Connaissez-vous l'argot homo?
Ours, twink, loutre: la communauté gay se divise en tribus

Dans la vie quotidienne et dans le porno, la communauté gay se subdivise en différentes catégories, principalement liées à des caractéristiques physiques. Bear ou ours, twink ou minet, otter ou loutre: ces mots ont un sens bien précis dans l'argot homo. Décryptage.
Publié: 25.06.2022 à 11:16 heures
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Dernière mise à jour: 10.06.2023 à 09:55 heures
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Amit JuillardJournaliste Blick

Vous n’avez peut-être jamais téléchargé Grindr, très populaire appli de rencontre pour les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes. Lors de la création d’un profil, il est possible de choisir sa tribe, pour «tribu» en anglais. Êtes-vous plutôt ours, loutre ou minet? Vous n’en savez rien? C’est sans doute que vous ne faites pas partie de la communauté gay, où ces mots sont connus de tous. Et ce n’est pas grave: cet article est là pour ça.

Ces différentes catégories classent les mecs selon leur corpulence et leur âge, surtout, leur façon d’être, parfois. Certaines représentent des sous-communautés importantes, comme celle des bears, ou ours, pour les hommes poilus plutôt en chair. Ils ont même leur propre drapeau, qu’il serait peut-être possible de voir flotter à la Pride romande de Genève ce 10 juin! Les origines de cet argot, très présent dans le porno, sont floues mais sans doute multiples.

Un peu de contexte d’abord. Au fil des décennies, tout un lexique gay s’est développé pour une raison simple, rappelle ce site spécialisé: afin d’éviter les persécutions, les personnes homosexuelles ont dû inventer un nouveau langage, pour dire ce qui ne pouvait pas l’être au grand jour. Il y a donc un aspect culturel: on parle d’ailleurs de sous-culture gay.

Photo: Keystone

«Les hommes efféminés ne sont pas les premiers à être choisis»

Certains sous-groupes, comme celui des ours, se seraient formés — d’abord à San Fransisco dans les années 1970 — parce que beaucoup ne correspondaient pas aux stéréotypes très en vogue de la folle efféminée ou du twink, «minet», en français. Mais pour Alexandre Lanz, rédacteur en chef du magazine queer romand «360», ce sont les premiers sites de dating, au début des années 2000, qui ont servi de catalyseur: «C’était une manière de pouvoir draguer selon ses affinités physiques. Avec le besoin d’anonymat de certains, pas sortis du placard, il fallait offrir des possibilités de se décrire plus ou moins précisément», analyse-t-il pour Blick.

Tout cela cache aussi autre chose, selon lui: «Pour beaucoup et si on simplifie, le fantasme ultime reste celui de l’homme viril, de l’hétéro. On observe une certaine hiérarchisation entre ces catégories, les bears et les hommes musclés qui vont à la gym sont tout en haut de cette pyramide. Généralement, les bears visent leurs semblables, les fitness models aussi. On le voit sur Grindr ou en soirée: les autres ne sont pas les premiers à être choisis. Quand ils le sont, ils décrochent le graal.» Une glorification du corps décriée par certains utilisateurs de la plateforme. Mais puisqu’on y est, commençons donc cette sélection non exhaustive par les plantigrades.

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Le bear ou l’ours

L’ours faire partie du plus ancien sous-groupe, probablement né à San Fransisco dans les années 1970. C’est une communauté en elle-même: elle a ses propres prides, ses festivals ou ses bars. Il est (très) poilu, imposant, avec du ventre, de la barbe et masculin. «Le bear en impose, il a un côté très protecteur, explique Alexandre Lanz. Il a un côté nounours rassurant.» Dans son code vestimentaire, il peut y avoir du cuir. Jeune ou moins en chair, il sera logiquement considéré comme un cub ou un ourson. Le muscle bear existe aussi. Parmi les célébrités, Zach Galifianakis (à gauche sur la photo ci-dessous) correspond à ce stéréotype.

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L’otter ou la loutre

L’otter fait partie de la communauté bear élargie, explique «Paired Life». Des poils recouvrent son torse et son corps est plutôt mince ou de taille moyenne. C’est peut-être un ours en devenir. Il y a sans doute une star du cinéma qui répond à ces critères, mais comment résister à une image de vraies loutres?

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3

Le wolf ou le loup

Le loup est musclé, poilu mais pas trop et véhicule une image agressive hypermasculine, note «The Village Voice». Il est aussi proche de la communauté bear. Pour les plus âgé, on parle de silver wolf. De loup poivre et sel, en gros. Parmi les acteurs célèbres, Hugh Jackman — Wolverine dans la série de films «X-Men» — est un bon exemple.

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Le hunk, le jock, le gym bunny ou le gym rat

Il y a de petites subtilités pour distinguer chacun de ces qualificatifs. Mais, en bref, on parle du mec qui aime sculpter son corps au fitness et qui a les mâchoires carrées. Les ultra-bodybuildés sont plutôt appelés bulls, taureaux. Shemar Moore, de «Ciminal Minds», est un jock, un gym rat ou un hunk (libre à vous de choisir).

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Le twink ou le minet

Le twink est plutôt un jeune adulte ou un boy qui a l’air jeune. Imberbe, parfois flamboyant ou efféminé. Son surnom viendrait du Twinkie, une sorte de petit cake allongé étasunien rempli de crème. Pas la peine de vous faire un dessin. Sa version plus musclée est le twunk, contraction de twink et hunk. Exemple: Justin Bieber.

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Les autres

Beaucoup de catégories ne figurent pas dans cette liste, mais vous avez désormais compris comment ça marche. Et il y a aussi tous les autres hommes homosexuels, qui ne se retrouvent dans aucun de ces sous-groupes et qui refusent d’être catalogués selon leur physique. Tant mieux: dans l’arc-en-ciel, il y a de la couleur pour tout le monde.

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