans le cas où on ne peut s'en fournir? Le média «aufeminin.com» rappelle qu’il existe plusieurs alternatives, comme la culotte de règles, les serviettes hygiéniques lavables ou la coupe menstruelle. Mais également l’éponge de mer naturelle ou la méthode du flux instinctif libre (FIL), qui consiste à ne pas porter de protection et à se rendre aux toilettes lorsque le besoin se fait sentir.

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